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Semences

Les semenciers ont résisté à la crise

Dans le secteur des semences, ce sont les producteurs de gazon, de semences potagères et de plants qui ont le plus souffert de la crise du coronavirus. La profession, malgré des difficultés de logistique, a pu approvisionner sans trop d’encombre les clients agriculteurs et étrangers.

Les semenciers  ont résisté à la crise

Ça a été compliqué, les entreprises se sont organisées mais nous avons surmonté les difficultés », a déclaré Claude Tabel, le président de l'Union française des semenciers (UFS), lors d'une conférence de presse en visioconférence, le 8 juillet à Paris. Le confinement est intervenu le 17 mars, au moment où les agriculteurs mettent en place les cultures de printemps et où les semences doivent être disponibles sur l'exploitation. Si les entreprises sont parvenues à approvisionner les agriculteurs, malgré les difficultés de transport, le challenge a été plus difficile à relever pour la livraison des semences à l'export, notamment vers les pays de l'Est européen. La France est en effet le premier producteur européen de semences et de plants et le premier exportateur mondial. Selon une enquête réalisée par l'UFS, en mai, le secteur qui a réellement souffert du confinement est celui du gazon, des semences et plants potagers, en raison de la fermeture des jardineries au début de la crise sanitaire. Même si le gouvernement a fini par consentir à leur ouverture, trois semaines plus tard, les entreprises concernées estiment à 9 millions d'euros, la perte de chiffre d'affaires, soit un repli de 8 % par rapport aux objectifs affichés.

Coûts supplémentaires

Ces entreprises ont été également pénalisées par l'incertitude liée aux élections municipales : quand le maire n'a pas été élu au premier tour (ce qui est le cas de nombreuses grandes villes), les marchés publics ont été provisoirement suspendus. Autre secteur également frappé, celui des producteurs de semences d'oléagineux (tournesol et colza), qui a rencontré des difficultés pour ses exportations à destination de la Russie. Aux obstacles administratifs habituellement rencontrés avec les autorités russes qui freinent les importations de semences, se sont ajoutées les incertitudes liées aux transports sur longue distance. Bref quelles que soient les entreprises, elles ont dû faire face à un renchérissement de leurs coûts de production, ceux générés par la protection sanitaire (gel hydroalcoolique, masques, mesures de distanciation sociale...), ceux liés à la gestion du personnel (arrêts de travail, recours à de la main-d'œuvre exceptionnelle), et ceux engendrés par la logistique et le transport pour approvisionner les clients en semences. L'UFS évoque également le report d'essais qui n'ont pu être mis en place et qui ralentissent la sélection variétale.

Stratégies européennes

L'amélioration variétale reste au cœur des préoccupations de la profession. C'est pourquoi elle a accueilli avec intérêt la communication de la Commission européenne sur la Ferme à la table et sur sa stratégie Biodiversité 2030 sur ce thème. « On se félicite que ces sujets soient sur la table », s'est félicité Claude Tabel. « L'ouverture de la Ferme à la table sur l'innovation et les nouvelles technologies qui permettront d'inventer le système agricole de demain est fondamentale. L'innovation est indispensable pour diminuer le recours aux intrants et aux produits phytosanitaires. La Commission affiche des ambitions dans lesquelles on peut s'inscrire », a-t-il précisé. Ainsi l'UFS va présenter des propositions dans ce cadre. La première porte sur le soutien à l'innovation variétale par la création d'un crédit d'impôt recherche, à l'image de celui qui existe en France. La deuxième vise à améliorer la réglementation actuelle sur les biotechnologies qui date de 2001 et qui est devenue obsolète. « Nous avons besoin de normes claires, simples et mesurables », a plaidé le président. Quant à la biodiversité, l'UFS souhaite que la biodiversité cultivée soit également à l'ordre du jour, et non pas seulement la biodiversité naturelle, habituellement évoquée. Autant de sujets qui seront au cœur de la prochaine assemblée générale des semenciers début novembre.