Installation
Accompagner au mieux  les porteurs de projet

50 % des agriculteurs vont cesser leur activité dans les dix prochaines années. Assurer le renouvellement des générations est un défi auquel s’emploient les chambres d’agriculture en multipliant les dispositifs innovants.

Accompagner au mieux  les porteurs de projet
En Auvergne-Rhône-Alpes, 48 % des nouveaux agriculteurs s’installent avec un diplôme supérieur au Bac. ©SC

Porte d’entrée pour les candidats à l’agriculture, les Points accueils installation ont vu leur fréquentation décupler ces derniers mois à la faveur d’un engouement pour le retour à la terre. En Auvergne-Rhône-Alpes, plus de 3 000 personnes en franchissent le seuil chaque année. Si tous ne concrétisent pas leur projet, force est de constater que leur profil évolue, comme le détaille Laurence Romanaz, chargée de mission installation à la chambre régionale d’agriculture : « 62 % ne sont pas issus du milieu agricole ; 56 % ont plus de 30 ans ; 42 % sont des femmes ; 45 % veulent s’installer en individuel ; 30 % ont un projet en bio et 27 % souhaitent développer une activité de transformation fermière ». Au final, la région dénombre 1 700 nouveaux agriculteurs chaque année dont 1 300 ont moins de 40 ans. Une installation sur deux, soit en moyenne 800 par an, bénéficie de la dotation jeune agriculteur qui avoisine les 40 000 euros par dossier en moyenne. « Si aujourd’hui on arrive à ces chiffres d’installations aidées, c’est qu’il y a un accompagnement des chambres d’agriculture. Des dispositifs existent avec des étapes assorties d’outils et de financements. Le conseil régional est présent, l’État également. Construire son projet, s’entourer des meilleurs spécialistes est une nécessité, car c’est un engagement au moins pour une partie de sa carrière. L’objectif est de ne laisser aucun jeune sans réponses aux questions qu’il se pose », explique Gilbert Guignand, président de la chambre régionale d’agriculture.

Reconversion, formation…

Des jeunes et des moins jeunes qui voient en l’agriculture un horizon de reconversion. Là encore pour rendre leurs projets viables et vivables, des accompagnements spécifiques existent. « Nous suivons 1 110 porteurs de projets dont 800 se soldent par un plan de professionnalisation », précise Laurence Romanaz. Très prochainement, la chambre régionale d’agriculture en lien avec le conseil régional va initier une nouvelle forme d’accompagnement : le parcours-installation collaboratif. 
Il s’agit d’une mesure qui devrait être financée à hauteur de 50 % par la Région, permettant à des porteurs de projets qui n’ont pas assez d’expérience d’en acquérir par le salariat sur une exploitation agricole. En clair, une convention est signée entre le salarié, la structure agréée et la structure accueillante pour une durée limitée, ce qui garantit un statut durant cette période au futur installé et sécurise l’employeur sur le volet financier notamment. Objectif : 200 nouvelles coopérations par an d’ici fin 2030. La mesure devrait entrer en vigueur à compter du second semestre 2023.

L’élevage : toujours dans le top 3

La nouvelle génération d’agriculteurs plébiscite à 23 % le maraîchage, à 15 % l’élevage bovin lait, viande ou mixte et à 14 % les herbivores hors bovins : ovins et caprins essentiellement. 
En ovins, le regain d’intérêt est réel. 
La présidente de la Fédération nationale ovine (FNO), Michèle Boudoin, veut y voir l’effet des campagnes de sensibilisation déployées par la filière, le programme Inn’Ovin notamment. « Le programme Reconquête ovine, lancé en 2009, a permis de déclencher une dynamique au sein de la production ovine grâce à des actions tournées vers l’amélioration des performances techniques et de l’image de la production. La filière ovine (lait et viande) a réuni l’ensemble de ses partenaires autour d’un nouveau programme d’actions techniques et de promotion, Inn’Ovin, avec deux grands enjeux : produire plus d’agneaux et de lait pour satisfaire la demande et ainsi créer plus d’emplois sur l’ensemble du territoire et accroître le revenu des éleveurs tout en améliorant leurs conditions de travail et donc l’attractivité du métier d’éleveur ovin. » D’autres filières, comme celle du lait de vache, ont lancé des opérations de reconquête. Des coopératives et des entreprises proposent des « bonus » spéciaux aux nouveaux installés. L’enjeu est tel que toutes les initiatives sont les bienvenues, à condition toutefois qu’elles matchent avec deux impératifs : celui de la rentabilité et de la viabilité.

Sophie Chatenet