Volailles : pourquoi et comment aménager un parcours ?

Quels intérêts, pour un aviculteur, d'aménager le parcours de son élevage de volailles ? En France, les parcours représentent une surface « non négligeable et à valoriser ». Et les raisons de les aménager (avec des arbres, haies, cultures, couverts végétaux...) sont multiples, a répondu Marion Pertusa, chargée de mission (alimentation, bâtiment, environnement et biosécurité) au sein de l'Itavi* lors de la journée poulettes et poules pondeuses organisée par cet institut le 28 mars à Valence.
Des intérêts pluriels
Les consommateurs ont « une attente forte » en termes d'image de l'élevage en plein air. Pour les volailles, un parcours arboré les sécurise, les abrite des rapaces, favorise le comportement naturel. Elles prospectent davantage l'espace, restent moins devant les trappes du bâtiment. Leur appareil musculo-squelettique est ainsi stimulé. C'est également une protection contre le vent (ralentissement du phénomène), le soleil et les fortes chaleurs (thermorégulation facilitée). Côté aviculteur, un parcours arboré donne à son élevage une image positive. En outre, son cadre de travail est plus agréable. Et il peut « optimiser l'espace pour en retirer des bénéfices » : valorisation secondaire, par exemple, de bois énergie ou d'œuvre, BRF**. Sur le plan environnemental, l'intervenante a mis en avant des intérêts dans la gestion de l'azote et du phosphore (moins de déjections à la sortie des trappes), le stockage du carbone et le maintien de la biodiversité (variété d'essences végétales, pollinisation, couloirs de déplacement, refuges et sources d'alimentation pour les insectes). En plus, un élevage avec parcours arboré s'insère mieux dans le paysage, son acceptation par le voisinage peut ainsi être facilitée.
Concernant les cultures autorisées sur les parcours, a été soulevé le problème de la réglementation, qui n'est pas la même dans tous les départements. Par exemple, en Isère, il est possible de planter des noyers. En Drôme, la DDPP*** n'autorise pas les arbres fruitiers. Aussi, Philippe Juven, éleveur de poules pondeuses drômois et président du CNPO**** (interprofession de l'œuf), a ce jour-là prôné une harmonisation des règles.
Bien construire son projet
Pour créer un parcours, Marion Pertusa recommande de bien définir ses objectifs en prenant en compte le temps disponible, l'investissement nécessaire, le contexte pédoclimatique. Mais aussi de réfléchir au projet avec son technicien d'élevage, un conseiller agroforestier ou spécialisé dans l'aménagement des parcours. Et de citer quelques points de vigilance « pour avoir un parcours efficace et agréable au bout de quelques années » : protéger des vents dominants ; laisser 15 à 20 mètres entre les trappes et les premières plantations ; apporter de l'ombre sur 30 à 40 % du parc ; espacer les arbres pour pouvoir mécaniser l'entretien ; optimiser le placement des haies et arbustes pour inciter les volailles à aller jusqu'au fond du parc ; choisir des plants de deux ou trois ans (pour une meilleure reprise) et les protéger (avec un grillage...) ; pailler le sol à leur pied pour maintenir l'humidité et limiter la pousse des adventices (efficacité jusqu'à trois ans).
Enfin, l'intervenante a rappelé la possibilité d'une subvention de la Région pour les aménagements de parcours via son plan de filière avicole 2018-2020. Une aide à hauteur de 40 % du coût hors taxes pour l'achat et la mise en place des plants, matériels de protection... La demande est à déposer auprès d'Afivol (association régionale de la filière avicole).
(1) Itavi : institut technique des filières avicole, cunicole et piscicole.
* Itavi : institut technique de l'aviculture.
** BRF : bois raméal fragmenté.
*** DDPP : direction départementale de la protection des populations.
**** CNPO : interprofession de l'œuf.