« S’installer dans le cadre d’une AFP est une chance »
Clara Gasser et Sylvain Roumeau viennent d’installer leur troupeau de 60 chèvres et 15 brebis laitières sur les 78 ha de l’espace naturel sensible des Perdigons sur la commune de Châteauneuf-de-Bordette.

Gaec des Perdigons, c’est ainsi que Clara Gasser, 33 ans, et Sylvain Roumeau, 38 ans, ont baptisé la société qu’ils viennent de créer à Châteauneuf-de-Bordette. Elle agronome, lui géographe, ils ont fait leurs armes professionnelles au sein de la fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab). Jusqu’au jour où ils ont souhaité endosser l’habit d’éleveurs. En 2017, ils ont rejoint le Diois où Sylvain a obtenu son BPREA* au CFPPA de Die. Dans la foulée de la formation, le couple s’est mis en quête de foncier. « Hors cadre familial, c’est le parcours du combattant, souligne Sylvain Roumeau. Nous sommes sur un territoire où la démographie agricole est en chute libre et pourtant il n’y a pas d’offre de foncier. »
En 2019, un premier contact est pris avec l’AFP de Châteauneuf-de-Bordette mais les terrains disponibles, à l’est de la commune, sont trop secs pour accueillir un troupeau laitier. En 2021, Philippe Cahn annonce au couple que les 78 ha de l’ENS des Perdigons vont se libérer. Il leur propose une convention de pâturage pour neuf ans. Clara et Sylvain saisissent l’opportunité malgré un obstacle de taille : l’absence de bâtiment pour le troupeau et la fromagerie.
60 chèvres et 15 brebis laitières
« Nous avions deux solutions pour démarrer : acheter des chevrettes et agnelles et les élever ou racheter un troupeau et produire dès cette année, résume le jeune installé. Nous avons choisi la seconde option. Une éleveuse de notre réseau Fnab, installée sur une ferme communale des quartiers nord de Marseille, arrêtait son activité. Nous avons repris son troupeau de 60 chèvres alpines et anglo-nubiennes, 15 brebis sardes, les reproducteurs, ainsi qu’un patou. » Les animaux sont arrivés en janvier, la traite a débuté fin février et les premiers fromages sont attendus début mars.
En l’absence de bâtiment, cette première saison va se dérouler avec les moyens du bord. Les deux tunnels laissés par les précédents éleveurs herbassiers ont été rafistolés. Le couple a acheté un chariot de traite et installé une fromagerie provisoire à 4 kilomètres du troupeau, dans une cuisine communale louée temporairement. L’objectif est de construire d’ici fin 2022 un bâtiment en bois de 500 m², semi-ouvert sur aire paillée, abritant également la salle de traite, la fromagerie et le stockage du foin (acheté à l’extérieur) et des aliments. L’ensemble du matériel de l’ancienne éleveuse a été repris. Soit un investissement total (bâtiment + matériel) qui devrait se situer entre 300 et 400 000 euros.
Clara et Sylvain projettent de fabriquer des fromages lactiques, des tomes et des yaourts. Côté commercialisation, ils livreront le réseau de magasins spécialisés en vallée du Rhône approvisionné par la précédente propriétaire du troupeau, tout en développant leurs propres réseaux.
« C’est une chance de pouvoir s’installer dans le cadre d’une association foncière pastorale. Nous n’avons pas eu à courir après 50 propriétaires pour obtenir un bail rural ou un commodat », conclut Sylvain Roumeau.