Les Bouquets de July, les fleurs champêtres d’une passionnée
Installée à Comps, entre Dieulefit et Bourdeaux, July Gras est productrice de fleurs fraîches depuis l’an dernier. Elle défend plus que jamais des cultures locales, de saison et respectueuses de l’environnement.

Ce sont sur les terres familiales de Comps que July Gras s’est installée au 1er janvier 2023 en tant que cotisante solidaire. « Je suis installée au cœur de la Ferme de la Patte, sur des terres qui appartenaient à mon grand-père. Décédé il y a trente-deux ans, il cultivait des céréales et de la lavande. Personne n’a repris derrière lui mais mon père et mon oncle, qui n’étaient pas du tout dans la profession agricole, avaient fait le choix de conserver les terres », explique July Gras. Pour elle, reprendre la suite de son grand-père était une évidence : « C’est ma passion depuis toujours. J’ai toujours voulu être agricultrice, et je sais que mon avenir est ici ».
Après des études agricoles réalisées au lycée du Valentin à Bourg-lès-Valence (baccalauréat STAV option productions animales en 2016) puis à Olivier de Serres à Aubenas (BTS analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole en 2018), la jeune femme a travaillé au sein de plusieurs fermes de la région… avant d’intégrer une jardinerie de Dieulefit. « Ma passion des fleurs, transmise par ma grand-mère, a alors explosé. Si je travaille en pépinière au milieu de plantes à racines, j’aime par-dessus tout les fleurs fraiches coupées. J’ai longtemps travaillé mon projet d’installation et c’est ainsi que je me suis lancée dans l’aventure, en créant Les Bouquets de July ! »
Peu de recul sur la culture des fleurs fraîches
En parallèle de son activité salariée qui l’occupe 35 h de son temps, la jeune femme de 26 ans s’est alors installée sur 9 hectares. Après un gros travail de réaménagement des chemins et de réouverture des parcelles, July Gras cultive une parcelle de 2 000 m² de fleurs champêtres, le reste des parcelles étant cultivé en grandes cultures (blé) bio et conversion. « À terme, je reprendrai l’ensemble des terres, à savoir 17 hectares sans compter les bois, pour implanter des plantes à parfum aromatiques et médicinales », souligne-t-elle. Mais pour l’heure, July Gras découvre petit à petit le monde floral et toutes les caractéristiques qui en découlent. « Il n’y a encore pas trop de recul sur la culture de fleurs fraîches, donc j’apprends vraiment sur le tas. Je teste différentes fleurs, différentes variétés et j’apprends de mes erreurs ! »
Elle cultive ainsi une vingtaine de variétés de fleurs, parmi lesquelles les tulipes, dahlias, glaïeuls, lys, pivoines, amarantes et autres plantes vivaces et annuelles. « Je les choisis en fonction de mes goûts, des couleurs... Le choix est toujours difficile car je les aime toutes (rires !). »
Ce projet a pu voir le jour uniquement grâce à la présence d’une source présente sur les terres. « C’était la condition sine qua non de mon installation puisque les fleurs sont assez gourmandes en eau. J’ai besoin d’environ 1 000 litres d’eau par arrosage, que j’effectue en goutte-à-goutte et de préférence la nuit pour éviter l’évaporation et permettre aux racines de pénétrer en profondeur. Durant les trois mois d’été (juin, juillet, août), j’arrose un jour sur deux », indique-t-elle.
Un travail manuel, sans intrant chimique
La culture des fleurs nécessite par ailleurs un travail colossal. « La plantation, le désherbage et la récolte se font à la main. C’est un travail physique, qui nécessite d’être souvent penchée. Je n’utilise aucun intrant chimique, mais je ne suis pas à l’abri des maladies. Pour l’instant, je n’ai pas trop de problèmes de ce côté-là, même si dès que je vois des feuilles abîmées, je les coupe et les enlève totalement de la parcelle. Au cœur de la saison, j’utilise cependant un engrais autorisé en agriculture biologique riche en potasse et en magnésie, afin de redonner un coup de fouet à la plante et réactiver la floraison. Sinon, j’utilise du fumier de cheval ou de bovin. »
Seule agricultrice à « aimer » les adventices, July Gras explique s’en servir en complément de ses autres fleurs : « Je valorise les carottes sauvages, les marguerites, les coquelicots et autres campanules, en les incluant dans mes bouquets champêtres ! » La « faiseuse de bouquets », qui défend fièrement les fleurs locales et de saison, aime dire qu’elle les cultive « à la dure », mais avec amour. « Ces fleurs sont naturellement robustes puisqu’elles sont cultivées en pleine terre ».
Côté commercialisation, la jeune agricultrice aime aller au contact de ses clients, sur une terrasse privée de Dieulefit où elle vend chaque dimanche matin ses bouquets de fleurs champêtres. Elle réalise également des bouquets et des décorations florales pour des mariages et aimerait à terme développer ses points de vente. « Je me laisse trois ans pour développer mon exploitation, le temps que mon activité ait pris son rythme de croisière », indique-t-elle.
Dans ses projets de développement, l’installation prochaine d’une serre lui permettra d’augmenter ses plates-bandes florales et, ainsi, étaler davantage ses cultures. « L’enjeu sera vraiment d’étaler la floraison tout au long de l’année », déclare-t-elle. July Gras aimerait également créer un abri directement aux abords de sa parcelle fleurie, d’une part pour faciliter la logistique « récolte - confection de bouquets » mais aussi d’avoir un lieu d’accueil pour sa clientèle.
Amandine Priolet
July Gras : « il est grand temps d’ouvrir les yeux ! »
Le 9 octobre devant la cour d’appel de Rennes, une ancienne fleuriste a demandé la reconnaissance du préjudice subi par sa fille, morte à l’âge de onze ans d’une leucémie liée à son exposition aux pesticides durant la grossesse. Le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) a reconnu « le lien de causalité entre la pathologie » d’Emmy Marivain et « l’exposition aux pesticides durant la période prénatale », a-t-il été indiqué à l’AFP. Face à cette histoire dramatique, July Gras témoigne : « Il est grand temps d’ouvrir les yeux ! Pour ma part, je suis consciente du danger des pesticides et c’est la raison pour laquelle il n’y aura jamais de traitement chimique dans mes parcelles. Ainsi, je sais que mes fleurs ne sont ni néfastes pour mes clients qui les respirent…ni pour la biodiversité ! C’est très important que mes fleurs soient saines pour les oiseaux, les papillons, les insectes pollinisateurs... Nous sommes tous concernés par cette question-là. »
A. P. avec AgraPresse