La Cuma de la Haute-Ouvèze s’est dotée d’un abattoir de proximité

L'agriculture est riche dans les Baronnies. La Cuma de la Haute-Ouvèze, basée sur la commune de Saint-Auban-sur-l'Ouvèze, longtemps axée sur la distillation des plantes à parfum aromatiques et médicinales, s'est ouverte à d'autres horizons en ce début d'année 2020. Les éleveurs ovins-caprins du coin ont longuement mené une réflexion sur l'implantation d'un bâtiment d'abattage dans les Baronnies, les abattoirs existants étant situés à une certaine distance : « Les centres d'abattage ont toujours été au cœur des problématiques, souligne Alexandre Reynier, aujourd'hui président de la Cuma. L'abattoir de Rémuzat, aujourd'hui fermé, était à 45 minutes de route. Ceux de Sisteron, d'Alès ou de Die nous obligeaient aussi à faire plusieurs heures de route aller-retour ».
Finalement, c'est en 2015 que les premières études de faisabilité ont été réalisées, notamment grâce à l'appui d'Agribiodrôme : « un stagiaire avait alors comme mission d'étudier la faisabilité d'un abattoir mobile dans les Baronnies ». Après le montage du dossier, soutenu par douze éleveurs du secteur, la direction départementale de la protection des populations (DDPP) de Valence a donné un accord « plutôt favorable » pour un abattoir fixe, et non mobile.
L'un des plus petits de France
« Il nous a alors fallu déterminer le coût du bâtiment, de la chaîne d'abattage, de la chambre froide... et mettre en place un planning sur l'année pour fixer la capacité d'accueil et le tonnage de bêtes à tuer. Cela nous a permis de ressortir un prix au kilo de carcasse (de 1,50 euro), qui s'est avéré être le double d'un gros abattoir », prévient Alexandre Reynier.
Pas de quoi freiner les éleveurs ovins et caprins des Baronnies, fidèles et motivés pour mettre en forme ce projet ambitieux, soutenu par la commune de Saint-Auban-sur-l'Ouvèze. Cette dernière a d'ailleurs pris en charge la construction du bâtiment de 120 m², ce qui permettait de bénéficier de subventions. « C'est un bâtiment communal géré par la Cuma et l'un des plus petits abattoirs de France », note le président. La coopérative paie alors une redevance annuelle qui permet de rembourser sur les quinze prochaines années la participation de la commune.
Ainsi, grâce à cette salle d'abattage de proximité, les éleveurs peuvent développer leurs exploitations : « Nous sommes basés dans un rayon de 30 kilomètres, le plus près étant à 600 mètres de l'abattoir ! », apprécie Alexandre Reynier.
Une maîtrise totale de la filière
Les coûts liés au transport, la fatigue et le risque d'accidents sur les petites routes montagneuses sont donc laissés de côté. « Aujourd'hui, nous sommes maîtres de notre destin, explique Alexandre Reynier. On maîtrise totalement notre filière de A à Z, de la naissance de nos bêtes, de leur croissance jusqu'à leur mort. Et tout cela avec le respect de nos animaux. »
Avant la mise en route de l'abattoir, en janvier dernier, les éleveurs tâcherons ont dû passer une formation de « responsable protection animale » (RPA) en abattoir, afin de préconiser le bien-être animal de son arrivée jusqu'à sa mort. « Nous prenons le temps de les accompagner, de leur parler. Le bien-être animal est une priorité chez nous. Et même si nous ne sommes pas des professionnels de chaîne d'abattage, tout est sous contrôle. Nous avons les mêmes contraintes qu'un abattoir industriel, la même rigueur à avoir. Et nous nous formons chaque semaine pour être de plus en plus performants », poursuit-il.
Depuis le début de l'année, les éleveurs se réunissent une fois par semaine pour tuer environ 10 animaux. Ils ont fixé un prévisionnel d'abattage de 1 000 têtes par an : « Actuellement, la capacité maximale n'est pas atteinte et nous pourrions éventuellement tuer jusqu'à 1 500 têtes par an. Il reste donc de la place pour de nouveaux adhérents qui pourraient s'insérer dans les périodes creuses, de janvier à mars ».
Dans l'avenir, la Cuma de la Haute-Ouvèze aimerait s'équiper d'une salle de découpe pour valoriser davantage la vente directe. « Nous travaillons sur ce dossier afin de faire valider une dérogation d'agrément », annonce Alexandre Reynier. Suite à la création de cet abattoir de proximité, la Cuma de la Haute-Ouvèze s'est vue remettre le prix de l'ambition, à l'occasion de l'assemblée générale de la fédération départementale des Cuma de la Drôme.
Amandine Priolet