«La récolte des lavandes et lavandins s'annonce très bonne, au regard des conditions météorologiques qu'il a fait depuis l'hiver dernier », commente Cédric Yvin, conseiller spécialisé en Ppam à la chambre d'agriculture de la Drôme. Si la plupart des champs de lavande situés dans la plaine de Montélimar et de Valence commencent à être récoltés cette semaine, dans le Sud-Drôme la coupe a déjà débuté et « avec quinze jours d'avance ». Les pluies du mois de mai, couplées à la chaleur de ces dernières semaines, ont été une aubaine pour les fleurs de lavande et lavandin. « Malgré tout, certaines parcelles ont souffert de la canicule de l'an dernier, notamment les vieux plants ou les toutes jeunes plantes », poursuit le conseiller de la chambre d'agriculture. « Globalement, les plantations souffrent de l'accumulation de sécheresse depuis trois ans », ajoute Alain Aubanel, président du syndicat des Ppam de France et du Cihef2. En montagne, la récolte n'est pas annoncée pour tout de suite. Dans le Diois par exemple, le gel de printemps a fait défaut. « Ce qui est embêtant, c'est que ce gel a entraîné un décalage sur la floraison. Par ce biais, nous aurons obligatoirement un peu de perte », prévient Alain Aubanel, lui-même producteur à Chamaloc.

Une faible pression de la maladie du dépérissement ?

Quant aux rendements attendus, Alain Aubanel se veut prudent : « Il faut attendre quelques jours avant de se prononcer, d'autant plus que les premières récoltes ne sont pas forcément les meilleures. L'état des plantations nous donne cependant quelques indications, un petit coup de pluie serait le bienvenu ».
Des plantations qui sont toujours soumises à la maladie du dépérissement. « Si le problème des cicadelles reste présent sur des variétés très sensibles comme l'Abrial ou le Super, le dépérissement est moins important depuis cinq ans. Le piégeage des cicadelles débute juste et nous pouvons, pour l'heure, remarquer une faible pression de la maladie », explique Cédric Yvin. La chambre d'agriculture, en partenariat avec l'Iteipmai3 et le Crieppam4, poursuit son suivi d'évolution des populations. Des pièges ont été installés à cet égard sur des lavanderaies à Mévouillon, Crest ou encore Chatuzange-le-Goubet. « La cicadelle devrait commencer à sortir d'un jour à l'autre. Nous verrons la casse au mois de septembre ou d'octobre. En attendant, il faut rester très prudents. Potentiellement, la maladie est toujours là », argumente Alain Aubanel.

Développement massif  en Bulgarie et en Grèce

Quant à la commercialisation à venir, la concurrence fait toujours rage. Et les inquiétudes à ce sujet sont nombreuses : « La Bulgarie et la Grèce ont développé leur production de façon massive et ces deux pays continuent de planter et de créer des distilleries. Depuis un an sortent de terre environ deux distilleries par mois là-bas », note Alain Aubanel. Les différences de prix font aussi parler d'elles : « L'huile essentielle de lavande est vendue 40 € le kg en Bulgarie, contre 100 chez nous », regrette Cédric Yvin.
Mais un souci majeur est apparu au cours de ces dernières années, celui de la concurrence entre les régions de France. « La lavande a fait l'objet de beaucoup de convoitises dans le milieu agricole. Il s'en est planté dans la Beauce, en Occitanie, etc. Les prix ont flambé jusqu'à l'an passé. La baisse est donc inévitable et nous devrions retrouver des prix plus normaux », conclut Cédric Yvin. Le conseiller de la chambre d'agriculture souhaite alors alerter les producteurs sur l'importance de trouver un débouché avant de planter, afin d'être certain de pouvoir commercialiser les productions d'huile essentielle. 
Amandine Priolet
1 Ppam : plantes à parfum, aromatiques et médicinales.
2 Cihef : comité interprofessionnel des huiles essentielles française.
3 Iteipmai : institut technique interprofessionnel des plantes à parfum, médicinales, aromatiques et industrielles.
4 Crieppam : centre régionalisé interprofessionnel d'expérimentation en plantes à parfum, aromatiques et médicinales.