Charles & Alice conjugue croissance et nouveautés

En 2007, Thierry Goubault, aujourd'hui PDG de l'ETI* Charles & Alice, rachète la société Charles Faraud (entreprise de transformation de fruits implantée dans le Vaucluse) puis, en 2010, la filiale française du groupe suisse Hero (dans la Drôme). Et c'est en 2011 qu'est lancée la marque Charles & Alice.
Que de chemin parcouru depuis ! Le chiffre d'affaires du groupe a atteint 160 millions d'euros en 2018, soit une croissance de 56 % depuis 2010. Et « notre ambition est de passer la barre des 200 millions d'euros d'ici trois ans », confie le PDG. Et, depuis trois ans, l'entreprise a une autre usine aux Etats-Unis, plus précisément en Pennsylvanie. C'est son seul site à l'étranger. Elle y pratique « le même business » et produit selon « le même process » mais pour des marques de distributeurs (MDD).
Les fruits français privilégiés
Pour ses fruits, Charles & Alice « privilégie de plus en plus les approvisionnements français », signale Anne-Laure Jardin, directrice marketing. En pommes, c'est la totalité, soit 60 000 tonnes par an au niveau du groupe dont 10 000 en bio. « Elles proviennent de vergers situés en moyenne à moins de 160 kilomètres de nos deux ateliers de fabrication ». La moitié du volume est contractualisée (avec un engagement sur les quantités et le prix), l'autre est achetée sur le marché libre.
Une place de leader
Sur le segment des desserts de fruits sans sucres ajoutés (compotes au rayon frais), Charles & Alice est leader avec 54 % de parts de marché et a affiché une croissance de 11% en volume au cours de 2018. Dans cette gamme, 10 des 17 recettes sont réalisées uniquement avec des fruits français. C'est entre autres le cas pour les fraises et abricots depuis cinq à six ans, la compote pommes-groseilles sortie en janvier et, depuis ce mois de juin, la pommes-framboises. « Construire une filière est un vrai challenge, confie le PDG. Faire du 100 % français revient plus cher mais c'est une volonté de positionnement de notre marque, un choix stratégique. »
Toujours dans cette catégorie de produits, l'entreprise commercialise une gamme de veloutés depuis avril dernier. « Quatre recettes sans sucres ajoutés à la texture veloutée et riches en fruits », précise Anne-Laure Jardin.
« Ric-rac » en fruits bio
En bio, Charles & Alice a sept recettes de desserts aux fruits 100 % France, dont une pommes-châtaignes (ces dernières provenant d'Ardèche). Et trois (pommes, pommes-poires, pommes-abricots) ont été lancées en 2018, année que la marque a achevé avec une croissance de 34 % en volume et 40 % en valeur.
« Sur cette gamme, nous sommes ric-rac au niveau des volumes », indique la directrice marketing. « Notre volonté de développer le bio est forte, ajoute le PDG. Mais s'approvisionner en fruits bio français est aujourd'hui un challenge car la demande est supérieure à l'offre. » Actuellement, l'entreprise se fournit auprès de 20 arboriculteurs français partenaires. Elle essaie de développer ses partenariats et propose trois types de contrats : accompagnement de la conversion en bio de vergers conventionnels, plantation de nouveaux vergers bio, achat d'écarts de tri en pommes bio.
De nouvelles gammes
Entreprise dynamique, Charles & Alice est entrée sur de nouveaux marchés. En avril 2018, elle a lancé des desserts végétaux. « Des desserts contenant plus de 40 % de fruits, associés à du lait de coco, comme l'explique Anne-Laure Jardin. L'entreprise gère les fruits, le lait de coco provient d'Asie et la fabrication est sous-traitée en Rhône-Alpes. Ont d'abord été mis sur le marché des pots bi-couches de lait de coco sur un lit de fruits (même process de fabrication que pour le yaourt). Cinq recettes sont proposées, dont deux sorties en avril dernier. Mais ce n'est pas tout. Une nouvelle offre vient compléter cette catégorie de desserts, depuis avril dernier aussi : des brassés végétaux à texture onctueuse (pots de 350 g) en quatre recettes dont une coco nature, les autres avec des fruits.
Enfin, toujours ce mois d'avril, l'entreprise a mis un pied dans les jus de fruits (rayon frais). Baptisée « Le jus français », sa gamme est composée de cinq recettes. Des jus 100 % français comme leur nom l'indique, sans sucres ajoutés ni conservateurs et conditionnés dans des bouteilles en verre. Leur fabrication est également sous-traitée. Thierry Goubault compte bien s'appuyer sur cette offre enrichie pour encore développer l'entreprise et accroître la notoriété de la marque Charles & Alice.
Annie Laurie
* ETI : entreprise de taille moyenne.
RepèresSite administratif dans le parc d'activités Rovaltain (26).
Deux sites de fabrication, à Allex (26) et Monteux (84), employant chacun 185 salariés.
408 collaborateurs au total en 2018 (29 emplois créés en 2017-2019 et une dizaine en 2019).
Chiffre d'affaires du groupe : 160 millions d'euros en 2018 (10 % de plus qu'en 2017), dont 50 % sous la marque Charles & Alice, le reste en marques de distributeurs (MDD).
En moyenne, 4 millions d'euros investis par an sur le maintien et l'amélioration de l'outil.Engagement durableLes deux sites de production de Charles & Alice sont certifiés Iso 14001 (norme environnementale) et Iso 50001 (efficience énergétique), souligne Frédéric Jean, responsable environnement sur le site d'Allex. Depuis 2008, l'entreprise a réduit sa consommation en eau de 63 % et en gaz de 38 % à la tonne fabriquée et 95 % de ses déchets sont recyclés. Les déchets organiques (drêches : peaux et pépins) partent en Ardèche . Ils alimentent une unité de méthanisation (créée par des agriculteurs, Agritexia) ainsi que les animaux d'un éleveur.
Dernier geste de Charles & Alice pour l'environnement : l'installation de 3 000 m2 au sol de panneaux photovoltaïques sur son site d'Allex à la fin de l'année dernière. Ils génèrent 5 % de ses besoins en électricité (soit l'équivalent de la consommation annuelle de 121 foyers).