FERTILISATION
Couverture du sol en interculture  et fournitures azotées

Dans le contexte économique actuel qui induit une augmentation du prix de l’azote, est-ce que les fournitures azotées des couverts peuvent permettre de moduler les apports d’engrais minéraux sur les cultures de printemps ? La réponse d’Arvalis-Institut du végétal. 

Couverture du sol en interculture  et fournitures azotées
Pour une légumineuse, plus la date de destruction est tardive, plus le taux d’azote minéralisé est élevé et pourra être rapidement disponible pour la culture suivante. ©Arvalis

La fourniture d’azote par les couverts à la culture suivante résulte à la fois de la quantité d’azote contenue dans leurs résidus et de la proportion de cet azote disponible lors de leur minéralisation après destruction. Les légumineuses ont une teneur en azote généralement plus élevée que celle d’autres espèces. Elles peuvent emmagasiner dans leur partie aérienne des quantités importantes d’azote malgré une biomasse souvent plus limitée que les couverts associant plusieurs espèces. Le graphique 1, résultant des essais réalisés par Arvalis à Pusignan (Rhône) de 2009 à 2012, illustre les quantités d’azote (kg/ha) contenues dans les parties aériennes des couverts en fonction de la matière sèche produite (t/ha). La richesse en azote des résidus favorise leur minéralisation ce qui assure une libération rapide d’une part importante de l’azote qu’ils contiennent. L’effet fertilisant des couverts végétaux correspond au supplément d’azote absorbé par la culture implantée après un couvert par rapport à un sol nu. Plus que les espèces ou les familles qui composent un couvert, c’est la quantité d’azote de leurs résidus et leur rapport C/N (teneur en carbone/teneur en azote) qui détermine leur effet fertilisant et donc la fourniture en azote à la culture suivante. Les légumineuses ont un rapport C/N plus faible (12 à 14) que les autres familles (15 à 30). La valeur du rapport C/N dépend de la durée de la croissance des espèces et de leur niveau de lignification. Un couvert avec un rapport C/N faible aura une cinétique de minéralisation plus rapide qu’un couvert avec un C/N élevé. L’azote sera donc plus rapidement disponible pour la culture qui suit.

Date de destruction du couvert et minéralisation

Le graphique 2 obtenu avec le modèle CNH développé par Arvalis permet de mettre en évidence le cumul de minéralisation de l’azote des couverts en fonction de leur date de destruction pour des sols de graviers en plaine de Lyon. Pour une légumineuse, plus la date de destruction est tardive, plus le taux d’azote minéralisé est élevé et pourra être rapidement disponible pour la culture suivante. Une légumineuse pure détruite tardivement (trèfle, destruction au 10 avril) et ayant produit une biomasse d’environ 5 t de matière sèche / ha (MS/ha)
est capable de fournir environ 130 kg N/ha. En revanche, pour une graminée détruite tardivement et ayant produit une biomasse de 5 t de MS/ha (seigle, destruction au 10 avril), le cumul de minéralisation peut être négatif car la décomposition des parties ligneuses du couvert déclenchera un phénomène d’organisation microbienne dans le sol qui sera consommateur d’azote et pourra créer une « faim d’azote » pour la culture suivante. Dans les zones ou l’implantation de légumineuses en pure est interdite, les mélanges sont une alternative intéressante. Dans les essais Arvalis conduits à Pusignan, les mélanges graminées et légumineuses ayant une biomasse moyenne de 2,5 t de MS/ha permettaient de fournir en moyenne 44 kg N/ha. Au vu du contexte climatique actuel, et notamment vis-à-vis du déficit hydrique que l’on rencontre depuis ce début d’année, la question de la consommation de la réserve facilement utilisable (RFU) par des couverts détruits tardivement et ayant produit une forte biomasse se pose. Pour des couverts à base de légumineuses, il est bien d’avoir une date de destruction tardive pour avoir des fournitures d’azote intéressantes pour la culture suivante. Le tableau  obtenu avec le modèle CHN permet d’évaluer la consommation de la RFU pour deux types de couverts à différentes dates de destruction. Sans surprise, plus le couvert est détruit tardivement, plus la consommation de la RFU à destruction est importante. Il y a tout de même une différence entre les légumineuses et les graminées. Un seigle à 5 t de matière sèche détruit juste avant le semis de la culture suivante aura consommé 55 % de la RFU une année moyenne alors qu’un trèfle avec la même biomasse en aura consommé 39 %. Dans les deux cas, les semis de la culture suivante seront mis en difficulté. Il est donc important de trouver un compromis entre la date de destruction tardive ou précoce pour fournir de l’azote à la culture suivante sans épuiser la RFU. 
Audrey Tabone

Choisir ses couverts

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