Expérimentation
La biodiversité, un thème fort de la plateforme Tab

Sur la plateforme des techniques alternatives et biologiques, à Etoile-sur-Rhône (Drôme), la biodiversité est traitée de façon transversale et dans un cadre partenarial.

La biodiversité, un thème fort de la plateforme Tab

La plateforme des techniques alternatives et biologiques (Tab), installée à Etoile-sur-Rhône, est dédiée à l'expérimentation. Ce sont 20 hectares de terres, propriété du Département de la Drôme, mis à disposition de la chambre d'agriculture et de partenaires installés sur le site (Sefra, Arvalis-Institut du végétal, Fnams, Anamso, CTIFL) ou non (Inra, Itab, Grab, LPO). Une diversité de partenariats qui fait l'originalité et la force de cet outil porté par la chambre d'agriculture de la Drôme. 98 % de sa surface est en agriculture biologique ou en conversion. Une seule parcelle de pêchers ne l'est pas car incluse dans d'autres dispositifs comparant culture bio, conventionnelle et en faibles intrants.

Des approches systèmes

Florian Boulisset, chef de projet plateforme Tab.Cette plateforme vise à répondre aux attentes et enjeux des filières, développer l'expérimentation sur les techniques alternatives et bio mais aussi à contribuer à la préservation des ressources naturelles : eau, sol, biodiversité. « L'idée est de concilier les différents objectifs, d'expérimenter en gardant en tête la recherche appliquée, explique Florian Boulisset, chef de projet plateforme Tab. Nous travaillons beaucoup sur des approches systèmes, c'est-à-dire en faisant jouer plusieurs paramètres (conception globale du système, rotation, choix variétaux, aménagements agroécologiques). Le but est d'arriver à des systèmes adaptés et dont les enseignements soient transposables chez les agriculteurs. »

Agroforesterie : un système en place et un en projet

Dans cet espace d'expérimentation, un système inspiré de l'agroforesterie est en place depuis 2013, sur trois hectares conduits en agriculture biologique avec des grandes cultures et des pêchers. Ce verger s'inscrit dans le cadre du projet Empusa (successeur de Dephy Expé Vertical), le volet expérimentation du plan Ecophyto, qui vise à réduire d'au moins 50 % l'usage des produits phytosanitaires. Sur ces pêchers, « nous sommes arrivés entre 50 et 57 % selon les années, précise Florian Boulisset. Et les grandes cultures atteignent les objectifs de rendement. Nous avons pu cerner les limites et les points d'améliorations (conduite des cultures, choix des variétés) à prendre en compte dans les futures expérimentations, notamment le prochain système agroforestier. » Ce futur système s'inscrit dans le cadre du projet Arbriss'eau (2018 à 2020), financé par l'Agence de l'eau et porté par la Scop (société coopérative et participative) Agroof, qui est un bureau d'étude spécialisé en agroforesterie.
« Nous avons fait appel à plusieurs partenaires, organisé des ateliers de conception du nouveau système agroforestier de la plateforme Tab, indique Florian Boulisset. Et nous en avons défini les enjeux. Des enjeux climatiques (adaptation), de gestion qualitative et quantitative de l'eau, ainsi que de biodiversité car c'est une thématique forte de la plateforme Tab. »

Des suivis d'espèces, des aménagements

La biodiversité est « un axe de travail transversal » sur la plateforme Tab. Des suivis d'auxiliaires et ravageurs sont réalisés. Côté faune auxiliaire, la LPO fait des suivis sur les oiseaux, insectes, papillons. La chambre d'agriculture en a fait sur les arthropodes du sol, vers de terre et pollinisateurs sauvages, la Sefra sur les araignées de la frondaison... En outre, des aménagements favorables à la biodiversité ont été mis en place : haies, mare, nichoirs pour plusieurs espèces d'oiseaux (rapaces, mésanges et chauve-souris), bandes enherbées. Outre la plantation de haies, d'autres déjà existantes ont été restaurées et certaines doublées.
La LPO surveille les espèces animales qui fréquentent la mare (creusée en 2015) à l'aide d'appareils photographiques. Elle fait l'inventaire des espèces d'oiseaux entendus sur toute la plateforme Tab et des relevés d'occupation des nichoirs. Elle a pu constater que les chauve-souris ont bien adopté les nichoirs (posés en 2015). Les chiffres en attestent : des indices de présence ont été relevés dans 48 % d'entre eux en 2017 et dans 91 % en 2018.

Des gîtes pour chauve-souris ont été installés sur la plateforme Tab. Nichoir à mésanges. Crédit photo : chambre d'agriculture de la Drôme. Des zones refuges et des règles

La plateforme comporte aussi des zones refuges pour la biodiversité. Des règles d'entretien et d'utilisation du site ont été établies. Par exemple, les véhicules doivent circuler au nord des haies afin de préserver l'espace des zones refuges de la biodiversité au sud. L'entretien des haies est également soumis à des règles en termes de fréquence et de manière d'opérer.
« A l'avenir, nous allons redévelopper des suivis notamment sur les auxiliaires, pollinisateurs, vers de terre, carabes, indique Florian Boulisset, dans le but de mieux cerner les effets de la biodiversité sur les cultures en place et sur les ravageurs. »

Annie Laurie

Sefra : station expérimentale fruits Rhône-Alpes.
Fnams : fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences.
Anamso : association nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences oléagineuses.
CTIFL : centre technique interprofessionnel des fruits et légumes.
Inra : institut national de la recherche agronomique.
Itab : institut technique de l'agriculture biologique.
Grab : groupe de recherche en agriculture biologique.
LPO : Ligue pour la protection des oiseaux.