Accès au contenu
agriculture de montagne

Julien Denormandie propose un nouveau statut pour les chiens de protection

Lors du congrès de l’association nationale des élus de montagne (Anem) au Grand-Bornand (74) le 21 octobre, le ministre de l’Agriculture a fait des annonces importantes pour l’agriculture et le pastoralisme. 

Julien Denormandie propose un nouveau statut pour les chiens de protection
Le sujet des prédateurs a été abordé à la première table ronde consacrée à l’agriculture et au pastoralisme lors du congrès de l’Anem le 21 octobre au Grand-Bornand.

Les maires des communes françaises de montagne étaient réunis en congrès national les 21 et 22 octobre au Grand-Bornand. Plusieurs thèmes de travail rythmaient ces deux journées, de l’avenir du tourisme, à la couverture en téléphonie mobile, en passant par l’entretien des cours d’eau ou encore le développement des énergies renouvelables. Les sujets agricoles et ruraux ont occupé une place centrale lors du 37e congrès de l’Anem, à la hauteur de leur importance dans l’économie montagnarde.

Le lait de montagne cherche des bras

Le ministre de l’Agriculture avait fait spécialement le déplacement pour intervenir lors de la première table ronde consacrée à l’agriculture, au pastoralisme et à la forêt. À ses côtés, Marie-Louise Donzel, présidente de l’AOP Reblochon et vice-présidente du Département de la Haute-Savoie en charge de l’agriculture, s’est faite le porte-parole de la profession. Après avoir souligné l’importance des financements publics pour moderniser les équipements en alpage, elle l’a interpellé sur plusieurs problématiques qui touchent concrètement le quotidien des producteurs de montagne. « Nous avons un impérieux besoin de main-d’œuvre dans nos filières laitières. Nos agriculteurs sont submergés par le travail. Ils trouvent de moins en moins de temps pour partir en vacances ou s’engager dans la vie associative, au risque de se couper de la société et de mettre en péril des transmissions. Il nous faut des dispositifs spécifiques pour faciliter l’embauche et l’apprentissage ». Le ministre a rappelé toutes les initiatives menées au niveau national pour intéresser les jeunes à s’orienter vers l’agriculture : « Nous essayons tout, jusqu’à parrainer des jeux vidéo, car une partie du public cible se trouve là ».

Les chiens de protection sont « une nécessité imposée »

Autre point chaud évoqué quelques heures auparavant lors d’une rencontre informelle avec les élus et les responsables professionnels, l’aggravation exponentielle des dégâts du loup sur les activités pastorales. « Comprenez qu’un troupeau couru, c’est un troupeau foutu, a expliqué avec émotion Marie-Louise Donzel. Et j’insiste sur le drame humain : des jeunes mamans obligées de passer le permis de chasse pour défendre leur troupeau ; une attaque sur un veau un matin de la semaine dernière à La Clusaz à seulement 20 mètres des restaurants… Il n’y a plus de respect des agriculteurs, des équilibres sont rompus. Nos montagnes sont en deuil, ce n’est plus possible de vivre ça ! ».


Le ministre a publiquement confirmé ses engagements pris suite aux manifestations syndicales du 15 octobre. « Tout en essayant de trouver une forme de cohabitation entre l’élevage et les grands carnivores, je vois le traumatisme que provoque une attaque sur un cheptel, avec souvent l’anéantissement d’années de travail pour l’éleveur ». Pour réduire ces agressions, Julien Denormandie a pris l’initiative de « revoir la méthodologie de comptage des populations afin d’adapter les prélèvements aux réalités vécues sur le terrain ». Et concernant les chiens de protection qui engendrent des problèmes récurrents avec les randonneurs, avec parfois des procédures engagées devant les tribunaux, le ministre veut travailler sur un statut d’animal dont la « nécessité est imposée » pour alléger la charge de responsabilité qui pèse sur l’éleveur-propriétaire et parfois aussi sur le maire de la commune concernée. Une proposition largement applaudie par l’assemblée des élus de l’Anem. 
B. C.

Ôter l’épine  du Nutri-Score

Le Nutri-Score s’est aussi invité dans la discussion : « 95 % des fromages AOP-IGP seront classés en D ou en E, pestait Marie-Louise Donzel. Les consommateurs vont y percevoir une mauvaise composition nutritionnelle. La communication autour des fromages de montagne deviendra impossible et des marchés de restauration collective vont se fermer, fragilisant des filières entières. Nous vous demandons, Monsieur le ministre, d’agir pour exempter les fromages traditionnels de ce projet de Nutri-Score. Enlevez-nous cette épine bien profonde. » Julien Denormandie a entendu les arguments et tranquillisé l’auditoire. « D’abord, le Nutri-Score n’est pas obligatoire et ne le sera pas tant qu’il n’est pas européen. Ensuite, nous allons œuvrer pour revoir la méthode de calcul de cette démarche avant tout portée par la grande distribution. Elle est actuellement fondée sur les quantités et trop défavorable à certaines catégories de produits de notre patrimoine culinaire. Mais je pense que défendre l’exclusion des AOP-IGP n’est pas une solution. D’autres dispositifs ou applications privées arriveront car le consommateur recherche l’information santé. Il faut prendre le problème à la racine. »