OLÉAGINEUX
Inoculation du soja : la qualité du produit inoculant est une priorité
Pour que le système de symbiose permettant au soja de fixer l’azote atmosphérique se mette en place, une bactérie Bradyrhizobium, naturellement absente des sols français, doit être apportée au moins une fois par inoculation. Une fois introduite, la bactérie survit bien dans les sols. Il est essentiel de choisir un produit inoculant de qualité. Terres Inovia fait le point.
En matière d’inoculum pour soja, l’offre et les modes d’inoculation se sont diversifiés. Après les classiques tourbe sur graine, sur micro-granulés ou avec un additif collant, sont apparus des inocula liquides offrant des délais de souplesse entre l’inoculation et les semis et des semences pré-enrobées. Au-delà des procédés, la qualité de l’inoculum et la nature de la souche de la bactérie sont aussi des éléments à prendre en compte : aujourd’hui les produits commercialisés n’offrent pas tous le même niveau de qualité et ne sont pas tous fabriqués avec des souches bactériennes sélectionnées par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae).
Privilégier des inocula garantis par l’Inrae
Un produit de qualité est un produit garantissant la concentration en bactéries fixatrices, la nature et les propriétés de la souche utilisée et l’absence de contaminants extérieurs.
La meilleure garantie de la qualité d’un inoculum repose sur l’utilisation d’un produit contrôlé par l’Inrae dans le cadre d’un système de licence mis en place depuis la fin des années 1970. Ainsi, chaque année, l’Inrae fournit la souche aux industriels, contrôle des échantillons des produits qui seront commercialisés et revérifie, à postériori, l’aptitude à former des nodosités et à fixer l’azote du produit. Ce travail offre une garantie très importante pour l’utilisateur-
agriculteur (cf tableau ). Depuis quelques années, les mécanismes de reconnaissance mutuelle entre États européens permettent des autorisations de mise sur le marché et à d’autres inocula d’être commercialisés. Outre l’absence de garanties liées à un contrôle qualité indépendant, certains produits sont fabriqués avec des souches inconnues ou connues pour leurs inconvénients.
Les semences pré-inoculées avec le procédé Hicoat. Elles sont à réserver à une ré-inoculation de sécurité. Le procédé Hicoat utilise la souche 532C, connue par ailleurs et utilisée également au Canada. Cette pré-inoculation en usine ne permet pas d’assurer une concentration d’un million de bactéries par graine nécessaire en cas de première inoculation. C’est la raison pour laquelle, malgré le côté pratique pour l’agriculteur, cette solution est réservée aux ré-inoculations d’assurance.
L’inoculum Biofixin-S. Sa vente était autorisée jusqu’au 11 janvier 2023 et l’utilisation est possible jusqu’au 11 juillet 2023. Ce produit est originaire des pays de l’Est de l’Europe et utilise la souche D344 d’origine et de propriétés mal connues. Les résultats obtenus en essais par Terres Inovia, ces deux dernières années, sont décevants. Par ailleurs, faute d’avoir transmis l’ensemble des données supplémentaires demandées par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), l’autorisation de mise sur le marché (AMM) de ce produit a fait l’objet d’une décision de retrait le 11 juillet 2022.
Les inocula Liquifix. Ils sont fortement déconseillés par Terres Inovia en accord avec les spécialistes de l’Inrae. Ces produits sont fabriqués avec des souches sélectionnées au Brésil (Semia 5079 et 5080 pour le contexte brésilien avec une stratégie localement justifiée, mais qui constitue l’exact contraire de la stratégie mise en œuvre en France, dans les années 1970, pour la sélection de la souche G49. En effet, en France, le choix a été fait d’utiliser une souche peu compétitive pour la formation des nodosités de façon à pouvoir éventuellement introduire une autre souche plus performante. Au Brésil, face à des populations installées compétitives et pas toujours très efficientes, la seule stratégie possible était un choix de souches très compétitives. Aucun élément nouveau ne justifie pour l’instant un changement de stratégie. Ce produit bénéficie d’une AMM provisoire.
D’autres inocula semblent être commercialisés en France, sans AMM, en provenance de pays voisins de l’Union européenne, sans que l’on ne connaisse ni la nature de la souche utilisée, ni ses propriétés, ni la concentration à laquelle elle est utilisée. Les metteurs en marché de ces produits ainsi que les utilisateurs s’exposent à des poursuites de la part de la DGCCRF (répression des fraudes).
©terresinovia
Un inoculum est un produit biologique fragile
Après achat, le produit inoculant doit être conservé à une température fraîche et à l’abri de la lumière, pour conserver sa qualité. Dans tous les cas, les semences inoculées en attente de semis ne doivent pas être exposées à la lumière solaire. En effet, les ultraviolets sont létaux pour les bactéries.
La concentration en bactéries de l’inoculum est un élément de succès de la mise en place des nodosités. Néanmoins, la nodulation est souvent soumise à deux facteurs limitants : le manque d’eau et l’excès d’azote minéral du sol. L’inhibition de la nodulation par l’azote minéral est la raison principale pour laquelle tout apport d’azote au semis est déconseillé.