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Solidarité

Les associations caritatives ont besoin de produits frais

Les associations d’aide alimentaire appellent les agriculteurs à faire don de produits consommables qu’ils ne peuvent commercialiser.

Les associations caritatives ont besoin de produits frais
Dans le contexte actuel de crise sanitaire et économique, le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire augmente. Les associations caritatives manquent de produits frais, en particulier de fruits et légumes. Crédit photo : Banque alimentaire.

La crise sanitaire Covid-19 et le confinement ont des impacts économiques forts. La Drôme est particulière touchée. Son taux de pauvreté était déjà élevé auparavant, font remarquer Annie Marchant et Oriane Jumeaux, respectivement directrice adjointe et cheffe du service des politiques de solidarité de la direction départementale de la cohésion sociale (DDCS). En effet, les données de mars 2019 de la plateforme de l’observation sanitaire et sociale (Pfoss) d’Auvergne-Rhône-Alpes font apparaître un taux de pauvreté de 15,5 % dans la Drôme. C’est le plus élevé de la région, dont la moyenne s’établit à 12,8 %. Et, depuis, la crise a encore accentué la précarité.

La précarité s’accroît

Dès le début du premier confinement, rappellent Annie Marchant et Oriane Jumeaux, l’État a mis en œuvre des mesures de protection pour freiner l’entrée dans la précarité, tels que le chômage partiel, des aides exceptionnelles de la caisse d’allocations familiales (Caf), le maintien automatique de droits. Le ralentissement de l’économie a amené l’État à une vigilance particulière. Et des audioconférences régulières ont été mises en place avec les associations d’aide alimentaire, la Caf, le conseil départemental, les centres communaux d’action sociale des agglomérations (comme celles de Valence, Romans, Montélimar), les principales associations d’aide alimentaire… Ces réunions - qui ont été élargies et auxquelles participe maintenant la chambre d’agriculture de la Drôme - font le point sur les difficultés et des propositions.

Lors des réunions de coordination, « les associations d’aide alimentaire ont estimé important de lancer, avec la chambre d’agriculture, un appel aux dons des agriculteurs, expliquent Annie Marchant, directrice adjointe de la DDCS, Oriane Jumeaux, cheffe du service des politiques de solidarité, et Odile Simon, agent chargé de l’aide alimentaire (de droite à gauche sur la photo).

Incertitudes et inquiétudes

De ces audioconférences, ressort un constat : malgré les mesures d’aides sociales prises, le nombre de demandeurs d’aide alimentaire s’accroît, avec parfois de nouveaux profils (par exemple, des jeunes, des salariés à petit revenu, des saisonniers ne trouvant pas d’emploi…). D’un côté, « est mis en évidence une augmentation des besoins d’aide alimentaire liée à ce contexte de crise sanitaire et son impact économique ». De l’autre, « les associations d’aide alimentaire fonctionnent principalement avec des dons, de grandes collectes à la sortie de magasins ». Or, vu le contexte actuel, des incertitudes suscitent des inquiétudes : « ces collectes pourront-elles avoir lieu et, si oui, quel sera le niveau des dons ? » En outre, s’étant parfois trouvé en rupture de produits, la grande distribution n’a pas toujours pu donner autant que d’habitude aux associations caritatives. Et, en plus, certains fruits et légumes collectés demandent un tri important, que les mesures sanitaires sont venues compliquer.

« L’Etat n’est pas resté sans réponse face à cette situation exceptionnelle », explique Oriane Jumeaux. Il a mis en place deux plans : un à la sortie du confinement au printemps et l’autre à la rentrée scolaire. C’est-à-dire deux enveloppes financières exceptionnelles pour venir en soutien des associations d’aide alimentaire, notamment pour l’achat de denrées ; ce qui est inhabituel. En 2019 pour la Drôme, l’enveloppe globale était de 69 000 euros. Cette année, elle est de 415 000 euros. « Un effort conséquent. »

Appel aux dons

Lors des réunions de coordination, « les associations d’aide alimentaire ont estimé important de lancer, avec la chambre d’agriculture, un appel aux dons des agriculteurs, poursuit Oriane Jumeaux. Certaines travaillent déjà avec eux mais nous nous sommes dit : pourquoi ne pas mettre en place de nouveaux partenariats ? » Tous types de produits ne pouvant être écoulés sur les marchés (en raison de leur calibre, de défauts d’aspect, d’une surproduction...) sont les bienvenus, dès lors qu’ils sont consommables : fruits, légumes, laitages, œufs… « L’idée est, à la fois, d’aider des personnes ayant besoin d’aliments et d’éviter des pertes pour les agriculteurs. Un souci social et écologique. »

Pour ce qui est de l’organisation, « il n’y a pas de schéma défini ». Elle varie en fonction des produits et des volumes disponibles. « Choix a été fait de communiquer les contacts des antennes de distribution locales, avec un référent et ses coordonnées téléphoniques car il ne s’agit pas forcément des grosses quantités (voir tableau "Associations d'aide alimentaire : contacts”). La volonté est d’être au plus près du terrain. En revanche, lors de dons en grande quantité, la Banque alimentaire peut être le bon interlocuteur en raison de sa vocation départementale de ventilation des denrées auprès d’autres associations. » Pour les modalités (de retrait par les associations d’aide alimentaire ou de livraison), « c’est du cas par cas. Au delà de la crise, l’idée est de développer des partenariats qui peuvent se poursuivre, de nouer des liens locaux ».

Annie Laurie

La Banque alimentaire

La Banque alimentaire
La Banque alimentaire Ardèche-Drôme collecte des dons de nourriture. Et, actuellement grâce au soutien de l'Etat, « elle peut aussi acheter des fruits, légumes... aux agriculteurs à un prix intéressant », signale son président Jean-Pierre Serafini.

La Banque alimentaire Ardèche-Drôme (04 75 57 37 05) collecte de la nourriture et la redistribue à 85 associations d’aide alimentaire sur les deux départements, indique son président, Jean-Pierre Séraphini. Mais elle n’intervient pas directement auprès des bénéficiaires de l’aide.

Aux donateurs, dont les agriculteurs, « nous remettons un imprimé Cerfa, pour déduction des impôts, avec les produits et poids qu’ils nous ont donnés et eux décident du montant, explique Jean-Pierre Séraphini, avant de signaler : « Nous pouvons aller chercher sur les exploitations des fruits, légumes..., tout ce qui est alimentaire. Mais aussi leur en acheter à un prix intéressant grâce à l’argent que nous a accordé l’Etat pour compenser le manque de collecte (à cause du confinement) et la grosse hausse du nombre de bénéficiaires ».

A. L.

Aide alimentaire

Acheter à des agriculteurs

Parallèlement, une autre action est engagée avec la chambre d’agriculture de la Drôme et les associations d’aide alimentaire. Et ce, « pour faire en sorte que les crédits alloués à ces associations puissent être réinjectés dans le tissu agricole local, précisent Annie Marchant et Oriane Jumeaux. Un travail est en cours pour identifier les besoins d’achat des associations (types de produits, volumes, fréquences) que la chambre d’agriculture pourrait faciliter en faisant le lien avec des agriculteurs en recherche de marchés ou en difficulté. C’est le fruit d’une réflexion collective, une démarche parallèle à celle des dons. Elles se répondent, se complètent. »

Solaal : « Ne gaspillez pas vos invendus »  

Dans le contexte du Covid-19 et du confinement en vigueur depuis le 31 octobre, l’association Solaal* créée par l’ancien président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer (1951-2013) peut aider gratuitement les agriculteurs, les coopératives et tous les acteurs de la filière agroalimentaire à trouver des débouchés à leurs invendus. L’association est à même d’assurer le service d’intermédiation avec les associations d’aide alimentaire. Vous pouvez déclarer vos dons via le lien suivant : https://dons.solaal.org/. Vous pouvez également contacter l’association via mail : [email protected] ou par téléphone : 01 53 83 47 89.

* Solaal : association reconnue d’intérêt général, qui facilite le lien entre les donateurs des filières agricole et alimentaire et les associations d’aide alimentaire.

Associations d'aide alimentaire : contacts