L’irrigation des céréales en 2022
Les stades des céréales sont maintenant bien avancés. Le stade épi 1 cm est en cours de réalisation pour la majeure partie des situations. La montaison va s’enclencher, et il faut se tenir prêt pour éventuellement démarrer l’irrigation qui va participer directement à sécuriser le rendement mais aussi à valoriser les autres intrants. Les conseils d’Arvalis.

L’hiver 2022 a été frais et sec. Les précipitations sur les trois premiers mois de l’année ont été très inférieures à la normale. Les apports d’engrais sont généralement mal valorisés faute d’avoir pu être mis en solution et les réserves en eau des sols sont déjà très entamées. L’irrigation des céréales devra être mise en œuvre en ce début de montaison si les conditions climatiques n’évoluent pas vers plus de précipitations.
Le blé valorise l’irrigation
Sur les deux sites irrigables de Lyon Saint-Exupéry (Rhône) et Étoile-sur-Rhône (Drôme), la pratique de l’irrigation amène régulièrement des quintaux supplémentaires en fonction de la pluviométrie printanière. Le rendement diminue mécaniquement de 1 % quand la satisfaction des besoins en eau de la culture baisse de 1 %, en comparaison à une culture bien alimentée. Au final, les gains de rendements liés à l’irrigation vont de 0 à 25 quintaux/ha (q/ha) pour les limons profonds d’Étoile-sur-Rhône et de 5 à 30 q/ha pour les sols de graviers. En règle générale, on peut compter de 6 à 9 q/ha de gain pour 30 mm d’irrigation.
Valoriser l’azote
On sait qu’il faut environ 15 mm dans les 15 jours suivant un apport d’engrais azoté pour le mettre en solution et permettre son absorption par la plante.
À de nombreuses reprises ces dernières années, une irrigation précoce, indépendamment du bilan hydrique, a permis une bonne valorisation du deuxième apport d’azote fin mars début avril, y compris en bio avec des fientes ou de la farine de plume. Elle peut pallier l’absence d’une pluie escomptée après apport et qui n’est pas venue. Il faut alors déclencher l’irrigation au plus tard dix jours après l’épandage. Cette logique peut aussi s’appliquer au troisième apport.
Sécuriser le rendement face au déficit hydrique
Les besoins en eau du blé augmentent rapidement du début de la montaison à la sortie dernière feuille et diminuent progressivement à partir du stade pâteux. En fonction du climat et de la réserve utile du sol, la pluie et l’irrigation devront couvrir, 8 années sur 10, de 1,5 à 2 mm/jour pour la plaine du Forez ou les graviers profonds de Bièvre et de la plaine de Lyon, et de 2 à 3 mm/jour pour les situations de la Drôme et les graviers de la plaine de l’Ain. Ces valeurs permettent, à l’avance, de caler un tour d’eau et une fréquence de retour. Le blé peut valoriser de 1 à 2,5 irrigations, en moyenne.
Yves Pousset, Arvalis-Institut du végétal
Les points clés à connaître
• Décider, dès le semis, les parcelles qui seront arrosées pour adapter le choix variétal (éviter les variétés sensibles à la moucheture ou à la verse par exemple).
• L’irrigation débute à partir de 2 nœuds pour le blé tendre et à 1-2 nœuds pour le blé dur, sauf si les apports d’azote n’ont pas été valorisés courant mars, auquel cas il faut une irrigation pour mettre l’engrais à disposition des cultures.
• Le blé est une culture qui s’implante tôt avec un enracinement profond, on peut apporter de 25 à 50 mm en une irrigation, en fonction de la nature du sol.
• L’irrigation peut sécuriser les rendements à un niveau élevé, il faut en tenir compte pour ajuster la dose totale d’azote et la dose au dernier apport (dilution possible qui peut faire baisser le taux de protéines).
• En cas de conflit d’usage, donner la priorité au blé dur sur le blé tendre.
• Disposer d’un outil de pilotage (sondes tensiomètriques, bilan hydrique…) pour déclencher au bon moment.
• Soigner sur les dernières irrigations le réglage du matériel pour éviter la verse (pression correcte au canon, changement de buse), attention au vent.
• Ne pas hésiter à différer légèrement le début de l’irrigation du maïs pour finir l’irrigation du blé les années difficiles.
• Cas particulier des blés durs : attention à ne pas arroser sur la fleur et ne reprendre l’irrigation que si le déficit est avéré (pilotage obligatoire) et par temps sec, sinon il y a une augmentation du risque de fusariose et surtout de moucheture.