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Nuciculture

Coopenoix mise sur les volumes,  la qualité et la réactivité

Pour la coopérative Coopenoix, l’année 2019 a marqué une rupture après plusieurs belles récoltes. Sur un marché contraint, la noix AOP joue la carte de la qualité.

Coopenoix mise sur les volumes,  la qualité et la réactivité
La récolte de noix 2020 s’annonce satisfaisante en volumes mais en retrait concernant les calibres.

Coopenoix a tenu son assemblée générale sous forme dématérialisée. L’ensemble des adhérents a pu avoir accès au rapport d’activité de la coopérative qui revient sur une année 2019 parmi les plus médiocres. « Malheureusement, les volumes ont été faibles en raison des incidents climatiques, surtout ceux qui se sont déroulés durant l’été 2019 », décrit Marc Giraud, le directeur de Coopenoix, premier opérateur de la noix en France.

2 000 tonnes de moins

Il ne s’est récolté que 4 900 tonnes de noix sèches l’an passé, soit 2 000 de moins qu’en 2018, qui était une année plutôt normale. « Nous n’avions pas vu une production aussi faible depuis longtemps », reprend le directeur. Les producteurs se souviennent que les conditions de la récolte avaient cependant été bonnes et que les calibres, pour ceux qui avaient pu ramasser des noix, étaient au rendez-vous : 75 % des noix présentaient un calibre supérieur à 30 et seulement 5 % un calibre inférieur à 28. « Sur le plan commercial, l’année a été normale, estime Marc Giraud. La quantité disponible limitée a permis de maintenir des prix corrects. » Les calibres supérieurs à 28 se sont vendus environ 2,35 euros le kilo l’an passé, à la faveur d’une stabilité des cours mondiaux.

« Un gros manque à gagner »

Le chiffre d’affaires consolidé de Coopenoix pour 2019 s’établit à 22,3 millions d’euros alors qu’il était supérieur à 26,5 millions d’euros en 2018. « C’est un gros manque à gagner pour la filière », analyse Marc Giraud. Les conséquences sur les investissements ont été mesurées. « On reste sur la dynamique des années 2016 à 2018, observe le directeur de la coopérative, dont le groupement de producteurs recueille les demandes de subvention européennes. Je pensais qu’il y aurait un plus grand coup de frein. »

Distorsion de concurrence

Yves Renn, président de Coopenoix, et Marc Giraud insistent sur les atouts qui permettent à la noix de Grenoble de se différencier face à la concurrence mordante du Chili et des Etats-Unis : « Des volumes à proposer, une qualité à maintenir et une réactivité commerciale et industrielle ». Les marchés de référence pour l’export restent l’Italie (32 %) et l’Allemagne (25 %), avant la France (19 %) puis l’Espagne, la Suisse et les pays scandinaves.
La noix française est demandée par la grande distribution, notamment pour fournir le marché intérieur et l’Allemagne. L’effet Covid a certes animé un réflexe d’achat local, voire européen « mais les gens ont la mémoire courte, constate Marc Giraud. Les produits des autres hémisphères se vendent et ont repris leurs parts de marché ».
Difficile aussi d’aborder de nouveaux marchés « qui se protègent en appliquant des taxes d’importation élevées ». Le directeur s’interroge sur la distorsion de concurrence qui fait que des produits peu taxés entrent en France et se retrouvent face à une noix « dont les coûts de production sont élevés, les rendements à l’hectare moins importants et les taxes d’importation considérables, de l’ordre de 40 % ». Il ajoute : « Il ne faut pas dramatiser mais il y a des incertitudes ».

Petits calibres

D’autant que la récolte 2020, si elle est prometteuse, fait apparaître une proportion importante de petits calibres, même si certaines zones sont largement fournies en calibres supérieurs à 28. Cette petite taille des noix expliquerait un prix plancher faible sur les produits de calibre inférieur à celui de l’AOP. La coopérative souhaite rester très prudente et surtout maintenir des prix dignes de l’appellation.
Mais il convient de tenir compte de quelques éléments géopolitiques qui rendent les marchés complexes. La concurrence avec les Etats-Unis, qui cassent le marché avec une grosse production en 2020, fait rage. Les tensions entre les Etats-Unis et la Chine pèsent sur les ventes et « ne facilitent pas les expéditions vers l’Asie », indique Marc Giraud. De plus, le Chili, qui a collecté au mois de mars, n’a pas fini de vendre sa récolte. Enfin, la Turquie se pose désormais en producteur de noix et fournisseurs des pays arabes. Coopenoix sait donc qu’elle a jusqu’au 15 novembre, avant l’arrivée des noix américaines, pour placer le maximum de marchandise sur les marchés intérieurs et extérieurs.
Isabelle Doucet

La qualité avant tout

Coopenoix a toujours mis l’accent sur la qualité des produits qu’elle collecte pour en tirer un avantage concurrentiel. Ainsi, la certification IFS a été accordée à la station pour la douzième année consécutive. Initiée par la grande distribution, elle certifie la maîtrise de la sécurité et de la qualité des denrées alimentaires et des procédés de fabrication.
Globalgap, référence mondiale, est le versant producteurs qui garantit les bonnes pratiques agricoles, la préservation des ressources, la protection de l’environnement et la sécurité des travailleurs. 34 producteurs sont certifiés Globalgap, ce qui représente plus de 900 hectares de noyers certifiés.
Beaucoup de nuciculteurs se sont engagés dans une conversion en agriculture biologique. Ils étaient 70 en 2019 pour plus de 600 tonnes récoltées, soit 10 % de la collecte. Dans les prochaines années, cette part devrait passer à 20 %, anticipe Coopenoix.
Enfin, une réflexion est engagée autour de la certification HVE (haute valeur environnementale). Le pôle technique de Coopenoix a réalisé des audits chez trois producteurs.
La coopérative poursuit l’accompagnement technique des producteurs en organisant des rencontres sur les thématiques liées à la vie des vergers : dérèglement climatique, état sanitaire, contraintes règlementaires etc. Elle a élaboré en 2019 un guide phytosanitaire et travaille en collaboration avec la station Senura et le CTIFL sur le suivi de parcelle de nouveaux hybrides.