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SUICIDE

Mal-être et suicide : un rapport attendu mi-septembre

Après six mois de mission, le député Olivier Damaisin s’apprête à rendre au Premier ministre son rapport sur le suicide et le mal-être des agriculteurs. Il préconise notamment d’instaurer des référents locaux, d’impliquer davantage les vétérinaires et de mieux communiquer sur le dispositif Agri’écoute.
Mal-être et suicide : un rapport attendu mi-septembre

Le député Olivier Damaisin (LREM, Lot-et-Garonne) a finalisé le 20 août la mission sur le mal-être et le suicide des agriculteurs lancée en mars ; il devrait rendre son rapport courant septembre au Premier ministre. Il a interrogé une vingtaine d'acteurs (syndicats, banques, assurances, associations, institutions vétérinaires et comptables, agriculteurs et familles d'agriculteurs) et effectué trois visites de terrain en Saône-et-Loire, Ille-et-Vilaine et Lot-et-Garonne. « Il faut vraiment que le côté humain soit remis en place, affirme d'emblée Olivier Damaisin. Tout ce qui est administratif, on le fait de mieux en mieux. Les banques aident le plus qu'elles peuvent, la MSA aussi. Tout ce qui est matériel est relativement bien fait mais tout le côté humain est complètement absent. »
L'humain, la clef
Le parlementaire préconise la mise en place, dans chaque département, d'« un référent ou un service dédié au sein de la préfecture, de la MSA ou de la chambre d'agriculture » qui accompagne et oriente les agriculteurs en difficulté vers les dispositifs de soutien existants, nombreux mais pas connectés et souvent méconnus, explique-t-il. « Il faut qu'il y ait vraiment quelqu'un de référencé et que chaque maire de village sache que c'est cette personne qu'il faut appeler si un de ses concitoyens ne va pas bien. » Ce référent pourrait par exemple orienter un exploitant en difficulté économique vers une procédure de sauvegarde judiciaire, ou le mettre en relation avec l'association d'aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance (Apesa) qui propose un accompagnement au tribunal de commerce.
Durant sa mission, Olivier Damaisin a échangé avec le conseil national des vétérinaires et le syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral. Car, explique-t-il, le vétérinaire est souvent la seule personne que côtoient régulièrement un certain nombre d'éleveurs, et qui est en mesure de détecter une situation de mal-être. « Ils ont dit qu'il faudrait davantage les impliquer dans les tables rondes [ndlr. qui réunissent l'agriculteur en difficulté économique et ses partenaires (banque, MSA, coop...)] car ils peuvent vraiment être les premiers lanceurs d'alerte. » Les experts-comptables ont aussi une « une responsabilité » dans la manière d'annoncer les mauvaises nouvelles, ajoute le député. « Quand le bilan est bon, on peut l'envoyer par email. Mais quand il n'est pas bon, il ne faut pas faire la même chose », assure-t-il.
Mieux « vendre » Agri'écoute
Olivier Damaisin suggère de mieux communiquer sur le dispositif de soutien psychologique Agri'écoute de la MSA : « beaucoup d'agriculteurs n'osent pas prendre leur téléphone pour confier leurs problèmes à une institution à laquelle ils doivent de l'argent », assure-t-il. Or, Agri'écoute est un service indépendant de la MSA. Interrogée le 24 août, la caisse centrale de la MSA (CCMSA) a indiqué que le service d'écoute est réalisé par l'entreprise privée Psya, spécialiste de la santé psychologique au travail (ndlr. qui a fusionné avec Stimulus en avril pour former le groupe leader européen Human & Work). « Nous avons plus de vingt psychologues cliniciens derrière Agri'écoute », confirme le prestataire de service assurant que les informations recueillies sont anonymisées. Il faut, enfin, rendre plus accessible l'aide au répit aux agriculteurs en surtravail ou surmenage, conclut le député. « C'est clairement une histoire de financement pour le coup : quelqu'un qui est en difficulté financière ne peut pas payer quelqu'un qui le remplace donc la personne ne prend pas de repos. » En 2018, plus de 4200 personnes (salariés et non-salariés) ont bénéficié du dispositif d'aide au répit pour un montant total de 2,7 M€, selon la MSA. 
L. M.