FÊTE DE LA TRANSHUMANCE AU PAYS DE LA CLAIRETTE
« Nous voulons montrer la réalité de notre métier d’éleveur »

Pierre-Henri Maillefaud est éleveur ovin et viticulteur à Menglon. Le 10 juin, son troupeau et celui de Jean-Claude Chabal de Laval-d’Aix créeront l’évènement à Châtillon-en-Diois. 

« Nous voulons montrer la réalité de notre métier d’éleveur »
Le 10 juin, Pierre-Henri Maillefaud conduira son troupeau dans les rues de Châtillon-en-Diois pour la transhumance annuelle vers l’alpage de Beaupuy. ©AD26-S.S.

Fêter la transhumance début juin à Châtillon-en-Diois n’a rien d’une reconstitution folklorique. C’est la vraie vie locale qui sera mise à l’honneur ce jour-là. Celle d’un village pastoral, devenu depuis sa fusion avec Treschenu-Creyers en 2019, plus grande commune de la Drôme en superficie (110 km²) et qui compte de nombreux alpages sur son territoire. Celle aussi des éleveurs locaux qui, chaque année, empruntent les rues de Châtillon pour conduire leurs bêtes vers les alpages du Haut-Diois : montagne de Jocou, du Glandasse, col de Grimone, de Menée, vallon de Combeau… 

Pierre-Henri Maillefaud fait partie de ceux-là. Toujours à la même date, le 10 juin, il transhume son troupeau depuis Menglon jusqu’à l’alpage de Beaupuy, à l’ouest du col de Menée. C’est donc « tout naturellement » qu’il s’est retrouvé associé à la Fête de la transhumance. 

Groupement pastoral de Beaupuy

Pierre-Henri Maillefaud a repris l’exploitation familiale en 2007. En 2015, il a converti l’ensemble de ses productions en agriculture biologique. Il est aujourd’hui à la tête d’un troupeau de 300 brebis mérinos et exploite 180 ha dont 7 ha de vignes, 5 de noyers, 40 de terres labourables, le reste en parcours, bois et landes. Les agneaux et noix sont vendus à des négociants, le raisin à la cave Jaillance. Il lui aura fallu attendre une dizaine d’années après son installation avant de pouvoir transhumer son troupeau. « Les places sont chères en alpage. On m’avait proposé des surfaces en Isère mais je ne voulais pas transporter mes bêtes en camion », souligne-t-il. Jusqu’au jour où une opportunité se présente au sein du groupement pastoral (GP) de Jabouit, qu’il rejoint en 2017. Jusqu’à l’année dernière ce GP comptait huit éleveurs pour 2 500 brebis. « Nous avons pris la décision de nous scinder en deux groupements, annonce Pierre-Henri Maillefaud, et de créer le groupement pastoral de Beaupuy [dont l’éleveur est président, ndlr] qui réunit quatre éleveurs et 1 000 brebis. » Celles-ci transhumeront sur 420 ha de l’association foncière pastorale (AFP) de Beaupuits-la-Fayolle*, qui réunit plusieurs propriétaires dont la commune de Châtillon-en-Diois.

C’est là-bas que, le 11 juin, se poursuivra la fête pour accueillir les 600 bêtes réunies des troupeaux de Pierre-Henri Maillefaud et Jean-Claude Chabal, profiter d’un pique-nique paysan, déguster la Clairette de Die et échanger avec les acteurs du territoire. 

Vitrine de l’élevage, de la viticulture et des produits locaux

« Ces deux journées seront pour nous une vraie occasion de communiquer sur la réalité de notre métier. Sur notre mode d’élevage extensif, particulièrement respectueux de notre environnement. Sur la prédation également, qui prend aux éleveurs une énergie monstrueuse, et sur la nécessaire cohabitation avec les chiens de protection des troupeaux. Sans oublier les enjeux liés au réchauffement climatique, à la sécheresse, au manque d’herbe, d’eau… », liste l’éleveur. Ou comment, dans un esprit festif, faire passer les messages essentiels pour une prise de conscience par le grand public des réalités du monde de l’élevage. Mais pas que… Viticulteur et nuciculteur également, Pierre-Henri Maillefaud insiste sur la place que tiendront les autres produits du territoire lors de la fête. Les vins bien sûr, l’évènement étant porté par l’association départementale d’économie montagnarde (Adem 26) et le Syndicat de la Clairette de Die et des vins du Diois, la noix et tous les autres produits. « Dans toutes les filières, nous vivons des temps difficiles, nous devons travailler ensemble », insiste Pierre-Henri Maillefaud. 

Avec les organisateurs, il espère que l’évènement attirera un large public, touristes mais aussi habitants du territoire, au premier rang desquels les agriculteurs drômois. 

Sophie Sabot

* L’AFP autorisée de Beaupuits-la-Fayolle a initialement été créée sur un alpage de l’ancienne commune de Treschenu-Creyers. Elle a ensuite fait le choix d’étendre son périmètre pour permettre une installation agricole et a désormais deux locataires : le GP de Beaupuy sur 420 ha et des chevriers sur 50 ha aux Nonnières.