Le foncier agricole convoité par des non-agriculteurs
Le 2 juillet, le syndicat Jeunes Agriculteurs de la Drôme (JA26) a invité le sous-préfet de Nyons, Philippe Nucho, à se rendre chez Yvan Jarnias, éleveur de bovins à Saint-Auban-sur-l’Ouvèze.

Depuis 2018, Yvan Jarnias est installé avec sa compagne et ses deux enfants à Saint-Auban-sur-l’Ouvèze sur la route du col de Peyruergue. Il recevait sur son exploitation ce vendredi 2 juillet le sous-préfet Philippe Nucho, ainsi que Véronique Chauvet, maire de la commune et Léa Lauzier, co-présidente des Jeunes Agriculteurs de la Drôme. Plusieurs adhérents du syndicat étaient également présents.
Un pari risqué mais relevé
Poursuivant à la sortie de ses études l’activité de ses parents, jardiniers-paysagistes sur Buis-les-Baronnies, Yvan Jarnias s’est ensuite orienté vers l’élevage bovin. Un pari qu’il a su relever avec aujourd’hui un cheptel de 31 vaches de race Aubrac et quelques-unes de race Angus, avec une production annuelle d’un veau par vache. Des vêlages facilités par la rusticité de ces races et la bonne santé des animaux vivant en plein air et pâturant sur les terres alentour. Les animaux destinés à la viande sont abattus aux abattoirs de Gap, découpés en boucherie à Séderon puis vendus aux particuliers. « Le marché en production ovine et caprine est plutôt saturé dans la région et ce choix original a semblé pour beaucoup un pari osé que nous continuons toujours à relever », affirme Amélie, la compagne de Yvan, elle-même ingénieur agronome. Le couple possède aussi des oliviers et des amandiers. L’acquisition de nouvelles terres pour des cultures fourragères et céréalières est l’un de leurs objectifs prioritaires pour tendre vers l’autonomie alimentaire de leur troupeau. « Plusieurs hectares sont en dormance depuis des années juste au-dessus de notre exploitation mais pas à la vente », ont-ils déploré.
Mieux réguler le marché du foncier
Car l’accès au foncier reste l’une des principales difficultés, notamment pour les jeunes s’installant hors cadre familial. En cause : l’extension des zones habitées mais aussi la cessation d’activité d’agriculteurs partant à la retraite sans successeur et dont les terres ne sont pas proposées à la location ou la vente pour de jeunes installés. En cas de vente la Safer*, sous tutelle des ministères des Finances et de l’Agriculture, régule le marché des terres agricoles, vérifiant leur usage et évitant la flambée des prix en donnant la priorité à l’installation de jeunes agriculteurs. Mais les Safer n’utilisent ce droit de préemption que dans moins de 10 % des cas. « La Safer est un bel outil mais il n’est plus adapté aux problématiques foncières actuelles », a souligné la co-présidente des JA26, Léa Lauzier. Un constat relayé par plusieurs autres agriculteurs désirant étendre leur activité, sécuriser leur production et aller vers l’autosuffisance en disposant à proximité de zones de pâture ou de culture. « Le retour des primes aux paysans retraités les incitant à céder à la location ou à la vente leurs terres aux jeunes agriculteurs serait une des solutions peut-être », a suggéré l’un des adhérents des JA26. Sur le secteur des Baronnies, de nombreux cas d’achat de terrains à des prix « non agricoles », destinés ensuite à d’autres activités que l’agriculture, provoquent la flambée des prix et mettent ces parcelles hors de portée des agriculteurs. Le sous-préfet a assuré les participants à cette rencontre de l’examen attentif de ces situations et du soutien des services de l’Etat sur ce sujet.
J. M P.
*Safer : société d’aménagement foncier et d’établissement rural.
