Explosion Liban
Liban : la FAO craint une pénurie alimentaire

60 % des importations du Liban, dont l'alimentation, transitent par le port de Beyrouth détruit le 4 août par une gigantesque explosion.
Liban : la FAO craint une pénurie alimentaire

Parce que le Liban importe 80% de ses denrées alimentaires et que parce 60 % des importations du Liban transitent par le port de Beyrouth, l'un des plus importants de la Méditerranée orientale, qui a été totalement détruit par une gigantesque explosion le 4 août, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) craint que la sécurité alimentaire du pays ne soit compromise.

« On craint d'avoir à assez brève échéance un problème de disponibilité de farine pour le pays », a indiqué le responsable des urgences de la FAO, Dominique Burgeon. En effet, bien que les silos de blé du port n'étaient pas en pleine capacité (120 000 tonnes), ils ont été très sérieusement endommagés. Ils ont quasiment tous été éventrés par l'explosion. La situation alimentaire pourrait se tendre encore plus dans les prochaines semaines. En effet, le pays qui est plongé en plein marasme économique avec une inflation qui a atteint 56 % en mai dernier avant de se stabiliser autour de 50 % en juin. Les prix à la consommation ont augmenté de 90 % entre juin 2019 et juin 2020.

Le Liban compte en outre 40 % de sa population active au chômage. Cette catastrophe vient aggraver une situation déjà très précaire.

 

Beyrouth /

2 750 tonnes de nitrate d'ammonium à l'origine de l'explosion dans le port

Les premiers éléments de l'enquête montrent que l'explosion survenue mardi 4 août dans le port de Beyrouth aurait été causée par la combustion de 2750 tonnes de nitrate d'ammonium, destinées à la fertilisation, et stockées dans l'un des entrepôts du port. Pour l'heure, les autorités libanaises estiment que l'explosion aurait entraîné plus de 100 morts et blessé près de 4000 personnes. «Il est inadmissible qu'une cargaison de nitrate d'ammonium, estimée à 2750 tonnes, soit présente depuis six ans dans un entrepôt, sans mesures de précaution», a dénoncé le Premier ministre libanais Hassan Diab devant le Conseil supérieur de défense, qui a tenu une réunion d'urgence.
En 2011, en France, l'explosion de 300 tonnes de nitrates sur le site de l'usine AZF de Toulouse avait causé la mort de 31 personnes. L'un des tout premiers accidents de ce type, en 1921, avait fait 561 morts dans une usine BASF d'Oppau en Allemagne. Les nitrates d'ammonium, qui composent les engrais de type ammonitrates, ne sont pas des produits combustibles, mais des comburants, c'est-à-dire qu'ils permettent la combustion d'une autre substance déjà en feu. Leur détonation n'est donc possible qu'avec une contamination ou avec une source intense de chaleur, a expliqué à l'AFP Jimmie Oxley, professeure de chimie à l'université du Rhode Island.