Glyphosate : E. Macron ne change pas d’avis
Emmanuel Macron a reconnu ne pas avoir réussi à tenir sa promesse de sortir du glyphosate en trois ans, plaidant un échec «collectif», dans un entretien le 4 décembre à Brut.

Interrogé le 4 décembre sur la plateforme média Brut, le président de la République, Emmanuel Macron, a été questionné sur sa promesse d’interdire le glyphosate en 2020. « Je n'ai pas changé d'avis, je suis pour qu'on en sorte, mais je n'ai pas réussi », a-t-il affirmé, plaidant un échec « collectif ».
Considérant que le glyphosate « n’est pas le produit le pire » ni « le plus dangereux, de très loin », il a souligné les « distorsions de concurrence » si on venait à l’interdire en France. Car « les autres [pays européens] ne vont pas au même rythme que nous, et ça nous met en danger [économiquement] sans régler le problème. Quand on veut lutter contre les pesticides, l'Europe est au bon niveau », illustrant son propos avec la ré-autorisation des néonicotinoïdes.
Interpellé sur la transition écologique, il a appelé à ne pas jouer « camp contre camp. On doit jouer ensemble. On n'arrivera pas à interdire les insecticides et les fongicides sans les agriculteurs, on ne réussira pas sur la transition de la mobilité si on n'entraîne pas tous les Français ».
Vers un crédit d'impôt pour les exploitations se passant de glyphosate
A l'occasion de l'examen du projet de loi de finances (PLF) pour 2021, le 6 décembre, le Sénat a adopté, avec avis favorable du gouvernement, des amendements portés par des sénateurs LREM, PS, PRG et radicaux, portant création d’un crédit d’impôt d’un montant de 2 500 € «permettant de soutenir les entreprises agricoles qui déclarent en 2021 et/ou 2022 qu’elles n’utilisent plus de produits phytopharmaceutiques contenant la substance active du glyphosate». L’objectif, expliquent les sénateurs dans l'exposé de leurs motifs, est de «soutenir économiquement les filières les plus impactées économiquement en raison de leur consommation de glyphosate, ce qui est le cas des cultures pérennes (viticulture, arboriculture) et des grandes cultures». Ce dispositif ne sera pas cumulable avec les crédit d’impôt agriculture biologique et haute valeur environnementale (HVE). Et elle reste conditionnée à une autorisation de la Commission européenne. La mesure a été saluée en séance par le sénateur écologiste Joël Labbé. Cette décision fait écho à la déclaration de Julien Denormandie au micro de RTL le 27 novembre. A la suite du Conseil de défense écologique, il annonçait que le gouvernement allait «accentuer l’aide financière aux agriculteurs» sur ce dossier. Des «dispositions» seraient «présentées au Parlement dans les prochains jours», avait annoncé Julien Denormandie.