Les Etats-Unis annoncent de nouvelles taxes sur les vins et cognacs
Dans le cadre du contentieux Boeing/Airbus, les États-Unis ont annoncé que de nouveaux vins non pétillants, eaux de vie à base de raisin et cognacs, français et allemands, seront ajoutés à compter du 12 janvier 2021 à la liste des produits soumis à des droits de douanes supplémentaires.

Dans le cadre du contentieux Boeing/Airbus, les États-Unis annoncent, le 30 décembre, que de nouveaux vins non pétillants, eaux de vie à base de raisin et cognacs, français et allemands seront ajoutés, à compter du 12 janvier 2021, à la liste des produits soumis à des droits de douanes supplémentaires. Ils subiront une taxe supplémentaire de 25% ad valorem, indique la notice explicative du représentant américain au commerce.
Selon Washington, il s'agit d'une mesure d'ajustement au mode de calcul publié mi-novembre par l'Union européenne pour calibrer ses récentes mesures de rétorsions. En incluant la période d'épidémie de Covid-19 et en excluant le Royaume-Uni du calcul, l’Europe «a imposé des droits de douane sur beaucoup plus de produits que ce qui aurait été couvert si elle avait utilisé une période normale», selon l'Administration Trump.
En utilisant la même période de référence que l’UE, à savoir d’août 2019 à juillet 2020, les États-Unis estiment que les sanctions visant les produits européens mises en place jusque-là sont «bien inférieures aux 7,5 Mrd€ autorisés par l’organe de règlement des différends» de l’OMC. Les nouveaux ajouts ont pour objectif d’atteindre ce montant. Cette analyse est contesté par Paris (voir ci-dessous).
Le gouvernement français «accompagnera les filières touchées»
Dans un communiqué paru le 31 décembre, les ministère de l'Economie, de l'Agriculture, des Transports et du Commerce extérieur, «condamnent» la décision des Etats-Unis d'étendre le nombre de produits européens, notamment français et allemands concernés par les sanctions douanières dans le cadre du contentieux Airbus/Boeing. Contestant la version de Washington (voir ci-dessus), le gouvernement estime que ces nouvelles sanctions conduiront les Etats-Unis «à dépasser le montant qui leur a été autorisé par la décision de l’OMC».
Les ministères évoquent une décision américaine «inamicale» et «illégitime», qui vient rompre «de manière unilatérale les discussions en cours entre l'Union européenne et les Etats-Unis pour aboutir à une solution amiable à ce contentieux vieux de 15 ans». Ils promettent d'une part «d'accompagner les filières touchées par ces sanctions supplémentaires». D'autre part, le gouvernement va déterminer «en contact étroit avec la Commission européenne et tous nos partenaires» la réponse à apporter. Il note que la décision américaine intervient «à un moment où nos économies respectives sont déjà lourdement pénalisées par la crise».
« Consternation » des exportateurs français de vins et spiritueux
La filière française des vins et spiritueux est «sacrifiée pour un différend sur l'aéronautique», a dénoncé, le 31 décembre, sa Fédération d'exportateurs FEVS, après l'annonce de droits de douane supplémentaires par Washington dans le cadre d'un vieux litige entre Boeing et Airbus. «On redoutait l'escalade du conflit, on y est, et ça va durer», a déploré auprès de l'AFP le président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux français, César Giron, estimant que le manque à gagner pourrait dépasser le milliard d'euros pour la filière viticole. «De nouvelles catégories (de produits) sont inclues, il n'y a plus d'échappatoire, c'est toute la filière issue des vignobles qui est impactée», a regretté César Giron, exprimant sa «colère» et sa «consternation».
Le manque à gagner de la filière française était jusque-là estimé à 600 millions d'euros. «La 2e vague (de taxes) est encore plus puissante que la première», a relevé le président de la Fédération, rappelant que les Etats-Unis était «le marché le plus important au monde pour les vins et spiritueux». La FEVS appelle l'UE à «mettre un coup de collier pour résoudre enfin ce conflit entre Airbus et Boeing» et à «compenser les entreprises françaises et européennes qui sont les dommages collatéraux de ce conflit interminable».