Il aura fallu plus de vingt ans aux vignerons du Nyonsais pour enfin obtenir la création d'une appellation Côtes-du-Rhône Villages en vins rouges.
La demande avait été déposée en 1998. Et, depuis, le dossier n'avait pas vraiment évolué. Les vignerons en verront-ils un jour la fin ? Début 2018, la commission d'enquête de l'Institut national de l'origine et de la qualité (Inao) semblait se prononcer en faveur de la création d'un Côtes-du-Rhône village avec le nom géographique « Nyons ». Il aura fallu attendre encore… Mais cette fois, c’est officiel : les communes drômoises de Mirabel-aux-Baronnies, Nyons, Piégon et Venterol pourront désormais revendiquer l’appellation Côtes-du-Rhône Villages Nyons pour leurs vins vinifiés en rouge uniquement, dès la récolte 2020.
Au premier rang
Nyons devient ainsi la 22e dénomination géographique au sein de l'appellation d'origine contrôlée Côtes-du-Rhône Villages. Et la sixième dans le seul département de la Drôme, aux côtés de Suze-la-Rousse, Saint-Pantaléon-les-Vignes, Saint-Maurice, Rochegude et Rousset-les-Vignes. À noter, le périmètre de certains noms géographiques situés dans le Vaucluse concernent également des communes drômoises, à l'instar de Sainte-Cécile (Suze-la-Rousse et Tulette) et Puyméras (Mollans-sur-Ouvèze et Mérindol-les-Oliviers)
Cette nouvelle dénomination s’étend sur 554 hectares, dont 345 plantés, ce qui la classe au premier rang des dénominations Côtes-du-Rhône Villages de la Drôme. Avec un rendement maximum fixé à 41 hectolitres par hectare, les premières estimations volumiques de l’appellation Côtes-du-Rhône Villages Nyons devraient être comprises entre 2 000 et 2 500 hectolitres, soit environ 10 % du potentiel de production total.
« Une réelle reconnaissance »
Cette appellation est le résultat d’un travail qualitatif mené depuis plusieurs années. Des sélections parcellaires ont en effet été réalisées, tout comme la recherche de maturité. L'obtention d'un Côtes-du-Rhône Villages Nyons n’est donc pas forcément synonyme d'une montée en gamme, au regard des efforts déjà fournis. « La validation du dossier par l’Inao est une réelle reconnaissance du travail qualitatif opéré au cours des vingt années passées, s’enthousiasme Pierre-Michel More, président du syndicat du Nyonsais-Mirabel-Piégon-Venterol. Cette montée en gamme s’explique notamment par une modification de l’encépagement au profit de la syrah qui offre un potentiel de garde plus élevé. Le terroir composé de colluvions, graviers issus de l’érosion des coteaux et l’amplitude thermique importante permettent aux vins de conserver du fruit et de la fraîcheur et leur apportent ainsi leur typicité. »
C. L.
L’un des territoires les plus frais des Côtes-du-Rhône
S’appuyant sur les reliefs préalpins des monts des Baronnies, le vignoble du Nyonsais s’élève entre 210 et 500 mètres d’altitude. Situé sur la marge septentrionale des Côtes-du-Rhône méridionales, sa pluviométrie y est plus élevée que dans la zone centrale de l’appellation et son climat est notamment marqué par l’influence bénéfique d’un vent local, le « Pontias », qui protège la vigne des maladies fongiques. Si les quatre communes de cette nouvelle dénomination s’inscrivent dans la continuité du vignoble, sur la bordure nord-est des Côtes-du-Rhône méridionales, ses plateaux, coteaux vallonnés, terrasses et vallées forment une grande variété de sols : marnes, terrasses alluviales, sols argilo-calcaires, sols caillouteux… La quasi-totalité (98,5 %) de la surface plantée en vignes est consacrée aux cépages rouges, avec une forte proportion de Syrah.
