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Europe

Protéines végétales : France et Autriche sur la même ligne

A la mi-décembre, les ministres de l’Agriculture français (Julien Denormandie) et autrichien (Élisabeth Köstinger) ont signé une déclaration commune appelant la Commission à élaborer une stratégie européenne sur les protéines végétales.

Protéines végétales : France et Autriche sur la même ligne
Par l’intermédiaire de leurs ministres, Français et Autrichiens demandent à la Commission européenne d’assurer la résilience du Vieux continent en matière de protéines végétales. ©Actuagri

Green Deal, Farm to Fork, Biodiversité 2030, Fit fo 55, nouvelle PAC 2023-2027, changement climatique… Les défis sont aussi nombreux qu’importants pour les agriculteurs européens, en particulier français et autrichiens qui ont décidé d’unir leurs efforts (lire encadré). Par l’intermédiaire de leurs ministres, ils demandent à la Commission européenne d’assurer la résilience du Vieux continent en matière de protéines végétales.

« Le temps est venu de produire plus de protéines végétales en Europe. C’est une question de souveraineté », a affirmé Johann Birschitzky, directeur de Saatzucht Donau, le leader autrichien. Ne serait-ce que pour deux raisons : tout d’abord, l’Europe est déficitaire en protéines végétales (entre 20 et 25 millions de tonnes par an) et ensuite parce que le marché mondial de l’alimentation végétale à destination humaine devrait être multiplié par cinq d’ici 2030. « Il passera de 30 milliards d’euros (Md€) à 162 Md€ et ces protéines se positionneront en alternative aux protéines carnées », a précisé Christophe Rupp-Dahlem, directeur des Affaires publiques de Roquette et président de Protéines France. La demande alimentaire mondiale va augmenter, sous la pression démographique, « de +71 % d’ici 2050 », a renchéri Marc Anton, directeur de recherche à l’Inrae. « La demande en protéines animales devrait grimper de +33 % et celle en protéines végétales de +43 % d’ici 2030 », a-t-il précisé.

Moins dépendre des États-Unis

Parallèlement, les observateurs prévoient une diminution de la consommation de viande animale d’environ 0,8 % à 1 % par an. Rien qu’en France, la demande de protéines végétales devrait augmenter de 49 % en vingt ans (2010-2030) contre 15 % en Europe dans le même laps de temps. A contrario la demande en protéines animales devrait chuter de 24 % dans l’Hexagone sur la période 2010-2030.  Les intervenants ont plaidé pour que la recherche et le développement, en particulier les NBT favorisant les variétés résistantes au stress hydrique, aux maladies, aux agresseurs (etc.) « permettent aux agriculteurs de conserver leurs moyens de production ».

Pour Arnaud Rousseau, président de la FOP (oléoprotéagineux), il est indispensable d’avoir une stratégie à dix ans (lire encadré) ainsi qu’une production d’huile corrélée à la production de coproduits, afin de « moins dépendre des États-Unis qui ont “dealé” leurs exportations après-guerre ». Le ministre de l’Agriculture ne l’a pas démenti, plaidant pour « relocaliser la production des protéines végétales (…) C’est d’une importance capitale, en raison des bénéfices environnementaux de ces cultures, de leur rôle pour la souveraineté alimentaire, et parce qu’il s’agit d’un non-sens de se reposer sur l’importation de produits responsables de déforestation. », a-t-il mentionné.

Une stratégie à dix ans 

-    Répondre aux attentes des consommateurs et de la société.

-    Améliorer de 10 % l'autonomie en protéines végétales pour l'alimentation animale en France (matières premières riches en protéines).

-    Produire 100% de nos besoins nationaux en protéines végétales pour l'alimentation.

-    Sécuriser les revenus des producteurs et des sélectionneurs de protéines végétales.

-    Disposer de chaînes d'approvisionnement à long terme, de la production à la commercialisation, pour la production végétale et animale.

Les engagements franco-autrichiens 

- Renforcer la production domestique de protéines végétales qui répond au haut niveau de normes européennes ;

- Raccourcir les circuits de transport avec des chaînes d’approvisionnement régionales, assurer le développement logistique dans ce secteur et sécuriser une chaîne de valeur fonctionnelle et locale, y compris les industries de transformation pour l’alimentation humaine et animale ;

- Contribuer à rendre les protéines végétales parées pour l’avenir par une sélection végétale efficace adaptée aux besoins de tous les acteurs, de l’agriculteur au consommateur via le transformateur ;

- Assurer les apports de protéines pour l’élevage et pour la consommation humaine par la production et la transformation locales de protéines ;

- Porter conjointement ce sujet devant le Comité permanent de la recherche agricole (SCAR) et promouvoir la recherche et l’innovation, en particulier par des programmes de recherche trans-nationaux collaboratifs sur les protéines végétales et le cycle de l’azote, dans le programme Horizon Europe.