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Colère agricole

Quelques annonces pour calmer le jeu ?

Le 31 janvier va-t-il marquer un premier tournant dans la crise agricole ? Quelques lignes ont commencé à bouger en France et en Europe pour calmer la colère des agriculteurs. Ces derniers maintiennent la pression. Le mouvement s’étend en Europe.

Quelques annonces pour calmer le jeu ?
Manifestation à Bruxelles (capture écran - ACTUAGRI)

Le Premier ministre, Gabriel Attal, avait annoncé le 30 janvier au cours de son discours de politique générale, le versement du solde des aides PAC avant le 15 mars et celui des aides à l’installation des jeunes agriculteurs « d’ici quelques semaines ». Le lendemain, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a précisé, au micro de Sud Radio, qu’il débloquait une enveloppe de 80 millions d’euros pour les viticulteurs. Cette semaine permettra en particulier de soutenir leur trésorerie, et « de couvrir les aléas qu’ont rencontrés un certain nombre de régions », notamment celles touchées par le mildiou. Une autre enveloppe de 150 M€, destinée à l’arrachage des vignes, pourrait être rendue définitive pour motif de « diversification agricole ». « On prendra en charge les intérêts d’emprunts sur l’année 2024 », a-t-il ajouté. De son côté, la Commission européenne a annoncé, le 31 janvier, avoir transmis aux Etats-membres l’autorisation d’emblaver les 4 % de jachère avec des cultures fixatrices d'azote et de cultures dérobées.

Deux conditions 

En attendant, les agriculteurs ont maintenu la pression sur le terrain. La FNSEA et JA ont rencontré, le 30 janvier pour la cinquième fois depuis le 22 janvier, le Premier ministre, Gabriel Attal et notamment celui de l’Agriculture, Marc Fesneau. Rien n’a filtré de ces rencontres au sommet. Tout juste sait-on que les deux syndicats agricoles ont poussé, une à une leurs 122 propositions pour sortir de la crise. Ce chiffre correspond peu ou prou aux principaux points de blocage sur les grands axes routiers en province et aux abords de Paris. Auditionné par les sénateurs le 31 janvier, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a réaffirmé sa volonté que ces manifestations se déroulent « dans le calme et la dignité ». Aucun débordement n’a d’ailleurs été signalé à l’encontre des syndicats majoritaires. Arnaud Rousseau a rappelé que la question du prix était « centrale ». C’est pourquoi, il a demandé l’interdiction, pour les industriels, de négocier avec les distributeurs avant d’avoir négocié avec les producteurs et sur celle de négocier la matière première agricole française au plan européen. C’est à ces deux conditions que le coût de production agricole sera préservé.

« Au cul des vaches » 

Exhortant les politiques à la simplification, il a regretté que ces derniers « travaillent au kilo. La qualité passe aussi par la modération », a-t-il lâché, évoquant une simplification qui doit être traduite « dans les cours de ferme (…) Ca ne peut pas être juste des mots ». Le président de la FNSEA a aussi précisé que contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas 80 % des aides qui vont en France à 20 % des agriculteurs. « 80 % des aides vont à 47 % des agriculteurs », a-t-il affirmé, précisant que sur les quelque 400 000 exploitations, environ 100 000 d’entre elles ne cumulaient que 25 000 euros ou moins de production brute standard annuelle, ce qui les excluaient des aides.

En conclusion de son intervention, il a insisté sur le fait qu’on ne peut pas jouer avec ce mouvement. Certes des mesures d’urgence, d’ordre conjoncturelles, seront apportés mais il s’est déclaré conscient que d’autres prendront plus de temps parce qu’elles sont structurelles « Mais que chacun porte bien ses responsabilités », a-t-il prévenu, en fixant une échéance : le Salon de l’Agriculture. Si rien de concret n’est sorti avant cette date, les politiques déambulant dans les allées devront s’attendre à un accueil assez grinçant. « Ce ne sera pas la visite de santé où on vient faire la photo au cul des vaches », a-t-il prévenu. La détermination de la FNSEA et JA est totale. 

Christophe Soulard 

Bruxelles en ligne de mire

À l’issue d’une journée marathon à Bruxelles où il a notamment rencontré deux commissaires européens, Thierry Breton (marché intérieur) et Jonasz Wojciechowski, et le vice-Premier ministre de Belgique David Clarinval, Marc Fesneau a appelé « à simplifier » rapidement les procédures de la PAC. « On ne peut avoir une PAC qui soit à ce point complexe et incompréhensible, parfois tant pour nos administrations que nos agriculteurs. On a besoin de s’engager résolument dans la voie de la simplification », a-t-il indiqué. Pour lui, si le chantier de la simplification doit être mené à Paris, il doit aussi être conduit « au niveau européen ».

Alors que le président Emmanuel Macron s’est entretenu le 1er février avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen sur les sujets agricoles, des centaines de tracteurs venus de France et de Belgique ont convergé vers Bruxelles, notamment aux abords du Parlement européen.