Portrait
Délices au miel :  passion  et transmission

Apiculteurs passionnés à Roussas, les membres de la famille Bompard consacrent une part importante de leur quotidien à sensibiliser le grand public sur l’importance des abeilles.

Délices au miel :  passion  et transmission
Florian et Mélanie Bompard, frère et sœur, ont repris la suite de leurs parents, Serge et Nadia. © AP

Une histoire de famille et de transmission. Passionné par les abeilles, Serge Bompard a acquis ses premières ruches en 1973, à l’âge de 14 ans, avec les étrennes données par son grand-père. Un loisir plus qu’un métier pour ce fils d’éleveur de chèvres, qui l’occupera de nombreuses années alors qu’il travaille au sein d’une exploitation arboricole. C’est finalement en 1996 qu’il décide d’en faire son métier, aux côtés de sa femme Nadia, à qui il a transmis le virus du miel. Depuis 1999, ils n’ont cessé de faire augmenter leur cheptel pour atteindre aujourd’hui près de 500 ruches.
Au fil des années, l’exploitation a pris de nouveaux tournants. En 2009 tout d’abord, avec le retour de leur fille sur la ferme familiale. « Je travaillais dans le marketing sur Paris mais Roussas me manquait, déclare Mélanie Bernadet, de son nom d’épouse. On aime notre territoire, notre terroir. Ici, on a la chance de travailler dans la nature », se réjouit-elle. À son retour dans la Drôme, le défi a été de développer l’exploitation pour assurer un nouveau revenu. « Nous avons développé le magasin et nos gammes de produits à base de miel : pains d’épice, confitures, cookies, glaces, nougats, pâtes à tartiner... Ma mère est une cuisinière dans l’âme, elle est à la base de la recherche et développement de l’atelier transformation », ajoute la jeune femme de 39 ans.

Une affaire de famille

Une diversification de produits locaux devenue indispensable pour fidéliser la clientèle et valoriser davantage le miel. Depuis plusieurs années, la miellerie des Délices au miel voit de nombreux produits être labellisés « La Région du Goût », une marque de reconnaissance importante pour la famille. 
En 2019, c’est le fils Florian qui a rejoint l’exploitation, comme un retour aux sources, après un début de carrière dans le monde de la boulangerie et un tour de France avec les Compagnons du Devoir et un tour du monde en tant que formateur en boulangerie. Un retour presque évident au moment du départ à la retraite de son paternel, tant l’amour pour ce terroir et ce métier l’anime. « Finalement, nous n’avons jamais vraiment quitté l’exploitation familiale. Nous avons grandi en même temps », dévoile Florian Bompard, aujourd’hui âgé de 33 ans. « A ce moment-là, explique Mélanie Bernadet, nous avons créé l’EARL Délices au miel en cogérance avec mon frère, puis salarié ma mère, jusqu’alors conjointe collaboratrice, ma tante, et conservé le salarié de mon père, Jérémy. »

Des miels de toutes sortes

Les 500 ruches de l’exploitation transhument dans différentes zones au gré des floraisons : de l’Ain à l’Aude, en passant par l’Ardèche, le Vaucluse et bien entendu la Drôme. « Cela nous permet de diversifier notre production de miels », explique Mélanie Bernadet. Ainsi, la miellerie propose des miels de lavande, de tilleul, de sapin, de châtaignier, de fleurs sauvages, et parfois de thym, de sarrasin, de framboisier, voire même d’oignon. Des miels vendus essentiellement à la boutique à la ferme et en ligne, mais aussi lors de salons, foires ou marchés, dans des épiceries fines, magasins de producteurs, hôtels, restaurants... « Nous privilégions la vente directe et les circuits courts, avec toujours cette volonté de montrer l’attachement à notre terroir », souligne Mélanie Bernardet. À l’avenir, Délices au Miel souhaite agrandir sa gamme de produits locaux, avec notamment une gamme de biscuits salés au miel ainsi qu’une moutarde au miel.

Une nouvelle salle pédagogique

La nouvelle salle pédagogique inaugurée en avril dernier, d’une surface de plus de 100 m², permet d’accueillir le grand public sur la ferme et de leur proposer divers ateliers (pollinisation, métier d’apiculteur, atelier cire, anatomie de l’abeille, etc.) pour les sensibiliser au monde apicole. « Il est primordial pour nous de montrer l’importance des abeilles dans les écosystèmes, pour sensibiliser les gens. Nous avons à cœur de partager, d’expliquer comment nous travaillons, de faire découvrir l’apiculture. C’est un peu notre leitmotiv », indique Mélanie Bernadet. En parallèle, frère et sœur détiennent une quinzaine d’hectares de terres agricoles en conversion bio. « C’est une activité secondaire où nous produisons du lavandin, de la moutarde, des pois chiche, du tournesol, de l’orge et des amandiers sur des petites surfaces », conclut Mélanie Bernadet.

Amandine Priolet

La production de miel française  rebondit en 2022

Après une récolte 2021 catastrophique, la production nationale de miel rebondit en 2022, à 30 572 t (+ 54 % en un an), retrouvant presque son niveau de 2020, indique Interapi (interprofession apicole) dans un communiqué le 26 octobre. « Environ un tiers du miel » est produit en apiculture biologique, apprend-on aussi dans l’enquête menée auprès des apiculteurs français en partenariat avec les ADA (associations de développement apicole) et l’Itsap (institut technique). Dans le détail, « les miellées les plus produites sont celles de printemps, qui a été très favorable à la production » : acacia (4 931 t), colza (3 786 t) et fleurs de printemps (3 783 t). Ce n’est pas le cas pour celles de sapin (485 t) et de tilleul (660 t). L’été, en revanche, a été « très défavorable » pour toute la France en raison de la sécheresse et des canicules. L’estimation d’Interapi est beaucoup plus favorable que celle de l’Unaf, qui table sur une récolte « entre 12 000 et 14 000 t ». Point commun entre les deux prévisions : la « très forte disparité de production entre les régions », selon Interapi. Globalement, le sud de la France (Corse, Paca, Occitanie) a « connu des conditions climatiques défavorables », tandis que la Bourgogne-Franche-Comté, les Hauts-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes ont « enregistré les plus importantes hausses ». 

Des abeilles en souffrance face à la sécheresse
©ArchivesAD

Des abeilles en souffrance face à la sécheresse

« L’apiculture est un métier de plus en plus difficile », juge Mélanie Bernadet. Charges financières toujours plus élevées mais aussi conditions météorologiques qui entraînent des pertes considérables dans les colonies. « Cette année nous avons 500 ruches, pour pallier essentiellement la mortalité et espérer en récupérer 400, explique-t-elle. Il y a trois ans, la sécheresse avait déjà contraint la reine à couper la ponte. Nous avions alors 50 % de perte », ajoute Mélanie Bernadet. Tributaire de la météo, l’année 2022 est également critique. « Nous avons dû changer nos lieux de transhumance, privilégier uniquement les emplacements à l’ombre et proche de points d’eau… Tout se joue désormais à l’automne, avec le retour des pluies. » 
A. P.

La nouvelle salle pédagogique « Happy-Culture » a été inaugurée en avril dernier. ©AP