Après le groupe national loup
Comptage des loups : réactions de responsables agricoles drômois

Après l'annonce,  lundi 3 juillet au groupe national loup réuni à Lyon, d'une baisse du nombre de loups en France, la colère et l'incompréhension prédominent chez des responsables agricoles drômois.

Comptage des loups : réactions de responsables agricoles drômois

« Je suis satisfait que nos représentants agricoles aient claqué la porte du groupe national loup lundi à Lyon car l’État se fout de nous, estime Alain Baudoin, président de l’Association des éleveurs et bergers du Vercors. Le chiffre donné lundi est un chiffre “politique” car il y a beaucoup plus de loups en réalité, au moins deux fois plus. L’État ment aux Français et c'est incompréhensible. Lorsque la fédération des chasseurs de la Drôme avait proposé de faire un comptage des loups sur le département, la préfecture n'avait même pas répondu. Et lors de l'opération de comptage menée il y a deux ans sur la Raye (ligne de crête du Vercors ouest -ndlr), les chiffres indiqués par les observateurs avaient été sous-estimés par l'OFB*. Globalement, l’État manque de transparence sur la politique du loup et l'argent qui y est consacré. »

Ce comptage du nombre de loups « est une honte, à l'image de notre société actuelle avec des élus politiciens de haut vol et des hauts fonctionnaires de l’État déconnectés de la réalité », s'insurge Frédéric Gontard, président de la FDO de la Drôme. Les éleveurs sont en colère et écœurés. La pression va monter d'un cran entre le monde rural et le monde administratif urbain. L'OFB* fait trop peu remonter d'indices de la présence du loup par rapport à la réalité. Qu'il y ait 500 ou 1 000 loups, peu importe, mais moins il y aura de loups moins il y aura d'attaques... Ce qu'il faut, c'est réguler les attaques. Il faut que les lieutenants de louveterie puissent sortir comme ils l'entendent pour protéger nos troupeaux correctement. »

Le nombre de loups annoncé lundi démontre « l'absence de prise en compte de la réalité du terrain, déplore Yvan Jarnias, président des Jeunes Agriculteurs de la Drôme. On espérait avoir un nombre de loups en augmentation pour avoir davantage de tirs de prélèvement. Officiellement, qu'il y en ait moins, c'est incompréhensible car des loups on en voit partout, y compris sur des voies ferrées. Et le nombre des attaques progresse de 22 % cette année en France. Ça montre bien qu'il y a davantage de loups en France. Je suis doublement scandalisé car on demande aux éleveurs de faire partie du réseau loup-lynx pour faire remonter des indices de présence car l’État explique qu'il n'a pas les moyens de faire ce travail. Et après, on accuse certains de ces éleveurs d'avoir infiltré ce réseau. »

« Nous dénonçons le dysfonctionnement du réseau Loup-Lynx, annonce Edmond Tardieu, responsable du dossier loup à la FDSEA de la Drôme. Car les remontées du terrain sur les indices de présence du prédateur ne sont pas suffisantes, continues et fiables. De ce fait, l'OFB* part sur des estimations. Nous avions soutenu la proposition de la fédération des chasseurs de la Drôme consistant à dénombrer, par des hurlements provoqués, le nombre de meutes présentes dans le département. Mais le préfet référent national sur la politique du loup, Jean-Paul Célet, avait mis son véto. Au comité loup de 2022, la Frapna avait annoncé une vingtaine de meutes en Drôme, soit 150 à 200 loups. Et lors d'une récente réunion entre l'OFB 26, la fédération des chasseurs de la Drôme, et l'antenne régionale OFB Aura, les participants sont tombés d'accord sur le chiffre de 30 à 31 meutes en Drôme, soit 200 à 250 loups. Ce qui veut dire que les 906 loups annoncés officiellement en France le 3 juillet, ce n'est pas du tout possible. Il faut tout remettre à plat. Nous demandons une opération de hurlements provoqués pour fin août début septembre. »

Propos recueillis par Ch. Ledoux

* OFB : office français de la biodiversité.