Irrigation des céréales : les conseils de saison
Les stades des céréales sont maintenant bien avancés. Le stade épi 1 cm est atteint ou dépassé pour l’ensemble de la sole, les semis de début octobre ont même atteint le stade 1-2 nœuds. La montaison est donc enclenchée, il faut se tenir prêt pour éventuellement démarrer l’irrigation qui va participer directement à sécuriser le rendement, mais aussi à valoriser les autres intrants, azote et protection de la culture.

Sur les deux sites irrigables d’Arvalis-institut du végétal de Lyon Saint-Exupéry (69) et Etoile-sur-Rhône (26), la pratique de l’irrigation amène régulièrement des quintaux supplémentaires en fonction de la pluviométrie printanière. Il est constaté que le rendement diminue mécaniquement de 1 % quand la satisfaction des besoins en eau de la culture baisse de 1 %, en relatif à une culture bien alimentée.
Cette valeur n’est pas fondamentalement différente de celle du maïs, seule la période différente et des ETP plus faibles mènent à une moindre valorisation de l’eau. Au final, les gains de rendements liés à l’irrigation vont de 0 à 25 quintaux pour les limons profonds d’Etoile-sur-Rhône, et de 5 à 30 quintaux pour les sols de graviers. En règle générale, on peut compter de 6 à 9 q/ha de gain pour 30 mm d’irrigation.
Premier rôle de l’irrigation : valoriser l’azote
On sait qu’il faut environ 15 mm dans les 15 jours suivant un apport d’engrais azoté pour le mettre en solution et permettre son absorption par la plante.
À de nombreuses reprises ces dernières années, une irrigation précoce, indépendamment du bilan hydrique, a permis une bonne valorisation du deuxième apport d’azote fin mars début avril, y compris en agriculture biologique avec des fientes ou de la farine de plume. Elle peut pallier l’absence d’une pluie escomptée après apport et qui n’est pas venue. Déclencher alors l’irrigation au plus tard 10 jours après l’épandage. Cette logique peut aussi s’appliquer au troisième apport.
Les besoins en eau du blé augmentent rapidement du début montaison à la sortie de la dernière feuille et diminuent progressivement à partir du stade pâteux. © Arvalis
Sécurisation du rendement face au déficit hydrique
Les besoins en eau du blé augmentent rapidement du début montaison à la sortie de la dernière feuille et diminuent progressivement à partir du stade pâteux. En fonction du climat et de la réserve utile du sol, pluie et irrigation devront couvrir, 8 années sur 10, de 1,5 à 2 mm par jour pour la plaine du Forez ou les graviers profonds de Bièvre et de la plaine de Lyon, et de 2 à 3 mm par jour pour les situations de la Drôme et les graviers de la plaine de l’Ain. Ces valeurs permettent, à l’avance, de caler un tour d’eau et une fréquence de retour. Le blé peut valoriser de 1 à 2,5 irrigations, en moyenne.
Pour réussir son irrigation
• Il faut décider dès le semis les parcelles qui seront arrosées pour adapter le choix variétal (éviter les variétés sensibles à la moucheture ou à la verse par exemple) ;
• l’irrigation débute à partir de 2 nœuds pour le blé tendre, et à 1-2 nœuds pour le blé dur sauf si les apports d’azote n’ont pas été valorisés courant mars, auquel cas il faut une irrigation pour mettre l’engrais à disposition des cultures ;
• le blé est une culture qui s’implante tôt avec un enracinement profond, on peut apporter de 25 à 50 mm en une irrigation, en fonction de la nature du sol ;
• l’irrigation peut sécuriser les rendements à un niveau élevé, en tenir compte pour ajuster la dose totale d’azote et la dose au dernier apport (dilution possible qui peut faire baisser le taux de protéine) ;
• en cas de conflit d’usage, donner la priorité au blé dur sur le blé tendre ;
• disposer d’un outil de pilotage (sondes tensiomètriques, bilan hydrique…) pour déclencher au bon moment ;
• soigner sur les dernières irrigations le réglage du matériel pour éviter la verse (pression correcte au canon, changement de buse), attention au vent ;
• ne pas hésiter à différer légèrement le début de l’irrigation du maïs pour finir l’irrigation du blé les années difficiles ;
• cas particulier des blés durs : attention à ne pas arroser sur la fleur, ne reprendre l’irrigation que si déficit avéré (pilotage obligatoire) et temps sec, sinon augmentation du risque fusariose et surtout moucheture.
Arvalis - Institut du végétal