Du chanvre à destination de la construction… mais pas que !
En 2013, la communauté de communes du Crestois et du pays de Saillans (CCCPS) a souhaité développer la filière du chanvre en collaboration avec les agriculteurs du territoire.

Plusieurs d’entre eux, intéressés par le projet, se sont prêtés au jeu d’une culture encore méconnue. « Nous avons réalisé des visites dans des chanvrières et assisté à une journée de démonstration technique, pour en apprendre davantage. La première année, nous avons semé 3 ha, sans trop connaître les débouchés. En 2023, nous avons connu un gros pic de production, avec 18 ha », explique François Arnaud, co-gérant du Gaec FD Brette avec son frère David, sur la commune de Piégros-la-Clastre.
Depuis trois ans, le groupement de producteurs s’est réuni en SARL dénommée « Drôme Chanvre ». La société est désormais co-gérée par Laurent Faure (exploitation individuelle à Aouste-sur-Sye), Benoit Bonnafond (EARL du Pas Court à Piégros-la-Clastre), Yoann Barral (exploitation individuelle à Blacons, qui a pris la suite de son père Lionel) et François Arnaud.
« Les différents dérivés du chanvre (chènevotte et fibre) sont utilisés dans le milieu de la construction, et reconnus pour leur efficacité en termes d’isolation thermique et phonique, ou comme dalles béton. Nous avons donc noué des partenariats avec un maçon de notre secteur, mais nous commercialisons aussi notre chanvre à d’autres professionnels et des particuliers venus des quatre coins de France », indique Laurent Faure. D’autres débouchés existent : en litière, en paillage des sols, en construction de kerterre (yourtes)... Toutefois, les membres de Drôme Chanvre alertent sur la difficulté d’écouler la fibre de la plante. « Nous devons trouver de nouveaux débouchés pour mieux valoriser cette partie et ainsi rendre la culture plus rentable. Aujourd’hui, la chènevotte est plus demandée », prévient François Arnaud. Drôme Chanvre produit également de la graine pour divers usages.
Intéressante en termes de rotation des cultures, cette plante est relativement facile à conduire. « C’est une culture facilement mécanisable, qui couvre bien le sol et qui n’est pas très gourmande en azote, ni en eau. Elle ne nécessite pas de traitements phytosanitaires et n’est pas soumise aux ravageurs (en fonction des variétés, ndlr). Le plus difficile reste la récolte, puisqu’il s’agit d’une plante très ligneuse », conclut Laurent Faure. Pour faciliter la production, les agriculteurs ont pu s’appuyer sur la Cuma VitiPintaBic, créée en 1991 à Aubenasson et présidée par Lionel Barral, pour investir dans du matériel de fauchage.
A.P.
Pour faciliter les conditions de récolte du chanvre, les agriculteurs de Drôme Chanvre ont créé un prototype de faucheuse à section double lame afin de bénéficier de deux hauteurs de coupe et ainsi obtenir des tiges plus courtes. ©LaurentFaure