Maraîchage sol vivant : le sol au cœur du système
Produire des légumes durablement en atteignant l’auto-fertilité des sols, tel est l’objectif de Maraîchage sol vivant, association qui fédère quatre cents maraîchers.

L’idée-clé en maraîchage sol vivant (MSV) est d’atteindre l’auto-fertilité du sol. Le concept se base sur les principes d’une « maison » en bon état (réduction voire suppression du travail du sol), d’« habitants » de la pédofaune bien nourris (recyclage du carbone) et d’une diversité importante (cultures dérobées, couverts végétaux, couverts permanents). Toutefois, les légumes ne restituent que peu de biomasse en fin de culture (1 à 3 tonnes de matière sèche par hectare) alors que les besoins de la pédofaune sont de l’ordre de 20 tonnes. Pour nourrir le sol, les maraîchers MSV utilisent des paillages riches en carbone (paille, foin, broyat, fumier de cheval, feuilles…) mais aussi des couverts végétaux à forte biomasse, des passe-pieds enherbés ou une rotation des légumes sur prairie.
Trois types de couvertures du sol
Selon l’association nationale Maraîchage sol vivant créée en 2012 en Normandie, les maraîchers MSV connaissent moins de problèmes de champignons, virus et autres bioagresseurs. Ils observent une importante vigueur des légumes avec des rendements pouvant atteindre 80 t/ha en oignon, carotte ou courges. Le temps de désherbage est significativement réduit grâce au paillage. Le taux de matière organique est en moyenne de plus de 4 % sur les fermes normandes.
Trois types de couvertures du sol sont utilisées pour trois grands itinéraires différents :
- la bâche (ensilage ou tissée) pour des cultures plantées comme les courges, courgettes, choux… La bâche permet de facilement désherber et gérer l’enherbement, elle permet de nettoyer les planches et d’avoir une culture propre, même en fin de culture ;
- le compost de déchets verts sur 5 cm permet de réaliser les semis directs tout en limitant fortement l’enherbement. Ce type de compost est suffisamment fin pour pouvoir y passer un semoir et, épandu sur 5 cm, il empêche les adventices de lever ;
- enfin, la paille épandue en épaisse couche est utilisée sur les légumes plantés. Elle est privilégiée quand le sol est déjà réchauffé. Contrairement à la bâche, elle nourrit le sol et amène la ration de carbone nécessaire pour maximiser la vie du sol.
Des pratiques à apprivoiser
Ces techniques, couplées à des techniques d’organisation et de maraîchage bio-intensif, donnent de bons résultats. Plusieurs fermes ont obtenu un chiffre d’affaires de 40 000 à 50 000 € par personne sur des surfaces de 0,4 à 1 ha par personne.
Si ces pratiques fonctionnent, elles requièrent toutefois une bonne technicité et quelques pièges sont à éviter. Par exemple, la couverture du sol avec de la paille empêche le réchauffement du sol au printemps, contrairement aux bâches. Les primeurs sont donc souvent réalisés sur bâche. Autre exemple, la paille et le compost sont de très bons outils pour limiter l’enherbement. Cependant, le compost doit être exempt de graines et la paille de qualité pour éviter la repousse de paille. Enfin, le compost permet de réaliser des semis sans travailler le sol au préalable mais c’est un matériel très séchant, aussi une irrigation très régulière (parfois plusieurs fois par jour) est nécessaire lors des semis, jusqu’à ce que les racines atteignent le sol.
Maxime Lienard, animateur Maraîchage Sol Vivant Normandie
Retrouvez toutes les clés pour appliquer les méthodes du MSV dans le « Guide du maraîchage sol vivant », disponible gratuitement dès le 7 novembre sur https://normandie.maraichagesolvivant.fr et dans le « Fascicule technique MSV Drôme-Ardèche » disponible sur le site de l’Association drômoise d’agroforesterie www.adaf26.org.
Dans la Drôme, c’est l’Adaf qui structure le réseau MSV notamment au travers de l’animation d’un GIEE.
Rencontres nationales maraîchage sol vivant : du 7 au 9 novembre
La 8e édition des Rencontres nationales maraîchage sol vivant se déroulera du 7 au 9 novembre dans la Drôme, à Chatuzange-le-Goubet. L’événement est gratuit. Au programme, conférences, ateliers, échanges, visites de fermes.
Infos et inscription sur www.maraichagesolvivant.fr
Repères
Chiffres clés du réseau
l 4 antennes régionales structurées (Normandie, Grand Est, Rhône-Alpes, Drôme).
l 5 GIEE.
l 6 animatrices en région.
l 90 % des futurs maraîchers choisissent de s’installer en MSV dans certaines régions.
l des projets de recherche-développement dans différentes régions.
l 400 maraîchers référencés.
l 30 fermes pilotes en Normandie et 11 dans la Drôme.