Portrait
Jessy Trémoulière, héroïne du rugby  et agricultrice de cœur

Portrait / À 31 ans, Jessy Trémoulière a déjà derrière elle un palmarès remarquable dans le monde du rugby. Après douze ans passés en équipe de France, le titre de meilleure joueuse du monde de la décennie 2010-2020, elle décide de raccrocher les crampons tricolores pour se consacrer pleinement à sa seconde passion : l’agriculture.

«Lorsque j’ai commencé le rugby à 16 ans, tout s’est enchaîné très vite », explique Jessy Trémoulière. Et en effet, la jeune femme connaît dès ses débuts une ascension fulgurante. Elle grandit sur l’exploitation familiale en Haute-Loire, à Bournoncle-Saint-Pierre, avec son père et son frère. Elle découvre ce qui deviendra son sport fétiche lors d’une initiation au lycée agricole Brioude-Bonnefont. « Je ne connaissais pas grand-chose au rugby. Je ne savais même pas qu’il y avait une équipe de France féminine », explique-t-elle. Et pourtant : Jessy effectue plusieurs stages qui ne tarderont pas à la faire repérer par l’ASM Romagnat, club féminin phare situé dans le Puy-de-Dôme, qu’elle rejoindra à 18 ans. Rapidement, elle est sélectionnée pour intégrer l’équipe de France « moins de 20 ans », et connaîtra sa première sélection à 19 ans pour le XV de France, pour remplacer une joueuse blessée. C’est cette opportunité qui la mettra sur le devant de la scène sportive : elle en devient rapidement un élément indispensable. En 2015, elle signe son premier contrat professionnel avec l’équipe de France à 7, et la vie de la jeune femme commence à changer radicalement. « Les entraînements étaient près de Paris (Marcoussis), et on a commencé à voyager dans le monde entier. Grâce au rugby j’ai pris l’avion, j’ai énormément voyagé, je suis sortie de la ferme ! » s’amuse-t-elle. L’année suivante, elle participe aux Jeux Olympiques de Rio et termine 6e au classement mondial. En 2019, à l’occasion des Tournois des six Nations à 7, les Bleues se hissent jusqu’à la 3e place du classement. « J’ai vécu des moments inoubliables. Grâce à ces voyages, j’ai beaucoup grandi et pris conscience de beaucoup de choses. Lorsqu’on rentre, on voit tout différemment ». Mais si une chose n’a jamais changé chez la sportive de haut niveau, c’est son attachement pour l’exploitation familiale et son amour pour l’agriculture.

« Je n’arrivais pas à trouver mon équilibre, la ferme me manquait »

Le manque ne tarde donc pas à se faire ressentir : « plus les années passaient, plus j’avais du mal à partir à Marcoussis pour les entraînements. J’avais plutôt envie de faire demi-tour et de retourner à la ferme. Je sentais qu’il me manquait quelque chose », se souvient-elle. Jessy met donc un terme à son contrat avec l’équipe de France à 7 en 2019, après quatre ans, pour se concentrer à nouveau à l’exploitation familiale : « les animaux, la nature, la liberté, tout ça me manquait. Ça a été un vrai déclic, j’ai su que je devais y retourner ». Elle continue sa carrière au sein du XV de France, mais trouve enfin du temps pour s’occuper de la ferme. Elle parvient à retrouver un certain équilibre. Depuis ses débuts, elle bénéficie d’un soutien sans failles de son père, qui l’encourage à continuer sa carrière : « Mon père m’a toujours soutenue, il ne voulait pas que je me soucie de la ferme. Quand je partais sur de longues périodes, il me disait toujours que tout allait bien, même si c’était faux ». Mais après douze années de carrière internationale de rugby, un palmarès de 78 sélections, un sacre de meilleure joueuse du monde en 2018 et même de la décennie 2010-2020, c’est à l’occasion du Tournoi des Six Nations en avril dernier que Jessy Trémoulière décide de mettre un terme à sa carrière au XV de France, pour retourner définitivement aux sources. L’exploitation en agriculture biologique est actuellement composée de 200 animaux dont 60 vaches laitières sur 280 ha composés de luzerne et de céréales. Une exploitation importante à gérer, devenue impossible à concilier avec son contrat en équipe de France. « Je ne pouvais pas allier les deux, et je considère avoir fait mon temps au rugby. douze ans, c’est bien », constate-t-elle. Et l’agricultrice est en parfait accord avec cette décision, pour une question d’investissement personnel « lorsque je fais quelque chose, je le fais à 100 %. Je ne peux pas accepter de continuer sans me donner à fond ». Un tempérament de fonceuse et un cœur à la liberté, Jessy Trémoulière a profité de chacun de ses derniers instants dans l’équipe tricolore : « j’ai savouré ce Tournoi des Six Nations plus que jamais. J’avais envie de discuter, d’échanger, de profiter de chaque instant ».
La sportive garde des souvenirs incomparables de cette carrière dans le rugby, qui l’a portée à un niveau inespéré. Même si elle continue d’exercer son sport à l’ASM Romagnat, elle termine sa carrière en beauté, lors du Tournoi des Six Nations, avec une sortie riche en émotions et digne des plus grandes. 

Charlotte Bayon

Coupe du monde rugby

Les dates à retenir au Auvergne-Rhône-Alpes

Côté hommes, cette année, la région Auvergne-Rhône accueillera quatre nations à l’occasion de la coupe du monde de rugby qui se tiendra du 8 septembre au 28 octobre. Les Australiens poseront leurs bagages à Saint-Galmier (Loire) et s’entraîneront à Andrézieux-Bouthéon, tandis que les néo-zélandais seront accueillis à Lyon (Rhône). La Namibie sera quant à elle présente à Aix-les-Bains (Savoie) et l’Italie à Bourgoin-Jallieu (Isère). 
Lyon (OL Stadium)
• Dimanche 24 septembre : Pays de Galle contre Australie,
• Mercredi 27 septembre : Uruguay contre Namibie,
• Vendredi 29 septembre : Nouvelle Zélande contre Italie,
• Jeudi 5 octobre : Nouvelle Zélande contre Uruguay,
• Vendredi 6 octobre : France contre Italie.
Saint-Étienne (Stade Geoffroy-Guichard)
• Samedi 9 septembre : Italie contre Namibie,
• Dimanche 10 septembre : Pays de Galles contre Fidji,
• Dimanche 17 septembre : Australie contre Fidji, 
• Vendredi 22 septembre : Argentine contre Samoa,
• Dimanche 1er octobre : Australie contre Portugal.