Apiculture
Du miel, des projets  et des vocations 

Pariant sur une année mellifère plus clémente que 2021 où une combinaison de facteurs, dont le gel tardif, ont anéanti 70 % de leur production, plus d’une centaine d’apiculteurs d’Auvergne-Rhône-Alpes ont participé les 7 et 8 février dans la Loire à une rencontre technique.

Du miel, des projets  et des vocations 
Les douze départements de la région Aura rassemblent pas moins de 306 403 colonies. © AD26

2021 annus horribilis pour la production de miel en Auvergne-Rhône-Alpes, première région apicole de France. En l’espace de quelques jours, au début du mois d’avril, la floraison anticipée de bon nombre d’essences a été stoppée par un épisode de gel particulièrement long et violent. « La perte de colonies a été très importante si bien que l’on déplore une baisse de production de 70 % par rapport à 2020 », explique Anaïs Moulier, chargée de communication à l’association de développement apicole d’Aura (ADA Aura). En première ligne des conséquences du changement climatique, l’apiculture doit également composer depuis ces dernières années avec des parasites comme le varroa ou encore le frelon asiatique. « Des essais sont en cours pour tester différentes méthodes de lutte », poursuit l’animatrice. Aujourd’hui, l’association régionale compte 280 adhérents, des apiculteurs essentiellement et des structures apicoles. Si la région compte 15 841 personnes qui déclarent des ruches, seuls 360 sont professionnels et vivent de l’apiculture en détenant individuellement plus de 200 colonies. Entre apiculteurs amateurs et professionnels, les douze départements ne rassemblent pas moins de 306 403 colonies. Et ce chiffre est en expansion régulière. Il a bondi de 15 % entre 2019 et 2020. Pour Anaïs Moulier, cet engouement s’explique par une volonté de renouer avec la nature. « La crise de la Covid-19 a été le déclic pour certaines personnes de se lancer dans un nouveau secteur plus proche de la nature. Des apiculteurs jusque-là amateurs ont eu envie de se professionnaliser . »
Ce public, la jeune femme commence à le côtoyer dans des réunions techniques, comme celles organisées début février dans la Loire par l’association. Comme l’ensemble des professionnels, ces nouveaux venus sont à l’affût des dernières techniques pour améliorer leur production. Hygiène en miellerie, taux d’humidité du miel, cristallisation, conservation, présentation de matériels de conditionnement et de diversification… Autant de sujets qui ont fait l’objet d’ateliers spécifiques, animés notamment par Étienne Bruneau, ingénieur agronome passé par le CARI, centre apicole situé en Wallonie (Belgique), et Eva Juge, animatrice du Sympas (Syndicat des miels de Provence et des Alpes du Sud), ODG de l’IGP miel de Provence et des labels rouges associés miel de lavande-lavandin et miel toutes fleurs. Ces regards extérieurs sont précieux pour la centaine d’apiculteurs qui ont participé à ces rencontres techniques. « Ils leur ouvrent de nouveaux horizons pour mener à bien leur projet de diversification », estime Anaïs Moulier. Nombreux sont ceux qui cherchent à aller jusqu’au produit fini pour gagner en valeur ajoutée en transformant une partie de leur production en nougats et autres pains d’épices. Mais résumer l’apiculture seulement à la production de miel serait une erreur. « La gelée royale, la propolis et la cire sont les trois autres produits de la ruche qui méritent aussi d’être valorisés. »
Sophie Chatenet