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Plantation des vignes :  les règles d’or

Il est recommandé d’anticiper une plantation de ceps au moins trois ans à l’avance, afin de ne pas négliger les étapes essentielles en amont.

Plantation des vignes :  les règles d’or
Avant plantation, le travail du sol est une étape essentielle pour permettre le bon enracinement des jeunes plantiers. © page Facebook Pépinières Tourette

Cette année, il s’est greffé plus de 230 millions de plants en France. Un chiffre annoncé par Pierre-Denis Tourette, secrétaire général de la Fédération française de la pépinière viticole, à l’occasion du PNDV* Tour à Montélimar, le 18 novembre dernier. L’occasion de rappeler les règles d’or de la plantation, que chaque viticulteur se doit de connaître et mettre en œuvre pour la réussite de ses parcelles viticoles. « Quand nous plantons une vigne, nous nous engageons sur trente ans. Nous ne sommes donc pas à un an près. Il est recommandé d’anticiper une plantation au moins trois ans à l’avance, afin de ne pas négliger les étapes essentielles que sont l’étude des sols, le choix du matériel végétal en fonction du sol et des objectifs, la préparation et la fertilisation des sols », indique Pierre-Denis Tourette, aussi pépiniériste à Vogüé (Ardèche) et président du syndicat de la pépinière viticole Drôme-Ardèche.

Anticiper

L’anticipation est donc le maître mot lorsqu’un viticulteur souhaite planter de nouvelles vignes, d’autant plus que les pépiniéristes ont généralement besoin de dix-huit mois pour fabriquer les plants de vigne traditionnels et de huit mois pour les plants en pots. « Aussi, avant plantation, il est primordial d’appliquer certaines pratiques dont le repos du sol, surtout sur des parcelles virosées », poursuit-il. Il est notamment préconisé d’attendre une période de 18 à 24 mois entre l’arrachage et la plantation pour ralentir le développement des maladies. « L’extirpation des racines est l’une des seules façons de ralentir la propagation des virus ».

Un cépage adapté à la nature du sol

Durant cette période, l’incorporation d’engrais verts se fait au cours d’un labour, dont la profondeur ne doit pas excéder 20 à 30 centimètres. Par ailleurs, avant plantation, l’analyse du sol est indispensable pour déterminer la variabilité et les caractéristiques agronomiques de la parcelle. « L’adaptation des cépages, clones et porte-greffes aux caractéristiques agronomiques d’un sol s’inscrit comme une condition indispensable à la durabilité ». Le viticulteur doit notamment choisir avec soin le cépage qu’il souhaite implanter, en fonction des potentialités viticoles des parcelles dont il dispose et du vin qu’il souhaite produire. Dans les derniers mois précédant la plantation, il est recommandé de préparer le sol, via un décompactage mécanique, afin de faciliter le développement du système racinaire. La zone d’enracinement doit aussi être émiettée un mois avant la plantation, afin d’éliminer toute mauvaise herbe.
La plantation, généralement réalisée entre février et mai selon les conditions climatiques, nécessite une intervention des pépiniéristes 48 heures avant afin de permettre l’acclimatation des plants traditionnels. « La réhydratation des plants dure 24 heures », annonce Pierre-Denis Tourette.

Les jeunes plants, plus sensibles aux maladies

« Le chantier ne s’arrête pas à la plantation », alerte Pierre-Denis Tourette. En effet, le système racinaire du jeune plant, peu développé, a besoin d’eau pour se développer. Il est donc impératif d’ajouter au moment de la plantation cinq litres par plant, puis a minima un arrosage supplémentaire. « Nous avons constaté que deux arrosages sont souvent insuffisants. Il ne faut pas attendre l’apparition des premiers symptômes de stress hydrique pour arroser ses plants ». Aussi, pour favoriser l’enracinement, la filière préconise de privilégier l’entretien mécanique du sol, avec des griffes, afin d’éviter l’asphyxie racinaire et une meilleure implantation. Une maîtrise précise des jeunes plantations contre les maladies est également importante. « Les jeunes plantiers sont très sensibles aux maladies cryptogamiques comme le mildiou et l’oïdium. Les traitements doivent être prolongés a minima jusqu’aux vendanges, voire plus tard encore, pour éviter les dégâts dus au mildiou mosaïque », conclut Pierre-Denis Tourette. En cas de dégâts considérables, la reprise de 10 % des plants peut être mise à mal.

Amandine Priolet  

* PNDV : plan national dépérissement du vignoble.

Filmer son troupeau en extérieur :  un outil d’aide à la décision

Pour accompagner les viticulteurs, l’Institut français du vin et de la vigne, la Fédération française de la pépinière viticole et l’Entav-Inra ont édité, fin 2016, une plaquette rappelant les règles d’or de la plantation de vigne. Un outil pratico-pratique qui permet aux professionnels de la filière de combiner tous les principes de réussite.