Le syndicalisme économique, ce nouveau levier créateur de valeur ajoutée
Le syndicalisme est aujourd'hui à l'initiative de nouveaux modèles économiques. Un terreau d'idées duquel émergent déjà un certain nombre de marques de producteurs et filières porteuses d'avenir, créatrices de valeur ajoutée. La FDSEA de l'Ain s'en est fait l'écho lors de sa grande « Journée du syndicalisme économique ».

En quelques années, le syndicalisme agricole a changé de visage, avec à la clé l'émergence de nouvelles formes d'actions syndicales, pragmatiques, adaptées aux évolutions sociétales, mais toujours, et plus que jamais, dans un seul et unique objectif : la juste rémunération des producteurs ! Au-delà de la défense pure et dure des intérêts de la profession, avec son lot légitime de manifestations lorsque le besoin s'en fait sentir, au-delà des coulisses de négociations souvent ardues avec les représentants de l'État, le réseau syndical de la FNSEA développe désormais des initiatives revendiquées et reconnues comme indispensables au développement économique. On appelle cela « le syndicalisme économique ». Afin de rendre compte concrètement de ce qui se fait et de ce qui peut servir d'exemple dans la France entière, la FDSEA de l'Ain organisait le 1er octobre dernier à Bourg-en-Bresse une journée dédiée : partage d'expériences, témoignages, réflexion et débats sur « Comment construire le projet, quels freins, opportunités, et stratégies d'avenir ». « Depuis la création récente de la marque Viande des Pays de l'Ain, nous avons été sollicités par plusieurs départements pour présenter notre démarche. L'intérêt suscité est fort mais la traduction en initiatives reste encore marginale. Le partage d'expériences est donc important pour la réussite d'un projet », souligne la FDSEA de l'Ain.
Imaginer« l'impossible », pour mieux briller demain
En préambule de cette journée, un accueil porté par l'optimisme d'Adrien Bourlez, président de la FDSEA de l'Ain, a donné le ton par des mots explicites porteurs d'espoir : « Nos structures, nos réseaux peuvent imaginer l'impossible, avec aussi le droit à l'échec. Cela nous permet de mettre en œuvre des initiatives qui peuvent peut-être paraître futiles aujourd'hui, mais qui brilleront demain. Porter des projets, c'est fédérer des hommes ! » Une journée qui a notamment mis en lumière quatre nouvelles marques innovantes propres à toucher le cœur du consommateur et à le fidéliser dans un acte de consommation réfléchi et juste pour tous les maillons de la filière : « Juste & Vendéen » (lait et miels), Éleveurs & Engagés (viande bovine de Charente-Maritime), la baguette de pain La Mayennette, et la marque Viande des Pays de l'Ain. Avec en toile de fond des débats et réflexions poussés sur le modèle économique à adopter dans ce type de projet (ainsi que la structuration juridique, cahier des charges, conditions de vente...), les retombées au niveau du réseau syndical, et les stratégies de développement commercial et de communication.
Patricia Flochon
Décryptage / Enjeux et perspectives
Selon Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA : « Les premiers dispositifs de la loi Egalim ont permis de casser la guerre des prix. Notre objectif est aujourd’hui de retrouver de la valeur. Seulement 13 % du revenu des ménages est consacré à l’alimentation, ça n’a jamais été aussi bas. En référence au dossier des producteurs de l’entreprise « Guilloteau » qui ont saisi la justice, nous avons des droits à faire valoir. Les EGA font partie de la batterie des outils à notre disposition ! Si l’on veut améliorer notre condition, ce n’est que par le prix que cela pourra se faire. Il est bon de continuer ce type d’initiatives ». Pour gagner cette bataille du pot de terre contre le pot de fer (face à la grande distribution), les producteurs ont un atout dans leur manche : la communication du producteur au consommateur, un « contrat de confiance » qui trouve un écho grandissant. Un atout à développer avec la participation directe des éleveurs pour défendre leurs marques, avec pour corollaire la nécessité de « justifier le prix affiché » et de démontrer la cohérence de sa construction. Toutes les initiatives ont un point commun, celui de « fédérer les agriculteurs », la fierté « d’appartenir à un groupe qui travaille dans le même sens », avec des retours positifs sur le plan syndical : un syndicalisme de solutions reconnu et qui attire de nouveaux membres, motivés et convaincus.Concernant la structuration juridique : le choix de la voie associative est perçu et assumée comme « la plus simple, la plus rapide et la moins coûteuse », pour ce type d’initiatives. Pour d’autres, c’est une SAS, à l’image de la Vendée qui leur a permis « de garder la propriété du produit jusqu’à la fin ».