Appui technique et économique
Agriculture biologique : un accompagnement sur mesure

En bio, que ce soit sur l’installation, la conversion, le conseil technico-économique, la chambre d’agriculture propose un accompagnement adapté à chaque situation, avec le soutien financier de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et du Département de la Drôme.

Agriculture biologique : un accompagnement sur mesure
Dans le cadre du plan bio régional, les agriculteurs peuvent bénéficier d’un accompagnement individuel à coût réduit pour la conversion ou le suivi technico-économique. © Photo archives CA26

En Drôme, sur la période 2009-2019, le nombre d’exploitations engagées en agriculture biologique a été multiplié par deux. Il dépasse aujourd’hui les 1 500, soit plus de 20 % des fermes du département. Depuis plus de vingt ans, la chambre d’agriculture de la Drôme accompagne ces agriculteurs par des réunions techniques, des formations, du conseil individuel, de la diffusion d’informations... Elle est par ailleurs la cheville ouvrière du Salon Tech&bio, rendez-vous incontournable dédié aux pratiques bio et alternatives, dont la prochaine édition se déroulera les 21, 22 et 23 septembre prochains.

En 2017, l’organisme consulaire s’est également engagé dans le plan bio porté par la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Ce plan, déployé sur cinq ans, se fixe un objectif de 30 % d’agriculteurs supplémentaires produisant en bio. Il s’appuie notamment sur les chambres d’agriculture pour rechercher de nouveaux producteurs, accompagner à la conversion et fournir un appui technique spécialisé.

Grâce au soutien financier de la Région et du Département, la chambre d’agriculture de la Drôme a développé de nouvelles prestations pour celles et ceux qui souhaitent s’installer, convertir tout ou partie de leur exploitation ou disposer d’un accompagnement spécifique sur une production. Le coût de ces services est relativement réduit pour l’agriculteur puisque la Région Aura prend en charge jusqu’à 80 % du montant de la prestation.

Comment bénéficier d’un accompagnement bio ?

Première étape si vous souhaitez être accompagné dans un projet de conversion : prendre contact avec le point accueil bio. Celui-ci va vous orienter vers le conseiller spécialisé correspondant à votre production. « Nous sommes en capacité d’accompagner en grandes cultures, semences, maraîchage, légumes de plein champ, arboriculture, noix et châtaigne, viticulture, plantes à parfums aromatiques et médicinales (Ppam), bovins, ovins, caprins, volailles, porcs, lapins, cailles, lamas alpaga... », énumère Christel Nayet, conseillère et référente régionale sur la réglementation bio.

Un premier rendez-vous est proposé : c’est la « rencontre info bio ». Totalement gratuite pour l’agriculteur, elle va permettre d’aborder les bases réglementaires, les étapes de la conversion, les aides financières et d’identifier si un accompagnement plus approfondi sera nécessaire. « Nous vérifions également si la conversion est possible. Parfois, il arrive qu’au stade de ce premier rendez-vous, on prévienne l’agriculteur que son projet sera difficile », explique la conseillère.

Si le producteur souhaite se lancer, il a la possibilité de faire appel à deux prestations de la chambre d’agriculture : soit « l’étude de faisabilité de conversion bio », soit « l’étude de projet de conversion ». La première permet de réaliser l’état des lieux des pratiques, d’identifier les changements à mettre en œuvre pour passer en bio, de faire le point sur les indicateurs économiques essentiels et d’établir les atouts et contraintes de l’exploitation par rapport au projet. La seconde s’appuie sur cette étude de faisabilité, mais propose également une étude économique analysant les conséquences du passage en bio de l’exploitation et les scénarios possibles. Ces prestations sont facturées 100 euros HT pour la première ou 250 euros HT pour la seconde, la Région et la chambre d’agriculture prenant en charge plus de 80 % du coût réel.

Un mois pour se lancer

« Le plan bio permet au producteur d’avoir accès à un accompagnement très complet à un coût très réduit, signale Christel Nayet. Entre le premier contact et la réalisation de l’une ou l’autre des études, il faudra compter un mois environ », précise-t-elle. Dès lors, l’agriculteur pourra démarrer sa conversion. Durant cette période, il peut bénéficier d’un suivi sur les questions techniques, économiques, la diversification, les débouchés… « Cela peut aller du réglage d’une machine, à l’élaboration d’une ration pour les animaux, au suivi d’une culture, à la mise en place d’une rotation, au choix d’espèces en fonction du stade de conversion et de la demande du marché... », poursuit la conseillère. Ce suivi est facturé 50 euros HT / jour dans le cadre du plan bio.

Pour ceux qui produisent déjà en bio, la chambre d’agriculture propose un suivi individuel (technique, diversification de production…) qui bénéficie également du soutien du plan bio. Son reste à charge est de 104 euros HT/ jour pour l’agriculteur.

Enfin, la chambre d’agriculture organise régulièrement des journées thématiques sur le terrain, même si l’épidémie de Covid a perturbé leur déroulement depuis un an. « Nous avons essayé d’adresser davantage d’informations par mail pour ne pas pénaliser les producteurs », souligne la conseillère. Sans oublier quatre fois par an la publication de « Repères Tech&Bio », bulletin technique réalisé par les chambres d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes.

S.Sabot

Point accueil bio Drôme : Cécile Comte au 04 75 82 40 15.

Témoignage : « Un œil avisé et objectif »

Témoignage : « Un œil avisé et objectif »

Installé fin 2017, Jérôme Fourres exploite près d’une centaine d’hectares en agriculture biologique autour de Portes-en-Valdaine et Sauzet. La plupart des terres ont été reprises à son entourage familial, dont 17 ha déjà en bio, le reste a été converti depuis son installation. Parmi ses productions : 10 ha de lavandin, 40 de céréales, 25 de luzerne fourragère, 4 à 5 de luzerne semencière, 10 de maïs semence, 4 de tournesol semence et 4,5 d’ail. C’est pour se lancer sur cette dernière production que Jérôme Fourres a sollicité l’appui de la chambre d’agriculture. « Quand j’ai décidé de produire de l’ail bio, je n’y connaissais rien. Le conseiller Mikaël Boilloz m’a accompagné de A à Z pour ce projet de diversification : choix des parcelles, préparation du sol, choix des plants, désherbage mécanique, gestion de la rouille, irrigation, stade de récolte, séchage... », explique le producteur.

Depuis trois ans, il a souhaité contractualiser un appui technique d’environ une journée et demi chaque année. « C’est une prestation que nous adaptons en fonction des besoins de l’agriculteur. Dans le cas de Jérôme Fourres, je visite ses parcelles quasiment six fois dans l’année. Ces visites sont suivies d’un compte rendu écrit systématique que je lui remets », précise Mikaël Boilloz. « A partir des plantations en novembre, nous nous appelons régulièrement pour échanger nos points de vue sur la culture, commente le producteur. Mikaël voit beaucoup de parcelles, il est très alerte sur les ravageurs, les maladies, la météo... Quand je pose une question, j’ai une réponse dans la journée. Sur l’ail, je ne pense pas que j’aurais pu obtenir de tels résultats sans ses conseils. » Il estime avoir trouvé de « grandes compétences au sein de la chambre d’agriculture » et compte continuer à faire appel à cet appui technique qui offre « un œil avisé et objectif ».

S.Sabot

Point de vue / François Monge, élu de la chambre d’agriculture de la Drôme en charge de l’ agriculture biologique.

Point de vue / François Monge, élu de la chambre d’agriculture de la Drôme en charge de l’ agriculture biologique.

« C’est une volonté de la chambre d’agriculture que de développer l’agriculture biologique dans la Drôme, que ce soit en filières courtes ou en filières longues, affirme François Monge. Ce travail est engagé depuis de nombreuses années et c’est certainement l’une des raisons pour lesquelles le nombre d’exploitations bio sur le département a doublé en dix ans pour dépasser aujourd’hui les 1 500.» Ce développement s’est également concrétisé grâce au soutien financier du Département de la Drôme et de la Région, souligne-t-il.

« Aujourd’hui la plupart des filières dispose d’un conseiller spécialisé sur la bio, poursuit-il. En tant qu’éleveur ovin, quand je me suis lancé en bio il y a plus de vingt ans, j’ai été accompagné par la chambre d’agriculture et par ma coopérative. Ça m’a permis d’avoir un soutien moral et technique car c’est vrai, ce n’est pas toujours facile. J’ai pu bénéficier d’un accompagnement par des personnes spécialisées, compétentes et réactives. »

François Monge insiste également sur la présence de référents techniques de la chambre d’agriculture de la Drôme dans les instances régionales et nationales : « C’est un choix qu’ont fait les élus et qui permet de faire remonter les propositions et contre-propositions des agriculteurs drômois sur les dossiers concernant l’agriculture biologique. »

En Drôme

Dans le cadre du nouveau plan bio entre 2017 et 2020, la chambre d’agriculture de la Drôme a réalisé : 

- 115 journées « filières » : démonstration de matériel, travail du sol, gestion des adventices et de l'enherbement, gestion des maladies des plantes, soin des animaux, engrais verts, rotation, choix variétal, prairies et fourrages, cultures dérobées, méteils grains et fourragers ...

- Une à deux formations par an sur la conversion bio, principalement en grandes cultures et en arboriculture.

- 330 rencontres info bio gratuites.

- 25 études de faisabilité ou de projet de conversion bio.

- 40 agriculteurs ont bénéficié d'un suivi technico-économique durant la conversion.

- 75 agriculteurs déjà en bio ont bénéficié d’un appui individuel.

- 2 à 7 groupes par an sont accompagnés, principalement en viticulture et grandes cultures.