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Assolement

Tournesol : des perspectives positives pour 2022 

Le tournesol se trouve dans un contexte particulièrement favorable qui conforte son intérêt économique dans les assolements. La maîtrise technique de la culture restera essentielle en 2022 pour assurer une marge rémunératrice.

Tournesol : des perspectives positives pour 2022 
La « ro­bustesse » du tournesol, c’est à dire sa capacité à amortir relativement bien les aléas de la météo estivale et des marchés, est l’un de ses principaux atouts. ©TerresInovia

En Auvergne Rhône-Alpes, les performances régionales devraient atteindre 30 q/ha cette année. À noter, le rendement de certaines parcelles dépasse largement ces moyennes. La moyenne nationale consolidée devrait aussi être proche de 30 q/ha, dépassant ainsi le dernier record historique de 27,6 q/ha enregistré en 2017, selon Agreste. Ces résultats très positifs illustrent que, lorsque les conditions sont favorables, le tournesol remplit ses objectifs de rendement. Les implantations de qualité dans l’ensemble, avec des peuplements satisfaisants voire élevés, ainsi qu’une alimentation hydrique régulière, en particulier sur la période clé de la floraison, ont contribué à ces bons résultats. Les semis précoces jusqu’à fin avril ont mieux profité des pluies de juillet que les semis plus tardifs en esquivant partiellement le stress hydrique estival. Ce qui peut expliquer un rendement en retrait sur les semis tardifs du secteur, moins avancés dans leur cycle lors des semaines de sécheresse d’août.

Des maladies peu présentes ou tardives 

Le bilan sanitaire explique également ces bonnes performances, avec des maladies globalement peu présentes ou arrivées tardivement sur les parcelles. Le tableau 1 affiche les marges indicatives du tournesol, calculées pour quatre hypothèses de rendement, en fonction du prix de la graine et des charges opérationnelles sur les campagnes 2020, 2021 et 2022 (hypothèse de prix pour 2022). S’agissant des marges brutes du tournesol (après déduction des charges opérationnelles), les résultats obtenus en 2021 ont été significativement supérieurs à ceux obtenus en 2020 et lors des campagnes précédentes grâce aux évolutions des rendements, des prix et des charges opérationnelles entre ces deux campagnes. Avec l’envolée des prix d’engrais et les disponibilités incertaines pour la prochaine campagne, le tournesol – peu gourmand en fertilisants – pourrait tirer son épingle du jeu pour les semis 2022. En effet, même si l’augmentation des charges opérationnelles s’estime à environ 125 €/ha, selon les hypothèses retenues, elle sera de moindre ampleur pour le tournesol que pour d’autres cultures plus exigeantes en éléments fertilisants. 

Une fertilisation bien raisonnée sera payante

Dans un contexte de prix des engrais élevés mais aussi de marchés rémunérateurs, il sera particulièrement important d’ajuster les doses d’azote en 2022. Le graphique 1 compare dans les scénarios de prix 2020, 2021 et simulation 2022, les marges brutes du tournesol pour trois doses d’azote : 0, 40 et 80 unités d’azote (la dose conseillée et optimale a posteriori étant de 40 unités d’azote). On observe un impact négatif accru sur ala marge de la sous ou sur-fertilisation dans le contexte économique de 2022. Quant au positionnement, ne pas oublier qu’un apport de 40 unités d’azote en végétation sera plus efficace et rentable que 60 unités au semis. S’il est essentiel de quantifier les intérêts du tournesol à travers le calcul de marge brute à la culture et à l’échelle de la rotation, ce n’est pas suffisant. Il faut également prendre en compte d’autres intérêts économiques induits par cette culture, comme l’effet « précédent ». En effet, les résidus réduits laissés par le tournesol et son impact favorable sur la structure du sol en font un très bon précédent à la céréale suivante. Le tournesol a bien d’autres atouts à valoriser dans la rotation et l’assolement, citons en particulier sa capacité à amortir relativement bien les aléas de la météo estivale et des marchés : on parle alors de sa « robustesse ». N’oublions pas également qu’en tant que culture d’été, elle permet de positionner un couvert végétal dans l’interculture précédente et contribue de ce fait à améliorer la fertilité des sols et à stocker du carbone. Dans un contexte du prix de l’azote fluctuant, les besoins en azote limités du tournesol (apports le plus souvent conseillés compris entre 0 et 80 unités) sont un argument supplémentaire à son intégration dans les assolements 2022.

Vincent Lecomte et Claire Martin-Monjaret , Terres Inovia
Votre contact régional : Alexis Verniau - [email protected]

Les priorités de la filière

La Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux (Fop) a présenté fin novembre ses propositions d’avenir. La première : la mise en place des clauses miroirs aux frontières européennes « afin que les importations respectent enfin les standards européens ». À l’échelle nationale, le secteur appelle aussi à « faire cesser la surtransposition des normes ». Un gros volet concerne l’accès aux moyens de production en permettant « l’usage du phosmet à l’automne 2022 » dont le retrait doit être examiné par l’Union européenne d’ici janvier. Avec déjà une solution alternative, le cyantraniliprole, dont la filière attend l’homologation. Plus polémique : « faciliter le recours aux nouvelles techniques de sélection variétale (NBT) ». Les professionnels montent aussi au créneau pour défendre les tournesols VRTH (variétés rendues tolérantes aux herbicides) qui représentent « environ 30 % des surfaces en France ». La filière demande également d’assurer « la réciprocité des conditions d’utilisation des produits de protection des plantes en réduisant les tolérances sur les produits importés (LMR, limites maximales de résidus) et d’inscrire leurs restrictions d’usage dans un cadre européen pour ne pas fragiliser les producteurs français ». Le secteur des oléoprotéagineux appelle par ailleurs à amplifier les efforts de recherche agronomique et à accompagner le déploiement des innovations. Enfin, la filière demande de  sécuriser le revenu des producteurs pour mener les efforts de transition et d’ouvrir de nouveaux débouchés aux énergies renouvelables issues de la biomasse agricole.