Stockage CO2
Rémunération carbone :  un objectif à 1 000 agriculteurs

Soil capital, entreprise belge de conseil agronomique, a annoncé, le 16 septembre dans une conférence de presse, son ambition d’accueillir 1 000 agriculteurs en 2022. La captation carbone pourrait devenir un complément de revenu intéressant pour les exploitants agricoles.

Rémunération carbone :  un objectif à 1 000 agriculteurs
© Amazone

1 000 agriculteurs. Tel est l’objectif que Soil capital s’est fixé pour l’année 2022. L’entreprise belge fondée en 2013 envisage de convaincre 1 000 agriculteurs d’entrer dans une démarche de certification carbone. Il y a un tout juste un an, ses dirigeants avaient tablé sur un objectif de 150 agriculteurs. Le pari semble être gagné, puisque Soil Capital « a permis de rémunérer 150 agriculteurs (en conventionnel ou en bio) sur 35 000 ha, stockant 15 000 tonnes de CO2 soit l’équivalent des émissions d’environ 1 350 Français », a annoncé Chuck de Liedekerke, co-fondateur et directeur général de l’entreprise. Les agriculteurs stockeurs sont rémunérés par rapport à une moyenne de référence régionale « qui est d’environ 250 kg équivalent CO2 par ha », a-t-il précisé. 
La tonne de CO2 captée est rémunérée à 27,50 €. Parmi ces 150 agriculteurs, un tiers d’entre eux étaient déjà des stockeurs nets de carbone dès leur bilan de référence.

Profil de champions

« Grâce à des changements de pratique simples, les agriculteurs qui sont émetteurs aujourd’hui vont pouvoir être rémunérés demain », a expliqué Nicolas Verschuere, co-fondateur et directeur agronomique de Soil Capital. Cinq pratiques culturales ont été identifiées : le remplacement de la fertilisation minérale par des intrants organiques ; la couverture des sols ; la diversification de la rotation ; l’agroforesterie et enfin limiter la perturbation des sols (semis direct, travail cultural simplifié – TCS). Les agriculteurs peuvent espérer des gains allant, selon les simulations, de 2 600 à 4 600 euros par an. Certains des agriculteurs engagés dans la démarche sont parvenus à stocker près de 9 tonnes de carbone par hectare et par an. 
« Le profil de ces “champions” ? Ce sont plutôt des céréaliers qui optimisent leurs intrants et qui sont aussi économiquement performants. Ils ont aussi des cultures diversifiées et compensent le travail du sol par une meilleure fertilisation organique », ont précisé les deux dirigeants de Soil Capital.

« Simone »

Il faut cependant souligner que les stockeurs de carbone sont en très grande majorité les agriculteurs biologiques (85 %) et ceux qui utilisent le semis direct (77 %). En effet, selon les relevés de l’entreprise belge, un agriculteur conventionnel a une empreinte carbone moyenne de 0,12 tonne équivalent CO2 (TCO2e)/ha, tandis que celle d’un exploitant en bio est de - 1,08 TCO2e/ha. Par ailleurs, seules les grandes cultures sont aujourd’hui concernées par ce programme. Les dirigeants de Soil capital réfléchissent à l’ouvrir à l’élevage. Mais toute la difficulté réside dans le calcul des émissions de gaz à effet de serre, a indiqué Chuck de Liedekerke. Un simulateur gratuit d’empreinte carbone baptisé « Simone » est néanmoins disponible sur le site de Soil Capital. Les inscriptions au programme sont ouvertes jusqu’en février 2022. Il est possible de s’inscrire sur le lien suivant : https://soilcapital.com/fr/verifier-mon-eligibilite/ 

Christophe Soulard