Filière Ppam
Ppam : un plan pour mettre en avant le potentiel drômois

Faire profiter aux agriculteurs de la région du dynamisme et des opportunités de la filière plantes à parfum, aromatiques et médicinales, telle est la vocation d'un nouveau plan régional comprenant des aides à l'investissement matériel et à l'accompagnement technique.
Ppam : un plan pour mettre en avant le potentiel drômois

En plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam), « nous sommes sur un marché porteur, une filière dynamique », explique Laurent Quadrio, responsable d'équipe à la chambre d'agriculture de la Drôme. Cosmétiques, aromathérapie, compléments alimentaires..., les usages des Ppam se multiplient à l'heure où la naturalité a le vent en poupe. « Et c'est une tendance mondiale », ajoute le conseiller. Des PME et des multinationales sont en recherche de matières premières. Il s'agit donc de répondre vite et bien aux demandes d'un marché très concurrentiel. Et la Drôme à des atouts à faire valoir. « A la fin d'un programme Pida1, en 2014-2015, nous nous sommes dits avec des responsables agricoles qu'il fallait élaborer une nouvelle stratégie pour mettre en avant le potentiel drômois en Ppam », explique Laurent Quadrio. Soutenue par la Région, une réflexion est alors engagée avec l'aide d'un bureau d'étude ainsi que des compétences au sein du conseil départemental. Un état des lieux permettra de confirmer la présence d'un « écosystème favorable » en Drôme, avec un savoir-faire technique, des conditions pédoclimatiques propices, un réseau d'instituts techniques et de conseils dense. « L'essentiel était d'aller vers une démarche proactive en faveur des producteurs locaux, ajoute Laurent Quadrio. Pendant quatre ans, nous avons testé notre stratégie en Rhône-Alpes puis en Auvergne. Et nous avons accroché deux entreprises : Herbarom à Aouste-syr-Sye et Pranarom, société belge. Pour la première, cela a permis de générer un développement des surfaces en Ppam de 200 à 300 hectares pour une trentaine de producteurs. Pour la seconde, un partenariat s'est mis en place avec un agriculteur de Chatuzange-le-Goubet, lequel investit dans une distillerie (voir ci-dessous). Pour l'alimenter, nous proposons désormais à des agriculteurs, notamment en grandes cultures, de se diversifier en Ppam. »

Des aides pour investir et être accompagné

En plantes à parfum, aromatiques et médicinales, « nous sommes sur un marché porteur, une filière dynamique », explique Laurent Quadrio, responsable d'équipe à la chambre d'agriculture de la Drôme.
© Journal L'Agriculture Drômoise

Avec pour vocation d'accompagner les opportunités de développement, le tout nouveau « plan filière Ppam » de la Région a pour but de mettre en relation entreprises et producteurs. Doté de 600 000 euros par an pendant trois ans, il comprend deux volets. Le premier est une aide aux investissements en matériels de culture, de 40 à 60 % et sans plafond. Le second est de l'accompagnement technique, sous plusieurs formes. Au champ, les producteurs peuvent bénéficier d'une prise en charge de 50 % sur un contrat d'appui technique. Une aide leur est également proposée pour des projets individuels et collectifs de première transformation (triage, séchage, mondage, micro-distillation...). Peut aussi être accompagnée la mise au point de matériels, notamment pour le désherbage, en lien avec des instituts techniques (comme le Crieppam2) ou l'Atelier paysan. S'ajoute la possibilité de recourir à un observatoire du marché (en lien avec le Cpparm3) afin d'orienter et sécuriser les stratégies de mise en culture. En outre, l'accompagnement comprend un volet de prospection commerciale auprès d'entreprises de transformation ainsi que diverses actions pour lutter contre le dépérissement des plantations de lavandes et lavandins (enherbement, traitement à l'argile, production de plants sains).
« Ce plan de filière Ppam constitue un cadre et des moyens pour aider à mettre en place des stratégies et ainsi permettre à des producteurs de prendre leur part du gâteau dans la croissance actuelle de ce secteur, souligne Laurent Quadrio. Quoi qu'il en soit, je conseille aux agriculteurs de ne pas partir seuls et de se faire accompagner par la chambre d'agriculture*. Car, même si le marché tient, il est primordial avant de se lancer d'avoir un débouché. »

Christophe Ledoux

(1) Pida : programme intégré de développement agricole.
(2) Crieppam : centre régionalisé interprofessionnel d'expérimentation en plantes à parfum aromatiques et médicinales.
(3) Cpparm : comité des plantes à parfum aromatiques et médicinales.

 

* Contacts de conseillers techniques à la chambre d'agriculture : Cédric Yvin (tél : 04 75 04 77 91 - 06 27 61 31 55 ; mail : [email protected]) et Kévin Debregeas (tel : 04 75 82 40 21 - 06 84 27 08 82 ; mail : [email protected]).

 

Diversification / A Chatuzange-le-Goubet, le groupe Jamonet investit dans une unité de distillation capable à terme d'absorber la production de 500 hectares de plantes à parfum, aromatiques et médicinales. Des partenariats avec des agriculteurs sont recherchés.

Des Ppam et une distillerie à Chatuzange-le-Goubet

A Chatuzange-le-Goubet, la Distillerie des Monts du matin, qui entrera en activité début mai, a une capacité vapeur de 6 tonnes par heure et est dotée de deux postes de distillation en caissons de 28 m3. « Nous serons en mesure d'absorber 500 ha de Ppam », indique Vincent Jamonet.
© Journal L'Agriculture Drômoise  A Chatuzange-le-Goubet, la Distillerie des Monts du matin, qui entrera en activité début mai, a une capacité vapeur de 6 tonnes par heure et est dotée de deux postes de distillation en caissons de 28 m3. « Nous serons en mesure d'absorber 500 ha de Ppam », indique Vincent Jamonet.
© Journal L'Agriculture DrômoiseA Chatuzange-le-Goubet, la Distillerie des Monts du matin, qui entrera en activité début mai, a une capacité vapeur de 6 tonnes par heure et est dotée de deux postes de distillation en caissons de 28 m3. « Nous serons en mesure d'absorber 500 ha de Ppam », indique Vincent Jamonet.
© Journal L'Agriculture Drômoise
Tout démarre par une rencontre entre Vincent Jamonet, agriculteur et entrepreneur à Chatuzange-le-Goubet, et un dirigeant de la société belge Pranarom, acteur majeur et mondial du marché de l'aromathérapie. « Cela m'a permis de réfléchir à un projet de diversification avec la mise en culture de plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam) sur notre exploitation, raconte Vincent Jamonet. Nous avons les conditions pédoclimatiques qu'il faut et les secteurs des huiles essentielles et de l'aromathérapie présentent des perspectives porteuses avec, pour les agriculteurs, des revenus par hectare bien plus intéressants que les grandes cultures. »
Dès 2015, il met en terre des lavandes (1,5 ha), du lavandin (4 ha) et du thym (2 ha). D'autres surfaces s'ajouteront en 2016 et 2017 pour arriver à une quarantaine d'ha. « Notre objectif est d'atteindre 100 ha en rotation en 2021 », indique-t-il.
Un outil de distillation sur place
Ses deux premières récoltes sont distillées à Pierrelatte et Montboucher-sur-Jabron. « D'un point de vue technique et logistique, c'est compliqué de distiller à plus de 100 kilomètres de distance, constate Vincent Jamonet. C'est aussi beaucoup de temps passé sur la route... Aussi, pour pérenniser et développer notre activité, a émergé l'idée de créer un outil de distillation sur place. » Une nouvelle voie de diversification pour ce groupe familial qui détient déjà plusieurs sociétés dans divers domaines (agriculture, stockage, transport, compostage, distribution de produits, énergies renouvelables). Ainsi, avec 600 000 euros d'investissements et des aides de la Région, a été créée la SARL Distillerie des Monts du matin. « Les travaux seront achevés le 15 avril. Et la mise en route se fera début mai, annonce Vincent Jamonet. Avec cet outil d'une capacité vapeur de 6 tonnes par heure et doté de deux postes de distillation en caissons de 28 m3 , nous serons en mesure d'absorber 500 ha de Ppam. Aussi, nous souhaitons contractualiser avec des agriculteurs. »
300 hectares en 2021
Un premier objectif consiste à atteindre 300 ha en 2021. D'ores et déjà,une douzaine d'agriculteurs se sont dits intéressés. Ils pourront opter pour une prestation de distillation incluant ou pas le rachat des huiles essentielles. Ces dernières seront vendues à Pranarom mais Vincent Jamonet n'exclue pas d'autres acheteurs. Grâce au plan Ppam de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, les agriculteurs peuvent bénéficier d'aides pour investir et être accompagnés sur les plans techniques et économiques (lire article ci-dessus).
« L'appui technique de la chambre d'agriculture de la Drôme a été essentiel pour la mise en place des cultures et l'approche économique car le coût à l'hectare est relativement élevé en Ppam, souligne Vincent Jamonet. Elle a aussi été un acteur important dans le montage du dossier d'installation classée de la distillerie et dans la gestion des relations avec la Région pour le dossier d'aide. Pour les agriculteurs souhaitant se lancer dans les Ppam, je ne peux que leur recommander de se rapprocher de la chambre d'agriculture. »
Christophe Ledoux

 

Point de vue / L'avis d'Alain Aubanel, élu responsable de la filière Ppam à la chambre d'agriculture de la Drôme, sur le développement de la filière et les rôles de la compagnie consulaire.

« Garder le leadership sur la filière Ppam »

Alain Aubanel, élu responsable de la filière Ppam à la chambre d'agriculture de la Drôme.
© Journal L'Agriculture Drômoise
« Aujourd'hui, les acheteurs de plantes à parfum, aromatiques et médicinales, que ce soient des parfumeurs, des laboratoires pharmaceutiques ou encore des fabricants de compléments alimentaires, achètent la matière première là où elle se trouve. En Drôme, nous sommes capables de la produire et nous souhaitons garder le leadership sur la filière Ppam. Aussi, la stratégie développée à la chambre d'agriculture consiste à faire produire les producteurs en les accompagnant techniquement et économiquement. Et pour assurer des débouchés, notre action consiste aussi à tisser des liens extrêmement poussés avec des acheteurs de plantes fraîches et sèches, d'extraits végétaux, d'huiles essentielles. Ces liens portent sur les termes de la contractualisation, à savoir les volumes et les prix. Et grâce au plan Ppam de la Région, les producteurs bénéficient d'aides pour franchir le cap de la diversification culturale ou de la montée en puissance. »