Investissements
Plan de relance : les mesures pour l’agriculture

Sur les 100 milliards d’euros du plan « France Relance », pour soutenir l’économie après la crise sanitaire, 1,2 milliard est fléché vers l’agriculture, l’alimentation et la forêt. Isabelle Nuti, directrice de la DDT de la Drôme, détaille les mesures qui concernent les agriculteurs.

Plan de relance : les mesures pour l’agriculture
©www.economie.gouv.fr

Dans un communiqué du 22 janvier, la direction départementale des territoires (DDT) rappelle que le volet agricole du plan de relance gouvernemental est doté de 1,2 milliard d’euros sur deux ans. Il s’articule autour de trois grandes priorités : reconquérir la souveraineté alimentaire (axe 1), accélérer et accompagner la transition agroécologique (axe 2), accompagner l’agriculture et la forêt face au changement climatique (axe 3). « Ces trois axes sont dotés respectivement de 350 millions d’euros, 650 millions d’euros et 195 millions d’euros » indique Isabelle Nuti, directrice de la DDT 26.

Vingt-deux mesures composent ce plan, dont treize sont gérées par un dispositif d’appels à projets nationaux via FranceAgriMer. Les autres mesures font l’objet d’enveloppes régionales, avec une gestion régionale ou locale.

Plusieurs dispositifs concernent directement les exploitations agricoles : aides à la conversion des agro-équipements (135 millions d’euros), aides à l’achat d’équipements pour la protection des cultures face aux aléas climatiques (70 millions d’euros), aides aux investissements dans du matériel permettant la culture de protéagineux ou l’amélioration de l’autonomie protéique (plan protéines, 20 millions d’euros). A venir également, des subventions aux éleveurs pour moderniser les bâtiments d’élevage dans une optique d’amélioration du bien-être animal et/ou de la biosécurité, à hauteur de 100 millions d’euros « dont 11 millions en région Aura », précise Isabelle Nuti, qui ajoute : « D’autres dispositifs de subventions directes aux exploitants agricoles existent mais sont moins dotés financièrement : l’aide à la plantation de haies (50 millions d’euros dont 3 millions d’euros en Aura), l’aide à la réalisation du bilan carbone pour les récents installés (10 millions d’euros) ».

Elle souligne que le plan de relance soutient également des projets collectifs, tels la structuration des filières (50 millions d’euros), les plans alimentaires territoriaux (PAT, 80 millions d’euros dont 7 millions en Aura), la modernisation des abattoirs (130 millions d’euros dont 9,6 millions en Aura), le fonds avenir bio, les aides à l’irrigation collective…

« Premier arrivé, premier servi »

« Ce plan de relance est donc doté d’une palette de mesures très diversifiée. Il faut toutefois souligner la nécessité pour les exploitants agricoles de se mobiliser rapidement, en particulier pour les mesures du type “premier arrivé, premier servi “, dont le canal principal est assuré par FranceAgriMer, insiste la directrice départementale. Ce principe a d’ailleurs conduit FranceAgriMer à stopper temporairement certains dispositifs, en raison d’un afflux de demandes ». Elle prend pour exemple la mesure en faveur des protéagineux. « Une réouverture est attendue prochainement si la mesure est de nouveau abondée », annonce la directrice, qui invite « tous les agriculteurs intéressés par ces dispositifs, et ayant des projets d’investissements, à établir très rapidement un dossier de demande d’aide ».

Point de vue : "Saisir les opportunités du plan de relance"
Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d'agriculture de la Drôme.

Point de vue : "Saisir les opportunités du plan de relance"

Deux mesures du plan de relance, la mesure 16, aide aux agro-équipements pour la transition écologique, et la mesure 1, plan protéines végétales, ont connu dès leur lancement un vif succès. A tel point que FranceAgriMer a stoppé durant quelques jours la procédure de dépôt de dossiers sur la mesure 1. « Ce succès montre qu’il y a des besoins. Mais la question aujourd’hui, c’est : est-ce que des enveloppes supplémentaires vont être allouées pour ne pas laisser des agriculteurs sur le bord de la route dans leurs projets d’investissement ? » s’interroge Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture de la Drôme. Il estime que la réactivité dont fait preuve le secteur agricole dans le cadre du plan de relance est « un signal positif ».

« Il peut donner l’espoir que des fonds non consommés par d’autres secteurs économiques soient réorientés vers l’agriculture », analyse-t-il. Autre opportunité à saisir selon lui pour les exploitations drômoises : la mesure 17 “aides aux investissements pour la protection contre les aléas climatiques “. Cette mesure concerne les matériels de protection contre le gel, la grêle, la sécheresse et les vents violents. « Nous avons déjà travaillé en Drôme sur ces sujets, notamment dans le cadre des aides du Feader*. Mais, il reste beaucoup à faire sur les aléas climatiques, notamment sur les questions qui concernent l’eau », poursuit Jean-Pierre Royannez. C’est pourquoi il invite les agriculteurs drômois à consulter cette mesure qui rend éligibles plus d’une soixantaine de matériels de protection contre la sécheresse.« Dans le cadre du plan de relance, le rôle de la chambre d’agriculture sera d’accompagner l’agriculteur pour définir la meilleure stratégie pour son exploitation, choisir les bons équipements et s’orienter vers le dispositif d’aide le plus approprié », affirme son président. Objectif : déposer rapidement sa demande selon la logique du “premier arrivé, premier servi“, mais en s’assurant de choisir le bon matériel et d’avoir la capacité de rembourser le reste à charge de l’investissement.

S.Sabot

* Fonds européen agricole pour le développement rural.

En savoir plus

Il est possible de consulter le  site de la Draaf Auvergne-Rhône-Alpes sur le plan de relance.

La chambre d’agriculture de la Drôme propose également sur son site internet une information complète sur les mesures du plan de relance ouvertes aux agriculteurs avec, pour chacune, un accès aux critères d’éligibilité, au taux d’aide, à la liste des matériels éligibles et aux formulaires de dépôt de demande. A noter : pour obtenir une aide sur les équipements de protection contre la sécheresse dans le cadre de la mesure 17, le demandeur doit remplir une fiche de présentation du projet. Cette fiche vient d’être diffusée par la DDT de la Drôme. Elle est disponible sur le site internet de la chambre d’agriculture.

Succès des aides à la conversation des agroéquipements

Dotée de 215 millions d’euros, la prime à la conversion des agroéquipements de France Relance a rencontré un succès massif et rapide. C'est ce qu'indique un communiqué du ministère de l'Agriculture le 27 janvier. Ce programme permet une substitution ou une réduction importante de l’utilisation d’intrants. Il est désormais clos avec plus de 205 millions d’euros de demandes déposées pour 14 710 dossiers.

"Ce sont autant d’agriculteurs, Cuma et entreprises de travaux agricoles qui vont ainsi pouvoir s’équiper de matériels performants pour remplacer leur ancien matériel et faire évoluer leurs pratiques vers plus d’agroécologie, indique le ministère. Pour Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, « ce succès est la preuve de l’efficacité et de la pertinence du plan France Relance. Nous avons mis en place des dispositifs simples et rapides au bénéfice de la modernisation et de l’accompagnement de notre agriculture. »