Viticulture
Engrais verts : les jeunes vignerons de l’UVCDR partagent leur expérience

L’Union des vignerons des Côtes-du-Rhône (UVCDR) a créé, fin 2022, une commission de 18 jeunes coopérateurs et coopératrices, représentants les dix caves adhérentes situées dans la Drôme et le Vaucluse. Ce groupe, fort de ses expériences et accompagné par l’Union, participe souvent à des ateliers animés par la responsable amont, Marie-Véronique Blanc. Ce mois-ci, il s’agissait d’un atelier sur les engrais verts.

Engrais verts : les jeunes vignerons de l’UVCDR partagent leur expérience
Discussion en groupe sur la mise en œuvre des engrais verts.

Nombreux sont les vignerons qui ont tenté d’initier la pratique des engrais verts pour leurs multiples bénéfices comme l’apport de matière organique, la protection des sols contre l’érosion, la limitation de l’évaporation de l’eau du sol, la réduction des coûts de production… Mais cette pratique nécessite un savoir-faire technique assez pointu sur le choix du mélange de semences, la date de semis, la date de destruction et le mode de destruction. Tous ces aspects ont été expérimentés depuis quelques années par certains jeunes vignerons de l’UVCDR. Le 14 avril dernier, ils ont ouvert la discussion au sein même de leur exploitation et ont fait du transfert de résultats aux non-initiés du groupe.


Jérémy Bellier, coopérateur à la Cave de Costebelle à Tulette, sème 20 ha d’engrais vert sur son exploitation. Après trois ans d’essais, il a opté pour un mélange équilibré à base de féverole et de seigle à la dose céréale. Il cultive lui-même ses semences pour limiter les frais d’approvisionnement qui restent très élevés. Jérémy est complètement autonome, de la récolte de la semence jusqu’à la destruction de son engrais vert, en ayant le matériel adéquat à chaque étape. Il utilise la méthode « Merci » pour évaluer le recyclage et la mise à disposition des éléments minéraux. Jérémy témoigne « d’un sol plus sombre, plus souple, plus facile à travailler après trois ans d’implantation d’engrais verts ». 

Pour Clément Françon, coopérateur à la Cave de Saint-Maurice-sur-Eygues, son expérience sur deux mélanges différents et des terroirs variés, l’a amené à choisir la bonne combinaison en fonction des parcelles. Il sème aujourd’hui près de 90 % de son parcellaire à l’automne. Il ajoute à son mélange à base de seigle de la vesce sur les sols légers et de la féverole sur les sols plus fertiles. Son interrogation sur le risque de gel accentué en présence d’engrais vert reste sans réponse si ce n’est que les autres jeunes du groupe n’ont vu aucune différence de sensibilité avec ou sans couvert.

Très beau développement d’engrais vert à base de seigle chez Clément Françon sur une parcelle de Vidoc (cépage résistant).

Coopérateur à la Cave La Nyonsaise et La Vinsobraise, Florian Ponzo pratique depuis vingt ans l’enherbement sur l’inter-rang et ne saurait s’en détourner. La pratique du semis d’engrais verts lui permet de faire l’impasse sur la fertilisation azotée depuis plusieurs années. L’automne dernier, il a innové en essayant d’incorporer à son mélange des graines de navet. Suite à une concertation avec le groupe, la période idéale de semis pour une meilleure réussite d’implantation du navet est tôt au mois d’août, donc obligatoirement avant les vendanges. 
Les engrais verts ont bien évidemment attiré de nombreuses abeilles et autres pollinisateurs. Cette pratique entretient et augmente la biodiversité dans le vignoble en hiver et à une période où la vigne n’est pas encore en pleine expression végétative.

Des mélanges d’engrais verts qui se diversifient avec l’apparition de fleurs de navet qui dominent le couvert de Florian Ponzo.

Ces visites d’exploitations ont permis de découvrir le travail magnanime des jeunes vignerons sur bien d’autres aspects comme la plantation de cépages résistants aux maladies chez Clément, la diversification des cultures avec des champs de grenadiers chez Jérémy et des champs d’olivier chez Florian. L’irrigation et la taille rase de précision sont aussi des sujets qui ont pu être abordés pendant la tournée des parcelles en ciblant le maintien de la production et la baisse des coûts de production dans un objectif de pérennité des exploitations.

Une faune d’insectes bien présente dans les engrais verts.

Sylvie Darves, directrice générale de l’UVCDR, souhaite maintenir la dynamique de ce groupe de jeunes vignerons qui représentent l’avenir de la filière viticole dans un système coopératif. « Il faut les accompagner dans un contexte sociétal et environnemental en constante mutation. Leurs travail et efforts témoignent d’une viticulture durable et répondent pleinement aux attentes des consommateurs. »

Contact : Marie-Véronique Blanc, responsable amont - Direction Domaines, [email protected]