Transmission
Transmettre son exploitation : des outils  pour un meilleur accompagnement

Le renouvellement des générations agricoles reste un enjeu majeur. Pour favoriser la transmission des exploitations, la chambre d’agriculture de la Drôme dispose de plusieurs outils à destination des futurs cédants.

Transmettre son exploitation : des outils  pour un meilleur accompagnement

«Dans le département, 37 % des agriculteurs ont plus de 55 ans. Malgré un taux de renouvellement figurant parmi l’un des meilleurs de la région Auvergne-Rhône-Alpes (environ 80 %, ndlr), la Drôme a perdu 300 chefs d’exploitation en cinq ans soit une baisse de 5 % », a expliqué Raphaël Maire, conseiller transmission à la chambre d’agriculture de la Drôme, à l’occasion d’une journée d’information et d’échange, dans le cadre de la Quinzaine de la transmission, organisée le 22 novembre à Montboucher-sur-Jabron. « Le sujet de la transmission des exploitations est un axe de travail prioritaire de la chambre d’agriculture », a-t-il annoncé. Ainsi, Raphaël Maire a présenté aux futurs cédants les différentes étapes à réaliser avant leur départ à la retraite. Un départ qui se prépare dès l’âge de 50 ans, avec l’étude des droits à la retraite auprès de la MSA mais aussi le maintien du potentiel de l’exploitation. Pour se faire accompagner, la chambre d’agriculture propose un service gratuit appelé point d’accueil transmission (PAT).

Se faire orienter vers les bons interlocuteurs

Cet outil permet de bénéficier d’un accueil confidentiel, personnalisé et gratuit en vue de la transmission de son exploitation. « Ce dispositif nous permet d’informer les agriculteurs sur la cessation d’activité, les aides à la transmission et les démarches à faire, mais aussi de les orienter vers les bons interlocuteurs (conseillers, juristes, notaires, etc.) », décrit Raphaël Maire. 
En l’absence d’un repreneur identifié, l’agriculteur cédant peut alors être accompagné par un(e) conseiller(e) transmission de la chambre d’agriculture pour bénéficier de l’outil répertoire départ installation (RDI). « Pour assurer la transmission de leur outil de travail, les agriculteurs peuvent diffuser une annonce sur le site d’envergure nationale https://www.repertoireinstallation.com/. Actuellement figure une vingtaine d’annonces dans la Drôme, sur plus de 
2 000 répertoriées au niveau national », a ajouté Murielle Landrault, en charge du dossier. Cet outil permet de mettre en relation des porteurs de projet et les futurs retraités, en veillant à l’adéquation des projets de chacun.

L’anticipation est de mise 

Pour les cédants (55-62 ans) n’ayant pas de repreneur clairement identifié, un accompagnement « Concrétisation transmission » est financé par la Région Auvergne-Rhône-Alpes sur trois jours (établissement du plan d’action, suivi du plan d’action, préparation des démarches avec le futur repreneur). L’audit de transmission d’entreprise agricole et rurale (dispositif national pris en charge à 80 % par l’état) met en valeur le potentiel économique de l’outil de production. « Une fois le repreneur potentiel identifié, un stage Test installation transmission peut lui être proposé (entre 3 et 12 mois). L’idée est d’avoir une période de transition avant l’engagement définitif qui permet de mieux connaître l’exploitation à reprendre et de bien préparer son projet d’installation », souligne Murielle Landrault. De nombreux outils existent donc pour accompagner au mieux les agriculteurs désireux de passer la main. D’ailleurs, environ 130 exploitants agricoles par an bénéficient d’un soutien dans ce parcours qui peut parfois être long et sinueux, comme le rappelle Raphaël Maire : « L’incontournable facteur de réussite d’une transmission est l’anticipation. Il faut aussi rester motivé et veiller à assurer un maintien du potentiel de l’exploitation jusqu’à la reprise de celle-ci ». 

Amandine Priolet

Témoignages de cédants 

Présents à la journée d’information et d’échange le 22 novembre dernier, Christian Montlahuc et Christophe Luizet voient l’heure de la retraite approcher, non sans quelques inquiétudes.

 

Christian Montlahuc est installé sur 200 hectares à Cornillac et cultive des vergers d’abricotiers et de noyers, mais aussi de la lavande, de l’épeautre et entretient des landes. A l’approche de la soixantaine, il envisage son départ en retraite d’ici cinq ans maximum. Il a déjà identifié des repreneurs : « Ma fille et son compagnon souhaitent prendre la suite, en apportant quelques changements ». Cependant, ils se confrontent à un problème de taille : le logement. « C’est vraiment un frein à l’installation et le principal obstacle à la reprise des exploitations selon moi », note-t-il, alors que la reprise de son exploitation pourrait être mise en péril par cette problématique.

 

 

 

 

Christophe Luizet, agriculteur à La Touche, dispose de 70 hectares (dont une majorité en fermage) en agriculture biologique et est spécialisé en grandes cultures. « D’après la MSA, je devrais en théorie pouvoir prendre ma retraite en janvier 2024, déclare-t-il. Suite à la journée d’information, j’ai compris qu’il était important d’anticiper ». Ces dernières années s’apparentent selon lui à « un parcours du combattant », évoquant l’importance des démarches administratives à réaliser. Dans son cheminement, il a déjà pris contact avec un notaire et la MSA. A deux ans de la retraite, il a identifié ses repreneurs, qui ne sont autres que son fils et sa fille. « Ils souhaitent reprendre à mi-temps, en baissant la superficie de l’exploitation et en conservant une double-activité », annonce Christophe Luizet, qui avoue toutefois se faire du souci pour eux. « J’encourage les jeunes à s’installer mais financièrement, c’est compliqué. Il y a peu d’installations par rapport au nombre de départs à la retraite. Pourtant, nous agriculteurs façonnons le paysage, nourrissons la population. Mais nous n’avons pas l’impression d’être reconnus à notre juste valeur », conclut-il. 

A. P.