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Coopération

La coopérative Lorifruit, 70 ans et en pleine innovation

En présence du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Didier Guillaume, la coopérative Lorifruit, basée à Loriol, a soufflé ses 70 bougies. La présidente, Katia Sabatier-Jeune, a retracé son histoire et l’avenir a été évoqué par des grands témoins.
La coopérative Lorifruit, 70 ans et en pleine innovation

Avec la présence du ministre de l'Agriculture, Lorifruit a dignement fêté, le 20 septembre à Loriol, les 70 ans de sa création et affiché ses ambitions. En deux mots : croissance et diversification. C'est dans la salle de conditionnement où transitent les fruits que la présidente, Katia Sabatier-Jeune, a rappelé l'histoire de la coopérative, ses mutations dans un marché complexe, ses multiples prestations de services (mise en barquettes, station de conditionnement pour rationnaliser les coûts) et ses trois produits phares : l'abricot, la pêche-nectarine et le kiwi.

« Vous avez réussi à innover et à diversifier, à faire de la segmentation des produits, ce qui est essentiel pour une coopérative », a relevé le ministre de l’Agriculture. A ses côtés, Katia Sabatier-Jeune, présidente de Lorifruit.

« Nous nous sommes diversifiés »

« A Lorifruit, il y a toujours eu des projets qui ont fait avancer l'entreprise, a dit sa présidente. 70 % de notre budget est consacré aux actions opérationnelles et à la technique. Sur le plan technique, il y a une meilleure maîtrise dans différents domaines (irrigation, luttes sanitaires, travail du sol...). Sur le plan économique, dans un marché de plus en plus complexe, nous nous sommes diversifiés, a-t-elle ajouté. Nous avons su mettre en avant la sécurité alimentaire, la qualité des produits et le respect de l'environnement à tous les niveaux de l'entreprise. Nous avons pu répondre aux attentes sociétales et innover sans cesse en développant des partenariats, en investissant dans la création variétale. » La station est aujourd'hui certifiée IFS et la traçabilité est à tous les échelons. « Lorifruit est devenue une force motrice du développement local, a poursuivi la présidente. Aujourd'hui, nous nous orientons vers la protection physique des vergers car il vaut mieux concevoir un hectare couvert que deux soumis aux aléas climatiques. »

« Insuffler une dynamique »

Lors d'une table ronde intitulée « les acteurs de l'entreprise d'hier à aujourd'hui », la parole a été donnée à des producteurs, à des acteurs de la coopérative qui se sont investis dans la commercialisation, la formation, l'innovation variétale. Linda Fauriel, arboricultrice, est adhérente et administratrice de Lorifruit depuis cinq ans. Elle a suivi une formation pour s'inscrire dans la démarche d'une coopératrice engagée. L'entreprise familiale cultive 100 ha d'arbres fruitiers (cerises, abricots, pêches sanguines, plates, prunes, mirabelles, pommes, kiwis) dont cinq en bio. « Le bio, c'est notre challenge dans les années à venir, a-t-elle confié. C'est une culture complexe. J'ai intégré la coopérative pour pouvoir apporter de nouveaux projets et insuffler une dynamique. »

De plus en plus de kiwis

Augustin Aguilar, vice-président en charge de la filière kiwi, a insisté sur la recherche de partenariats et d'associations pour progresser dans la filière kiwi. « Nous démarrons la mise en production du kiwi jaune, variété Dori, très demandé par les consommateurs en partenariat avec un diffuseur italien. Nous tablons sur une récolte de 35 à 40 tonnes cette année et, en 2020, de 70 à 80 tonnes, a-t-il expliqué. La totalité de notre verger de kiwi représente 45 ha pour un volume de 800 tonnes environ. Nous étudions le marché du kiwi rouge, une variété sensible aux bactérioses. Notre segmentation pêche de vigne et pêche-nectarine sanguine a connu un franc succès commercial en 2018. »
Lorifruit est entrée dans l'union de coopératives AKF (association des kiwiculteurs de France) en 2013 afin de continuer à évoluer sur le marché distributeur. Elle s'appuie sur ce réseau compte tenu de sa taille et de sa production encore réduite en kiwis.
Jérôme Dorier, vice-président, a rappelé la dynamique de Lorifruit et son sens permanent de l'innovation : « La coopérative s'est toujours investie dans la création variétale. Nous sommes entrés dans le club des sanguines. Nous avons aidé nos producteurs financièrement et techniquement tout au long de leurs parcours ». Il a aussi rappelé les liens avec les industriels drômois de la transformation, grâce à une contractualisation du verger notamment pour les pêches blanches.
« Vous avez réussi à innover et à diversifier, a relevé le ministre de l'Agriculture, à faire de la segmentation des produits, ce qui est essentiel pour une coopérative. » 

Pierre-Louis Berger

 

Lorifruit en chiffres 
Création : 1 949.
Surface totale : 400 ha.
Adhérents : 50.
Collaborateurs : 300.
Volume traité : 8 000 tonnes.
Chiffre d’affaires : 8 millions
d’euros en 2018.
Volume moyen sur trois ans par produit :
- pêches nectarines : 4 500 tonnes ;
- abricots : 2 000 tonnes ;
- kiwis : 800 tonnes ;
- pommes : 700 tonnes ;
- poires : 80 tonnes ;
- cerises : 60 tonnes ;
- prunes : 50 tonnes.
Volet commercial : Fruits Union SAS, bureau de vente au sein de Lorifruit. 

 

Table ronde / Les propos des témoins d’hier

Jean-Marie Fereyre, ancien directeur administratif et financier
« Depuis les années 1990, la coopérative est certifiée. Il y a eu une montée des exigences dans ce domaine avec la certification IFS. La formation est au centre de la dynamique de la coopérative. Lorifruit a toujours surconsommé le budget formation. Certaines années, on multipliait par deux le budget formation. A partir des années 1990, ce fut un changement radical de stratégie, le commerce a piloté la station. Pour répondre aux exigences de la grande distribution, nous sommes passés en travail par équipes six jours sur sept. Les salariés de l’entreprise et les saisonniers ont tous répondu positivement à ces changements. Je me souviens d’une année où l’on a réalisé 550 feuilles de paye. C’était le maximum. Cela avait un impact social et économique sur la région. Actuellement, Lorifruit accueille les moins de 18 ans pour les travaux saisonniers. »
Pierre Sabatier, ancien vice-président
« Au début, dans les années 1960, mon exploitation était tournée vers la culture de la poire. Nous avons développé la pomme et la poire a disparu. Puis, est venue le kiwi dans la région, sous l’impulsion de pionniers comme MM. Ravi et Dupré la Tour. Il y a eu une forte prise de risques à cette époque. Aujourd’hui, je suis trufficulteur. J’ai laissé à Katia mon exploitation de pommes, d’abricots et de kiwis. Je tire un enseignement de cette expérience de vice-président : il faut toujours savoir évoluer, suivre les évolutions technologiques, regarder ce qui se passe ailleurs. A l’époque, nous avions amélioré la station de conditionnement. Nous avions beaucoup investi. Sur le plan commercial, il y a eu la création de Fruits Union et la stratégie d’alliances avec d’autres adhérents qui travaillaient en privé. »