SOLIDARITÉ
Le Pass colo, pour des vacances  au grand air 

600 000 familles modestes ou issues des classes moyennes devraient bénéficier du Pass Colo. Un coup de pouce financier pour encourager le départ des enfants en colonies de vacances l’année de leurs 11 ans. Mode d’emploi.

Le Pass colo, pour des vacances  au grand air 
Le gouvernement entend relancer l’engouement pour les colonies de vacances avec un coup de pouce financier. © SC

Extraire les enfants de leurs écrans. Voilà une louable intention que pourrait garantir, au moins momentanément, le retour en grâce des colonies de vacances. C’est en tout cas l’ambition du gouvernement qui, en ce début de printemps, a annoncé la mise place d’un Pass colo. Créé dans le cadre du Pacte des solidarités, il s’agit d’un dispositif permettant de rendre accessibles les départs en colonies de vacances des enfants l’année civile de leurs 11 ans, âge charnière de l’entrée au collège, grâce à une aide financière allant de 200 à 350 €. Le montant du Pass colo, calculé en fonction du quotient familial, est déduit directement du prix du séjour. Selon les calculs du ministère, 80 % des enfants de 11 ans pourraient en bénéficier.

Quels sont les séjours éligibles ?

Les prestations éligibles uniquement en France sont répertoriées sur le site dédié : www.jeunes.gouv.fr. Pas moins de 2 300 séjours sont proposés autour de thèmes aussi variés que la glisse, les arts manuels, la découverte de la nature, la randonnée, l’escalade, le foot, le paddle, la danse, l’équitation… mais aussi l’immersion dans la vie d’une ferme. Une quinzaine d’exploitations agricoles est ainsi habilitée pour recevoir une colonie. Le Pass colo n’est utilisable qu’une seule fois par enfant et doit être utilisé pendant les vacances scolaires. Il est toutefois cumulable avec les autres aides aux vacances.  « En cas de non-utilisation dans l’année des 11 ans, le Pass colo pourra être reporté une fois, l’année des 12 ans, selon les mêmes modalités », précise le site gouvernemental www.service-public.fr
Par ailleurs, il existe des établissements labellisés pour accueillir des enfants handicapés. Pour être référencé Pass colo, les hébergeurs doivent proposer des séjours d’au moins quatre nuitées et cinq jours.

Les années 1960 : l’âge d’or des colonies

Les colonies de vacances ont connu leur heure de gloire en France dans les années 1960. Elles emmenaient alors jusqu’à quatre millions d’enfants. En 1966, Pierre Perret leur dédie même une chanson « Les jolies colonies de vacances ». Et pour cause, elles connaissent un boom retentissant. Accueil, repos, activité, vie collective, liberté… sont alors les cinq piliers des structures d’accueil qui naissent de la Bretagne aux Alpes en passant par la Drôme, la Charente-Maritime, l’Auvergne et le Limousin. Elles ne sont pas encore mixtes, mais commencent à se concentrer sur le sport : enfants et ados partent au ski ou en stage de voile pendant deux ou trois semaines. Idéal pour les parents qui travaillent. Des années quatre-vingt jusqu’au début des années quatre-vingt-dix, 13 à 14 % des enfants et des adolescents partaient en séjour collectif de plus de cinq nuits : en 2011, ils et elles n’étaient plus que 7,5 %. L’an dernier, 900 000 d’entre eux sont partis en colo… loin des 1,6 million recensés en 1995.

Grâce au Pass colo, les enfants de 11 ans pourront s’évader et choisir une destination parmi 2 300 séjours proposés.  

Sophie Chatenet

Pass colo / Les critères d’éligibilité 

Si vous êtes adhérent MSA, vous devez prendre votre quotient familial (QF) de février 2024 disponible sur « Mon espace privé ».
Le ou les enfant(s) bénéficiaire(s) doivent être né(s) entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2013.
Votre quotient familial doit être inférieur ou égal à 1 500 €. 
• QF de 0 à 200 : aide de 350 €
• QF de 201 à 700 : aide de 300 €
• QF de 701 à 1200 : aide de 250 €
• QF de 1201 à 1500 : aide de 200 € 

HISTOIRE

Aux origines des colos,  une mission sanitaire et hygiéniste

C’est en 1883 qu’Edmond Cottinet a créé, en France, l’Œuvre des colonies de vacances du 9e arrondissement de Paris. Il envoie à la campagne dix-huit petits anémiés et dira à leur retour : « Ils ont engraissé de sept kilos en quatre semaines ». Jean Macé, qui a lancé la Ligue de l’Enseignement en 1866, ouvre ses propres centres de vacances et de loisirs en 1886 à destination des enfants des classes populaires et moyennes. Il s’agit de sortir les gosses des taudis, de la malnutrition et de la pollution des villes. Il s’agit aussi de lutter contre l’emprise de l’Église et des droites monarchistes sur la jeunesse française. Mais face aux « colos » de la République, l’Église catholique va développer ses patronages d’été. La France va recevoir l’appui du scoutisme naissant. En effet, un général britannique, Baden Powell (1857-1941), lance le mouvement scout international en 1907. Issu du protestantisme, le scoutisme arrive en France deux ans plus tard, et l’Église va le catholiciser. Mais rapidement apparaissent aussi les scouts protestants, orthodoxes, israélites et musulmans. Les laïcs ne se laissent pas déborder et fondent les Éclaireurs de France, mouvement mixte et laïc. Le Front populaire, avec son secrétariat d’État aux sports et aux loisirs, crée une école de formation pour les moniteurs et les directeurs de centre. Ils auront même un diplôme officiel dans les années 1950 (le fameux BAFA d’aujourd’hui).
S. C.

Les colonies  de vacances en chiffres

1876 
année de création en Suisse de la première colonie de vacances au monde.
1882 
année de création en France de la première colonie de vacances.
32 900 
nombre d’accueils collectifs de mineurs avec hébergement en 2020-2021.

Les séjours avec hébergement (Chiffres 2022-2023)
47 300 
nombre de séjours en France et à l’étranger. 
4 800 
nombre de séjours organisés en dehors des frontières hexagonales. L’Espagne et la Grande Bretagne accueillent la majorité des séjours avec respectivement 894 
et 856 offres.
6 980 
nombre de séjours en Auvergne-Rhône-Alpes. C’est la destination la plus disponible en France métropolitaine. Avec 1 469 séjours, la Haute-Savoie est le département qui en enregistre le plus en France.
1 773  
nombre de séjours en Bourgogne-Franche-Comté. Avec 421 séjours, le Jura est le département qui en propose le plus dans cette région. 10 286 jeunes mineurs se sont rendus dans le Jura en 2022 – 2023.
1,33 million   
nombre de départs d’enfants ou d’adolescents.
231 175   
nombre de jeunes mineurs accueillis en Auvergne-Rhône-Alpes, la région où l’effectif est le plus important en France.
55 472   
nombre de jeunes mineurs accueillis en Bourgogne-Franche-Comté.