Accès au contenu

Une année sans aléas climatiques, sans dégâts de loups, sans hausse des charges, sans difficultés d’approvisionnement, sans problème sanitaire, avec des débouchés fluides et rémunérateurs… Tous les agriculteurs en rêvent après une année 2022 particulièrement éprouvante. Sur le plan économique, chacun pensait à juste titre que la page Covid enfin tournée, tout allait rentrer dans l’ordre. Hélas, l’invasion russe en Ukraine a déclenché un nouveau séisme mondial provoquant inflation, pénuries, crise énergétique. Agriculteurs, coopératives, industries agroalimentaires subissent de plein fouet ces bouleversements.

En Drôme, l’incertitude pèse sur la possibilité d’irriguer en 2023 (Une 03/11). Voyant sa facture d’électricité multipliée par six, le Syndicat d’irrigation drômois est dans l’expectative, et les irrigants avec. Il reste à espérer qu’une solution soit trouvée ces prochaines semaines.

L’eau toujours. Avec la sécheresse exceptionnelle de l’été 2022, une pluie de restrictions s’est abattue sur les irrigants drômois, provoquant désarroi et colère. Par la voix du président de la chambre d’agriculture, la profession agricole a dénoncé une « gestion pitoyable » et des « décisions prises à la hussarde » au niveau de la préfecture. Message reçu par la préfète, laquelle a lancé à l’automne dernier cinq groupes de travail pour, notamment, optimiser la gestion des tours d’eau et les volumes alloués à l’irrigation.

Souhaitons que, malgré le changement climatique, le printemps et l’été 2023 apportent suffisamment de pluies pour soulager les agriculteurs et apaiser les débats sociétaux autour de la gestion de la ressource en eau. Personne n’a envie de revivre l’été 2022, surtout pas les éleveurs qui ont besoin de reconstituer leurs stocks fourragers.

Autre sujet de crispation, le loup. En 2022, les dégâts ont explosé en Drôme. La pression de la prédation sur les troupeaux a été si élevée que certains éleveurs ont décidé d’arrêter leur métier. Réapparu en 1992, en vingt ans le loup a totalement bouleversé les équilibres pastoraux. Un nouveau plan loup national est attendu en 2023. Pourra-t-il redonner de l’espoir aux éleveurs comme le fût en 1972 l’adoption de la loi pastorale ?

Malgré toutes les difficultés vécues en 2022, l’année laisse entrevoir des perspectives plus heureuses. En 2022, le niveau des installations a été très élevé en Drôme. Des jeunes agriculteurs ont des projets innovants et solides. Ils sont là pour relever le défi démographique agricole, insuffler de nouvelles idées et énergies, poursuivre et transformer l’agriculture.

Bien que moins d’une centaine en Drôme, les exploitations produisant du lait de vache résistent.

En aviculture, des éleveurs investissent malgré les incertitudes.

En élevage caprin, Céline Bres avec d’autres éleveurs a créé une association nationale pour promouvoir la chèvre anglo-nubienne. Objectif : fédérer les énergies pour amener de la génétique et des lignées laitières en France.

Quant aux lavandiculteurs des zones traditionnelles, sous le joug d’une conjoncture difficile, leur avenir pourrait s’éclaircir.

Idem pour les arboriculteurs, réunis en congrès national en février dernier à Valence, sur le thème de la gestion des risques et des défis à relever au quotidien pour assurer plus de la visibilité à long terme.

Dans les vignobles, les pluies de la mi-août ont sauvé le millésime 2022.

Les constructeurs de machines agricoles vont aussi de l’avant. En peine crise énergétique, le premier tracteur au monde fonctionnant au méthane a été présenté en Drôme, avec une stationAgriGNV conçue par la société drômoise Prodeval.

Transitions, ruptures, espoirs, craintes… nul ne sait de quoi sera fait 2023. Depuis trois ans, le monde vit les soubresauts provoqués par des crises inattendues. Alors, en ce début d’année, à l’heure où s’échangent les bons vœux, restons optimistes et souhaitons que 2023 soit synonyme d’apaisement dans le monde, et de réussite pour tous.

Christophe Ledoux