Projet de trituration de soja à Roybon
L’huilerie de Chambaran (38) presse déjà 35 000 tonnes de colza et de tournesol par an. Elle va installer une ligne de trituration dédiée à la récolte régionale de soja pour répondre à la demande en tourteau non OGM des fabricants d’aliments locaux.

L’huilerie de Chambaran, située à Roybon en Isère, a démarré le pressage du colza en 2011, aux côtés de la société Margaron SAS spécialisée dans la vente auprès des éleveurs de co-produits issus de l’industrie agro-alimentaire. André Margaron avait fortuitement commencé en 1976, l’année de la sécheresse, à distribuer à ses vaches laitières de la drêche de brasserie pour compenser la pénurie en fourrage de son exploitation. En bientôt cinquante ans, l’entreprise Margaron, poursuivie par le fils Bernard, est devenue leader sur ce marché des co-produits en commercialisant environ
350 000 tonnes par an de drêche, fécules, corn gluten feed et autres spécialités. Elle génère 30 millions d’euros de chiffre d’affaires par an et emploie une trentaine de collaborateurs.
Presser du colza local en économie circulaire
Pendant des années, les collecteurs de céréales régionaux se désolaient qu’il faille « descendre » à Sète ou «monter» sur le Rhin pour presser la production régionale de colza, et rapatrier les tourteaux chez les fabricants d’aliments du bétail. Jusqu’au jour où l’entrepreneur des Chambaran a réuni coopératives et négociants pour leur proposer de triturer leur collecte en local. L’idée a fait son chemin, puisque depuis 2011, six lignes de pressage ont été installées en zone artisanale. Les filières de pressage fonctionnent en continu et absorbent 75 % de la collecte régionale de colza. Elle pressent aussi 2 000 tonnes de tournesol.
Les huiles sont vendues dans le grand Sud-Est ou à l’exportation, principalement vers l’Italie et l’Espagne pour le raffinage alimentaire, le biocarburant, et l’alimentation animale. Les tourteaux, quant à eux, partent dans un rayon court vers les usines d’aliments du bétail. Une économie vertueuse en quelque sorte qui évite beaucoup de fret et qui a créé à Roybon quatre à cinq emplois.
Une ligne de trituration de 15 000 tonnes de soja en projet
Même constat en soja qu’en colza : la filière aliment du bétail souffre d’un déficit en soja non OGM en même temps que la production de soja se met en place. L’industriel voulait s’implanter depuis quelques années dans la trituration du soja, à condition que les collecteurs jouent le jeu de la production contractualisée. Une conjonction de plusieurs facteurs aura permis au projet de ressortir des cartons. D’abord la mise en place du plan protéine français, ensuite, la demande des fabricants d’aliments d’incorporer un tourteau français tracé, et enfin le Plan de relance. Pour cette nouvelle campagne, le prix prohibitif de l’azote devrait faire baisser la part du maïs dans les semis de printemps au profit du soja. Tous ces facteurs auront permis à l’industriel et aux collecteurs de ressortir ce projet afin de pouvoir triturer cette nouvelle production.
4,5 millions d’euros pour une nouvelle usine
« Il aura fallu toute l’année 2021 pour finaliser le projet », affirme Patrick Béal, responsable de l’huilerie de Chambaran. Bernard Margaron précise : « Au-delà de l’aspect financier pour lequel nos partenaires nous suivent, nous avons dû convaincre la mairie de nous octroyer des terrains supplémentaires à côté de l’huilerie existante pour construire un nouveau bâtiment qui recevra les presses et du stockage. Nous devons encore attendre le retour des services publics à notre demande d’autorisation ICPE (Installation Classée et Protection de l’Environnement), ainsi que le permis de construire. Cette phase administrative a été assez lourde mais nous sommes arrivés au bout du tunnel. Tout le matériel est réservé et nous sommes prêts à poser la première pierre, dès que tous les feux seront au vert. »
Le projet est donc bien lancé pour un aboutissement avant la fin de l’année. Ce dossier est même devenu politique puisque Le Département de l’Isère, la Région et la chambre d’agriculture (38) soutiennent cette démarche locale.
Il ne reste plus qu’à assurer la production de soja « conso » aux cotés des surfaces de soja alimentaire en pleine expansion. C’est bien là l’objectif que devront se fixer les producteurs et les collecteurs de la région, afin d’éviter un approvisionnement extrarégional pour satisfaire les besoins de la future ligne d’extrusion, en même temps que ceux des fabricants d’aliments du bétail en un tourteau sans OGM.