En Drôme, une stratégie partenariale entoure l'agritourisme

En Drôme, « l'offre agritouristique est assez dense, riche, diverse. Plus de 1 000 fermes proposent des activités dans l'agritourisme : hébergement, restauration, accueil pédagogique ou de loisir, vente directe. C'est un atout mais l'offre est diffuse et assez peu lisible dans son exhaustivité par les touristes ». Ce sont des enseignements tirés d'un état des lieux dressé en 2016 par Nina Croizet, chargée de mission alimentation et tourisme à la chambre d'agriculture. Il en ressort aussi que « beaucoup d'acteurs accompagnent les agriculteurs dans le développement des activités d'agritourisme ». Et, ajoute la conseillère, « le potentiel de développement de ces activités est fort », les touristes appréciant les paysages, les terroirs de la Drôme.
La volonté de travailler ensemble
L'une des pistes d'actions proposées à l'issue de ce diagnostic a été de « mettre autour de la table tous les acteurs de l'agritourisme pour partager des moyens financiers, humains, des compétences ». Ils ont d'ailleurs affiché « une volonté commune claire de travailler tous ensemble ».
Un premier comité départemental de pilotage s'est tenu fin 2016 en vue de construire une stratégie multipartenariale pour l'agritourisme. Un comité co-piloté par la chambre d'agriculture, le conseil départemental et l'ADT (agence de développement touristique) associant aussi Bienvenue à la Ferme, Accueil Paysan, la FD Civam, les Parcs naturels régionaux du Vercors et des Baronnies provençales, des intercommunalités et offices de tourisme. Il se réunit une fois par an.
Avancées et retours d'expériences partagés
Des actions mutualisées ont été priorisées : mise en réseau des différents acteurs de l'agritourisme (deux à trois comités techniques par an), acquisition de références technico-économiques (pour mieux accompagner les projets et montrer l'intérêt de l'agritourisme sur le plan financier, social, valorisation du patrimoine), sensibilisation des agriculteurs.
« Dans les comités techniques, précise Nina Croizet, nous partageons l'avancée des actions. Mais aussi des retours d'expériences reproductibles sur d'autres territoires ». Pour l'instant, il y en a eu deux : l'identification des produits locaux sur les marchés de Valence Romans Agglo et le lancement en 2018 (à l'initiative de la chambre d'agriculture) d'un coffret de produits d'agriculteurs des Baronnies pouvant être réservé en même temps qu'un hébergement touristique.
15 portraits...
Parmi les premières actions mises en place figure le recueil de références technico-économiques sous la forme de quinze portraits d'agriculteurs (répartis sur le département) pratiquant l'agritourisme : cinq dans chacune des trois catégories d'activité (hébergement, restauration et accueil pédagogique ou de loisir). Ont été choisis des agriculteurs ayant du recul dans le métier (mais pas proches de la retraite), de tous les réseaux d'agritourisme (voire en dehors) et pouvant parrainer des jeunes. A la base de ces portraits : des entretiens réalisés par la chambre d'agriculture, Bienvenue à la ferme et la FD Civam. « On leur a demandé, explique Nina Croizet, de quand date leur projet, de quoi il est né, s'ils ont rencontré des difficultés, est-ce qu'ils se sont fait accompagner, le plus gros atout de leur activité, le meilleur et le plus mauvais souvenirs, les conseils qu'ils donneraient... Des questions très ouvertes pour avoir leur ressenti ». La deuxième partie de ces portraits renseigne sur plusieurs points : investissements financiers de départ, recettes de l'activité agritouristique des trois dernières années, coûts de fonctionnement, temps consacré, fréquentation (nombre de repas, nuitées...), surfaces nécessaires. Ces portraits sont en cours de mise en page sur des fiches dont la sortie est espérée à l'automne. Elles seront diffusées auprès des porteurs de projets, au Point accueil installation, lors des formations sur l'agritourisme. Mais aussi téléchargeables sur les sites internet des différents acteurs de l'agritourisme.
Une autre action est menée en parallèle : la réalisation d'un outil, sous forme de pochette et également électronique, destiné aux porteurs de projet regroupant des informations sur les réseaux d'agritourisme, les différentes activités possibles, le cheminement d'un projet (ses étapes), les formations existantes, les organismes ressources, des pistes de financement.
Annie Laurie
Point de vue / La vision de Sandrine Roussin, vice-présidente de la chambre d'agriculture de la Drôme, sur l'agritourisme et la stratégie départementale qui l'accompagne.« Chacun apporte sa pierre à l'édifice »
Elle considère que la stratégie départementale destinée à développer l'agritourisme dans la Drôme va dans le bon sens. « Dans cette démarche, tous les pôles de l'agritourisme sont représentés. Ils sont complémentaires. Chacun amène sa pierre à l'édifice. La convention signée en février dernier au Salon de l'agriculture entre le Département, l'ADT, la chambre d'agriculture, Bienvenue à la ferme, Accueil paysan et la FD Civam illustre bien notre volonté de travailler ensemble. »
Parmi les actions lancées dans ce cadre, Sandrine Roussin met en avant les fiches « portraits ». « Elles vont donner une photo de ce qu'est l'agritourisme dans la Drôme à travers 15 fermes de référence. Et elles fourniront des repères technico-économiques utiles pour aiguiller des porteurs de projet dans l'agritourisme. L'idée aussi, c'est que les 15 référents puissent parrainer des personnes, agriculteurs ou autres, voulant démarrer une activité dans ce domaine. »Propos recueillis par Annie Laurie
ADT : pour une cohérence départementale

Par ailleurs, l'ADT réfléchit à la création d'un site internet répertoriant toutes les exploitations ouvertes au public pour la vente directe, des visites et (ou) des hébergements touristiques. « L'idée est de valoriser l'agritourisme. Ce futur site devrait être relié au nôtre (www.ladrometourisme.com), indique Françoise Alazard. C'est un projet pour fin 2019-début 2020. » Aussi, elle invite les agriculteurs pratiquant l'agritourisme à se manifester auprès de la chambre d'agriculture, de l'ADT ou de leur office de tourisme pour faire connaître leur offre.Conseil départemental : une collaboration qui « va dans le bon sens »

Le site internet de l'ADT (www.ladrometourisme.com) est la preuve que le conseil départemental soutient le tourisme, dont l'agritourisme. On est à fond derrière tout ce qui contribue à leur développement et toutes les structures qui s'en occupent, la chambre d'agriculture, les services techniques du Département ainsi que les autres. La Drôme est touristique. Il faut en profiter pour faire découvrir son agriculture, ses productions conventionnelles et bio. »A. L.