G du Pot, une conserverie deux en un
Dans un contexte déficitaire en outils de transformation de fruits et légumes sur le département de la Drôme, la conserverie artisanale G du Pot, créée en 2021 à Manas, vient répondre à la demande des producteurs de petites ou moyennes séries.

Une reconversion professionnelle qui a du sens. Vasco Bossio, négociant et courtier en ail et gérant de Vente Allium Semence & Consommation (Vasco SARL) et sa compagne Eva Chelepine, responsable de service au sein de la communauté de communes du Pays de Dieulefit-Bourdeaux, ont décidé de se lancer dans une nouvelle activité, celle de la conserverie artisanale, à la fois pour leurs propres produits et pour des prestations. Ainsi, depuis la fin d’année 2020, et malgré les contraintes d’une double-activité, le couple a implanté son laboratoire de transformation dans un ancien bâtiment d’élevage de lapins, déjà utilisé en partie pour le stockage de l’ail. Avant de concrétiser ce projet imaginé depuis trois ans, les entrepreneurs se sont notamment appuyés sur une enquête réalisée en février 2020 par Valence Romans Agglo. Cette étude visait à recenser les outils de transformation de produits végétaux existants sur le territoire drômois et à quantifier les besoins des producteurs. Or, au niveau de la plaine de Montélimar, « il manquait d’outils, notamment pour les maraîchers qui produisent des petites ou moyennes séries, soit entre 50 et 100 kg de fruits ou légumes », constate Vasco Bossio.
Un instrument au service des producteurs
Bien que déjà titulaire d’un brevet professionnel responsable d’entreprise agricole (BPREA) pour lui, et d’une maîtrise en biochimie pour elle, les créateurs de la conserverie ont participé à diverses formations pour se perfectionner dans le domaine : d’abord au centre technique de la conservation des produits agricoles (CTCPA) pour la « conduite d’un autoclave » à Avignon en 2018, puis au CFPPA de Die pour le suivi de la formation « transformer à la ferme des produits végétaux en agriculture biologique » en 2019 et enfin au CFPPA Le Valentin à Bourg-lès-Valence sur le thème « fabriquer des conserves » en 2020. Le couple a également investi 100 000 € en autofinancement et autoconstruction pour se munir de tout le matériel nécessaire : chambre froide, marmite, robot-coupe, four à vapeur, autoclave, étiqueteuse... (voir encadré).
Ainsi, depuis le printemps, il propose de la prestation de services pour du travail à façon. Un service qui consiste en la transformation, la stérilisation ou la pasteurisation, l’étiquetage et le conditionnement des bocaux en verre, de contenance de 260, 330 ou 750 ml. « Selon la prestation de service recherchée, les prix varient entre un et deux euros HT le pot », signale Vasco Bossio. Avant de poursuivre : « G du Pot est un lieu de transformation au service des maraîchers et arboriculteurs de notre secteur (Montélimar, Crest, Dieulefit). L’objectif est de valoriser les surplus de production, les produits parfois non commercialisables en l’état, en les transformant en fruits ou légumes cuisinés en bocaux pour éviter le gaspillage et apporter une valeur ajoutée à leur travail ».
12 000 pots confectionnés en cinq mois
L’équipement est dimensionné pour des petites séries. « Avec moins de 80 kg de fruits et légumes, nous réalisons une passe d’autoclave et on obtient 96 pots ou bocaux de 750 ml », notifie-t-il. Le conserveur met un point d’honneur à privilégier les produits en agriculture biologique ou en agriculture raisonnée, mais il ne ferme pas la porte aux autres types de production. Et lors de la confection de ses recettes, il essaie d’utiliser majoritairement des plantes aromatiques drômoises et des ingrédients dits « durables ».
Depuis le mois de juin, G du Pot a d’ores et déjà confectionné plus de
12 000 pots. « A l’heure actuelle, nous serions en capacité de doubler ce chiffre, indique le gérant. La réalisation de plus de 30 000 unités par an serait assujettie à l’embauche d’un(e) salarié(e). »
Dans ses projets, la conserverie prévoit de créer un, voire deux emplois supplémentaires pour un chiffre d’affaires estimé à 100 000 euros. « Dès aujourd’hui, nous voyons certaines limites de production. Dans un futur proche, nous devrions réinvestir dans une nouvelle marmite, un nouveau pressoir, pour pouvoir augmenter notre capacité », annonce le gérant.
En parallèle de cette conserverie artisanale, Vasco Bossio s’est rapproché de la terre et cultive depuis deux ans deux hectares en maraîchage (courges, courgettes, pois chiches, piments, poivrons, tomates, etc.). Le tout en conversion bio, à proximité de l’atelier de transformation. « Nous avons créé notre propre marque avec des recettes végétales originales, pour élaborer une gamme de produits 100 % locaux et bio comme le « ketch’ail », le chutney piment tomate verte, la confiture pommes-nèfles, le houmous betterave, les pickels courgettes curry... » La marque G du Pot est principalement commercialisée en vente directe, sur des marchés de producteurs ou à la boutique de la ferme ouverte au public tous les lundis de 15 h à 18 h ou sur rendez-vous.
Amandine Priolet
Les moyens techniques
- Marmite 100 l (bain-marie).
- Four à vapeur 10 niveaux.
- Robot-coupe (coupe fruits et légumes pour le taillage).
- Raffineuse ou tamis automatique.
- Bâton mixeur (soupes).
- Doseuse volumétrique.
- Capsuleuse avec jet de vapeur.
- Autoclave pour la stérilisation/pasteurisation.
- Cloche sous-vide.
- Etiqueteuse.
- Chambre froide et zone de stockage.
