Distinctions
Pierre Combat et Jean Gabert, honorables chevaliers

Très investis dans le monde viticole, Jean Gabert et Pierre Combat ont été décorés respectivement de l’ordre du Mérite agricole et de l’ordre national du Mérite, le 1er décembre à Mercurol-Veaunes.

Pierre Combat et Jean Gabert, honorables chevaliers
Les deux médaillés, Jean Gabert et Pierre Combat, avec leurs épouses et Michel Chapoutier, parrain de la cérémonie. ©AD26_CL

Au domaine des Combat jeudi 1er décembre à Mercurol-Veaunes, plus de cent-cinquante convives ont assisté aux décorations de Jean Gabert et Pierre Combat, deux personnalités connues et reconnues du monde viticole des Côtes-du-Rhône. Et c’est Michel Chapoutier, producteur et négociant en vins à Tain-l'Hermitage, qui a procédé, en illustre et amical parrain de cette cérémonie, à la remise des médailles de chevalier de l’ordre national du Mérite pour l’un et de chevalier du Mérite agricole pour l’autre. Une cérémonie orchestrée par Didier Fabre, président du comité départemental de l’Association nationale des membres de l’ordre national du Mérite.

Au service des côtes-du-rhône

Vauclusien d’origine né en 1961, Jean Gabert a déroulé toute sa carrière professionnelle dans le monde du vin. Diplômé d’œnologie en 1988, il rejoint le CICRVR, ancêtre d’Inter Rhône, organisme interprofessionnel regroupant l'ensemble de la filière viti-vinicole des AOC de la vallée du Rhône. Là, il coordonnera une vingtaine de sections représentant l’ensemble des appellations des Côtes-du-Rhône. En 1997, il est nommé directeur de la Maison des vins de Tournon-sur-Rhône. Depuis 2011, il dirige la Maison des vins de Tain-l'Hermitage. Il est aussi conseiller spécial d’Inter Rhône. 

« Après trente-quatre ans au service de nos vins, de notre filière et de notre région, après trente-quatre ans à faire l’interface entre les professionnels et les élus, tu le mérites ce poireau(1) », lui a lancé amicalement Michel Chapoutier, avant de le décorer de la médaille de chevalier de l’ordre du Mérite agricole. Passionné de rugby, Jean Gabert s’est ensuite exprimé pour, notamment, mettre l’accent sur la force du collectif, le soutien de sa famille. Il a conclu par un clin d’œil à la conjoncture (lire ci-XXXXXX) : « Si tout le monde appréciait autant le vin que moi, il n’y aurait ni plan d’arrachage, ni demande de distillation aujourd’hui », a-t-il déclaré.

Famille, amis, collaborateurs et personnalités sont venus nombreux au Domaine des Combat pour célébrer les deux remises de médailles.

Un engagement dans la durée

L’engagement, c’est aussi ce qui caractérise Pierre Combat, vigneron à Mercurol-Veaunes, également passionné de rugby. Né en 1962 à Tain-l'Hermitage, il s’installe en 1982 après avoir obtenu son Bepa viticulture œnologie. Aussitôt, il s’engage chez les Jeunes Agriculteurs, localement mais aussi à Paris dans le groupe vin du CNJA(2). En 1985, il entre au conseil d’administration de la Cave de Tain, puis au syndicat de l’AOC Crozes-Hermitage qu’il préside depuis 2007. Il sera aussi pendant dix ans, de 2006 à 2016, le président de la fédération des caves coopératives de la Drôme. Élu à la chambre d’agriculture de la Drôme en 2007, il assure depuis 2013 la vice-présidence de l’établissement, en charge du foncier. Il est aussi président du comité vin Auvergne-Rhône-Alpes, administrateur d’Inter Rhône, membre du bureau du syndicat général des Côtes-du-Rhône, trésorier à la Fraoc Sud-Est. 

« Tu as eu la volonté, l’opiniâtreté et la générosité de t’investir pour nous offrir tes compétences et ta persévérance. Merci pour tout ce que tu as fait. La République te doit bien ce Mérite », lui a dit Michel Chapoutier avant de le décorer de la médaille de chevalier de l’ordre national du Mérite. « Rugby et viticulture sont mes deux passions », a confié Pierre Combat avant de rendre hommage à ses proches et à tous ceux qui l’ont « supporté » dans les conseils d’administration ainsi qu’à Jacky Léchenard, son « père spirituel de la viticulture ».

Christophe Ledoux

(1) « Obtenir le poireau » signifie recevoir l'ordre du Mérite agricole.

(2)  CNJA : Centre national des Jeunes Agriculteurs.

(3) Fraoc : Fédération régionale des syndicats de producteurs de vins AOC.

Deux ordres, deux dates

L'ordre du Mérite Agricole a été créé le 7 juillet 1883 par Jules Méline, ministre de l'Agriculture, pour récompenser les services rendus à l'agriculture.

L'ordre national du Mérite a été créé le 3 décembre 1963 par le général de Gaulle pour récompenser les mérites acquis soit dans une fonction publique, civile ou militaire, soit dans l'exercice d'une activité privée.

Vallée du Rhône : les appellations vinicoles à la peine
En vallée du Rhône, les appellations connaissent des difficultés. Au point que le syndicat des vignerons des côtes-du-rhône réclame des aides à la distillation, à l’arrachage pour notamment replanter en blancs, lesquels profitent d’une meilleure dynamique. ©AD26

Vallée du Rhône : les appellations vinicoles à la peine

Dans le secteur du vin, la France semble actuellement coupée en deux. Des vignobles, comme en Champagne et Bourgogne, profitent d’une belle récolte, de ventes dynamiques tirées par l’export. Plus au sud, le temps est à l’orage. La « déconsommation » des vins rouges (- 32 % en dix ans, d’après une étude Kantar publiée le 17 novembre par RTL) pousse la filière à réclamer des aides à l’arrachage. 

En vallée du Rhône, les appellations connaissent des difficultés. Au point que le syndicat des vignerons réclame des aides à la distillation, à l’arrachage pour notamment replanter en blancs, lesquels profitent d’une meilleure dynamique. « On a perdu des consommateurs, la demande est plus volatile, plus diverse, explique le président Denis Guthmuller. Cela appelle des adaptations. »

Selon Inter Rhône, un peu plus de 2,5 Mhl sont commercialisés, la tendance étant « légèrement à la baisse » (- 3 %) ces derniers mois, plombée par le vrac (- 5 %) alors que les volumes conditionnés progressent. Des divergences apparaissent aussi selon la couleur des vins. En blancs, les quantités vendues grimpent de 10 % par rapport à 2020-2021. Les rouges sont à - 4 % avec des appellations régionales en baisse (- 5 % en côtes-du-rhône, - 18 % en costières-de-nîmes) quand les crus progressent (+ 11 % en saint-joseph, + 10 % en lirac), signe d’une « premiumisation ». Les rosés, à - 8 %, montrent un plafonnement, d’après Philippe Pellaton, président d’Inter Rhône. Enfin, les tendances s’opposent entre, d’un côté, les crus qui progressent (+ 4 %) et, de l’autre, les appellations régionales « plus en difficulté, étant sur une consommation courante ». Pour ajuster l’offre, Inter Rhône a voté la création d’une mise en réserve interprofessionnelle (20 % de la récolte 2022) destinée aux côtes-du-rhône rouges.

Vignes résistantes : l’Inrae honore une réussite française

Lors de la traditionnelle cérémonie de remise des Lauriers de l’Inrae, le 29 novembre à Paris, le prix « impact de la recherche » a été remis aux équipes Inrae des centres Grand Est-Colmar, Nouvelle-Aquitaine-Bordeaux et Occitanie-Montpellier. Depuis plus de vingt ans, agronomes, généticiens, pathologistes et œnologues de ces trois centres travaillent à produire des vignes naturellement résistantes aux maladies pour s’affranchir de traitements chimiques tout en produisant des vins de qualité. Leurs travaux ont abouti à l’inscription au catalogue français de neuf variétés de vignes résistantes au mildiou et à l’oïdium. Une innovation majeure et une réussite française qui permet de réduire de plus de 90 % le recours aux fongicides. Ces travaux sur les vignes résistantes « permettent de sortir des produits phytosanitaires tout en offrant un produit à la hauteur de ce qu’est la France sur le plan viticole, a confié le ministre de l’Agriculture en remettant ce prix collectif. La recherche, c’est du temps long, pas de l’immédiateté. »