Arboriculture de précision
Le drone au service de l’abricot des Baronnies

L’imagerie agronomique se révèle être un outil précieux en cultures pérennes grâce à l’utilisation récente de drones pour un suivi précis des vergers.

Le drone au service de l’abricot des Baronnies

Mardi 26 juin après-midi, une douzaine d'arboriculteurs a répondu à l'invitation de Benoît Chauvin-Buthaud, conseiller de la chambre d'agriculture. Il animait, ce jour-là chez Patrick Teste à Saint-Sauveur-Gouvernet, une présentation des techniques de l'agriculture de précision dans les vergers d'abricotiers. Cette démarche s'inscrit dans le cadre des des rendez-vous « Innov'Action », proposés régulièrement aux exploitants agricoles pour le partage de pratiques innovantes.

Benoît Chauvin-Buthaud présentant les avantages de l’agriculture de précision.L'imagerie agronomique

Copernicus, le programme européen d'observation de la surface terrestre, soutient la création d'une base de données fiable utilisable pour la gestion de crises à grande échelle (dérèglement climatique, désastres naturels et problèmes liés à la sécurité) mais aussi pour la surveillance des terres en lien avec les problématiques agricoles. Les données obtenues sont accessibles à tous et sont complétées par celles de la mission Sentinel-2., parfaitement adaptées à l'utilisation agronomique. A l'échelle d'un verger, la télédétection permet de déterminer l'état de santé des arbres au travers des canopées. A l'échelle de la feuille, grâce à la réflectance foliaire en fonction de la concentration en chlorophylle et en pigments présents et de la structure cellulaire, peuvent être détectés stress et carences. Des données traitées par des logiciels très pointus basés sur la chromographie et permettant, in fine, de déterminer la zone et la dose de traitement à appliquer en optimisant les quantités. Une imagerie épaulée aujourd'hui par l'utilisation de drones prenant des photos très précises à faible altitude et donnant la possibilité d'inventorier rapidement l'état de santé du végétal et sa surface foliaire exacte.

Entre tradition et modernité

Dans le département, quatre exploitations arboricoles ont bénéficié de l'intervention de drones dans un objectif de réduction de l'IFT (indice de fréquence de traitement). L'usage d'imagerie agronomique a permis le calcul exact de la surface foliaire et, ainsi, d'apporter la juste dose de produits de protection phytosanitaire.
Cette nouvelle approche qui vise à réduire les doses pendant toutes la phase de croissance des plantes en les ajustant à la surface foliaire exacte à traiter offre un potentiel d'économie en produits phytosanitaires de l'ordre de 25 % en moyenne sur la saison. Des résultats qui ne peuvent que satisfaire les producteurs d'abricots des Baronnies dont le syndicat a demandé une reconnaissance en indication géographique protégée (IGP). Un label qui permettra de promouvoir une qualité d'abricots spécifique au territoire des Baronnies avec un cahier des charges privilégiant qualité gustative, nutritionnelle (renforcée en provitamine A et B), visuelle avec une belle coloration rouge du fruit et cultivé avec une approche environementale renforcée.
Ce lien entre signe officiel de qualité et démarche environnementale fait aussi l'objet d'action dans le cadre des AOP huiles et olives de Nyons.

Une dizaine d’arboriculteurs étaient présents à la rencontre Innov’Action de Saint-Sauveur-Gouvernet.Un nouvel outil dans le monde agricole

Comme une radiographie ou un scanner, le drone cartographie les champs avec une précision inédite. Il voit ce que l'œil humain ne peut percevoir et permet le suivi des plantes à des moments-clés de leur développement.
Encore interdite en France, la pulvérisation par drone pourrait servir au traitement des vignes, arbres fruitiers, champs de maïs... Le ciblage des zones à traiter, l'efficacité du pilotage automatique, gérant les passages et la hauteur souhaitée, ainsi que l'optimisation des volumes de produits phytosanitaires utilisés sont ses points forts.
Lors de ce rendez-vous Innov'Action à Saint-Sauveur-Gouvernet, Benoît Chauvin-Buthaud a fait décoller un drone au-dessus des vergers d'abricotiers de Patrick Teste. L'engin s'est élevé à 50 mètres, s'est ensuite rendu aux quatre coins de la zone à survoler, puis a effectué plusieurs passages en prenant toutes les deux secondes des photos avec un taux de recouvrement de 75 %, donnant un document final d'une précision extrême.
Associé à un I-Pad pour la programmation des tâches à effectuer, le drone prend toute sa dimension d'outil innovant. En version agricole, les premiers prix démarrent autour de 1 000 euros. S'ajoute le prix d'une caméra multispectrale, qui varie entre 3 200 et 5 000 euros.
Pour la campagne 2019, la chambre d'agriculture proposera ce nouveau service de pilotage des vergers (fertilisation, irrigation...) aux arboriculteurs avec ces outils-là.
Une utilisation appelée à se développer et qui demandera à l'usager une formation au pilotage et à l'interprétation des données avec une approche agronomique globale indispensable.

J-M. P.