Vignes
Tour d’horizons des solutions pour mécaniser les fortes pentes

Avec la tendance générale de substitution des herbicides, les treuils reviennent doucement sur le devant de la scène en France.

Tour d’horizons des solutions pour mécaniser les fortes pentes

L’entreprise ardéchoise Alatache (Tournon-sur-Rhône) est spécialisé en prestation de travail du sol au treuil sur de très fortes pentes. Équipés d’un mototreuil brouette de la marque suisse Plumett, la société démontre qu’il est ainsi possible de passer une petite charrue à griffes dans les endroits inaccessibles aux autres machines. Le prestataire réalise également des décavaillonnages ou des buttages dans les vignes escarpées. Les Établissements Fatton, d’Ampuis dans le Rhône, proposent quant à eux un montage de treuil sur chenillette Camisa ainsi qu’un treuil portatif, équipé de 100 m de câble. « Il y a de plus en plus de demande pour ces outils, remarque le concessionnaire. C’est une solution intéressante quand la mécanisation n’est plus possible. »

Les solutions de pulvérisation

Le concessionnaire RN7 Agri Services d’Érôme propose un pulvérisateur à jet porté à flux tangentiel pour chenillette. Cet atomiseur avec une cuve de 70 litres ne nécessite que 16 ch de puissance. Il est équipé d’un système pour s’adapter au dévers et travailler dans des pentes jusqu’à 50 %. De leur côté, les Établissements Fatton distribuent le pulvérisateur Birchmeier AS 1200, un pulvérisateur à air propulsé, adaptable sur les appareils à dos électriques REB 15 AZ2 et REC 15 ABZ de la marque. La lance comprend une turbine et une buse (trois types possibles), et affiche un poids de 3 kg. Le flux d’air est variable (cinq niveaux) ainsi que la pression, allant jusqu’à 10 bars. Les entreprises Drone Aero et Drone Vision Pro mettent avant les solutions de pulvérisation par drone. Ces solutions, considérées comme les autres épandages aériens, ne sont pas encore autorisées en France, mais sont scrutées de près. Elles permettraient potentiellement de mécaniser la pulvérisation dans les très fortes pentes, avec une moindre pénibilité, plus de sécurité pour l’applicateur et une meilleure rentabilité.

Le travail du sol

De nombreux matériels de travail du sol sont disponibles, dont des outils interceps adaptés aux chenillards. À commencer par ceux du constructeur champenois Perrin et sa solution EasyCep. Un matériel intercep à lame bineuse facile à régler et entretenir, qui ne comprend pas d’hydraulique et qui s’adapte à toutes les machines de type chenillettes et chenillards. L’outil est composé d’un cadre avec un parallélogramme, un palpeur mécanique dont la tension est réglée par un simple ressort, et la hauteur par une roue de jauge. Le tout pour des largeurs de 1 m à 1,30 m. Les établissements Fatton et RN7 Agri Services commercialisent des matériels intercep équipés d’hydraulique mais adaptables sur chenillards : des lames bineuses et décavaillonneuses avec palpeur hydraulique, ainsi que des outils animés comme le Clemens Radius SL Plus équipé avec une herse rotative.

Les robots de pente

Pour veiller à la sécurité de l’opérateur, il est possible d’opter pour des machines télécommandées. La société Payen propose un robot de pente du fabricant anglais Mc Connel, équipé d’un porte-outil. Un autochenille radiocommandé au moteur diesel Hatz 3 cylindres turbo de 56 ch, également disponible en version 40 ou 75 ch. D’une largeur de 1,60 m, l’engin possède un centre de gravité très bas et peut travailler dans des pentes allant jusqu’à 55° (soit 143 %), tout en maintenant l’utilisateur à bonne distance pour éviter les accidents (pilotage possible jusqu’à 150 m). On peut y atteler un broyeur pour les sarments ou un gyrobroyeur pour l’herbe, mais aussi un atomiseur, un rotavator ou encore un godet. L’entreprise allemande Agria propose un gyrobroyeur radiocommandé en version 112 mm de large, qui existe aussi en largeur 70 et 80 mm. Le moteur essence Kawasaki de 16,3 kW de l’engin entraîne une génératrice électrique afin de se passer de système hydraulique, et éviter ainsi tout risque de pollution en cas de fuite. La portée de la commande est de 300 mètres, et le degré de pente acceptable de 55°.

Xavier Delbecque

Phytosanitaires

Vers une nouvelle expérimentation  de l’épandage par drone

À l’occasion de l’examen en séance publique, le 16 mai, de la proposition de loi sur la Compétitivité de la Ferme France, les sénateurs ont adopté, avec l’assentiment du gouvernement, un article permettant de lancer une nouvelle expérimentation de l’épandage de pesticides par drone. Elle serait conduite sur une période maximale de cinq ans sur des surfaces agricoles à forte pente ou en bio sur des surfaces restreintes. La loi Egalim avait instauré une expérimentation similaire de trois ans qui s’est achevée en 2022. « Si l’usage des drones vient servir la cause de la réduction de l’usage et un meilleur dosage des pesticides, ça nous parait aller dans le bon sens », a expliqué le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, se disant favorable à la mesure présentée, conditionnée à un caractère expérimental. L’épandage de pesticides par drone est interdit à l’échelle européenne depuis 2009. En début d’année, une députée de l’Hérault a déposé une proposition de loi pour le ré-autoriser en France sur fortes pentes. Ce retour est notamment demandé par la filière viticole afin d’éviter les accidents liés aux retournements d’engins d’épandage terrestres.