Accès au contenu
CAPRINS

Un bâtiment bien pensé pour améliorer  le bien-être des chèvres

Le bâtiment d’élevage abritant chèvres, chevrettes et boucs constitue un élément central pour garantir bien-être et productivité. L’Institut de l’élevage vient de dévoiler un guide pratique pour aider les éleveurs à mieux penser leur bâtiment.

Un bâtiment bien pensé pour améliorer  le bien-être des chèvres
Pour le bien-être des animaux, tout commence dès la conception de la chèvrerie.

Dans le cadre du Sommet de l’élevage à Cournon-d’Auvergne (5 au 8 octobre), de nombreuses conférences étaient organisées par l’Institut de l’élevage (Idele) pour apporter des conseils pratiques aux éleveurs. Le mercredi 6 octobre, Jean-Luc Blanchin de l’Idele a animé un temps de partage de connaissances autour du sujet « Concevoir et utiliser des bâtiments d’élevage pour des chèvres et des chevrettes en bonne santé ». L’occasion pour lui de présenter le guide de l’Idele rassemblant des connaissances sur les interactions entre la santé des chèvres, des chevrettes, des boucs et leur environnement. Ce document apporte aux éleveurs et à leurs conseillers des ressources pour concevoir et utiliser des bâtiments permettant d’élever des animaux en bonne santé. Si la conception de la chèvrerie occupe le cœur de ce recueil, on y retrouve aussi des points techniques essentiels à la prévention et la gestion des risques pour la santé, les mesures de prévention pour préserver l’équilibre sanitaire du troupeau ou encore la conduite de la reproduction en chèvrerie. Ce document a été réalisé dans le cadre du plan EcoAntibio piloté par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Il a été rédigé par un groupe de travail animé par l’Institut de l’élevage, rassemblant des conseillers bâtiment et des spécialistes de la santé animale.

Travailler en amont la conception et l’utilisation du bâtiment

Lors de sa présentation du guide pratique, Jean-Luc Blanchin a d’abord insisté sur un point essentiel : tout commence dès la conception de la chèvrerie. « Il s’agit de s’interroger sur le nombre de chèvres prévu, le type de salle de traite, les modalités de gestion de la reproduction et le système d’alimentation. De cinquante à cent chèvres, avoir un bâtiment spécifique n’est pas indispensable. De deux cents à quatre cents chèvres, cela devient nécessaire et on considère même que pour un troupeau de quatre cents chèvres ou plus, il faut prévoir deux bâtiments : une nurserie et un bâtiment post-sevrage », a-t-il expliqué devant un auditoire largement garni d’étudiants de l’enseignement agricole. Une fois le bâtiment construit en fonction des besoins, il s’agit de sécuriser les accès et la circulation à l’intérieur en prévoyant des zones de vie adaptées à chaque catégorie d’animaux, des zones de travail et de stockage identifiées, une organisation du travail distinguant les différents circuits et un contact sécurisé avec l’extérieur. Des conseils qui participent d’une démarche globale de biosécurité en élevage qui doit être mise en place par l’éleveur pour préserver la santé de son troupeau, la santé publique et l’environnement. Pour y veiller, Jean-Luc Blanchin a préconisé un examen à la fois à distance et de manière individualisée du comportement des animaux pour s’assurer de leur bien-être dans leur environnement.

Maîtriser la ventilation du bâtiment

Jean-Luc Blanchin a par ailleurs insisté sur la nécessité de maîtriser l’ambiance globale du bâtiment d’élevage. À cet effet, plusieurs leviers d’action peuvent être mobilisés pour réduire les pathologies respiratoires : contrôler l’humidité (attention à la condensation), la température (entre 2 et 15 °C pour des chèvres adultes), la densité (1,5 à 2 m2 en moyenne par animal) mais aussi la ventilation. Il s’est longuement attardé sur ce dernier point, rappelant la nécessité de parvenir à « avoir de l’air sans courant d’air ». Traduire : préserver les animaux de l’effet cheminée, un réchauffement de l’air et son ascension dans le bâtiment, et de l’effet vent, un mouvement horizontal de l’air à l’intérieur. Là aussi, tout commence dès la conception du bâtiment. « Bien orienter le bâtiment permet de profiter de la ventilation naturelle. Attention à l’impact d’un obstacle proche du bâtiment : un talus à moins de 15 m de la chèvrerie peut favoriser l’effet couloir », a insisté Jean-Luc Blanchin. Orientation par rapport aux vents donc, mais aussi vitesse de l’air à faire varier suivant la saison. Pour bien ventiler, trois conseils sont donnés aux éleveurs : ne pas construire le bloc traite en appentis car cela oblige à remonter la hauteur du bâtiment, opter dans le cas de grands troupeaux pour un tapis d’alimentation plutôt que de larges couloirs laissant passer le tracteur, et limiter la hauteur des façades à 3 ou 4 m maximum. « Le vent est le meilleur allié de la ventilation naturelle. Celle-ci est conditionnée par le choix du site d’implantation du bâtiment en lien avec deux éléments clés : l’ensoleillement et les vents », a conclu Jean-Luc Blanchin.

Pierre Garcia

Le guide est consultable en cliquant ici